Coordinateurs : Jean-Marie Guillouët et Christian Stein



Les sociétés humaines sont des sommes de communautés qui s’emboîtent ou se superposent de manière plus ou moins harmonieuse. La vocation de cet axe est de rassembler des travaux et projets consacrés à l’émergence et au fonctionnement de ces liens communautaires en tant qu’ils structurent des relations individuelles ou collectives de toutes natures et à toutes les échelles, cités, États, peuples, sectes religieuses, etc. L’ensemble de ces relations s’effectue également dans un cadre spatial qui est toujours organisé, monumentalisé ou élaboré imaginairement dans le but de construire, de soutenir ou de nier des identités et des mémoires collectives.
Plusieurs grandes directions seront particulièrement explorées en parallèle. Il y a d’abord celle des outils de la construction communautaire, puis celle des manifestations de cette dernière. Dans l’un et l’autre cas, les deux versants de ces constructions seront au cœur des travaux de l’axe 1 : les identités positives aussi dites choisies ou d’appartenance comme les identités négatives, contestées ou imposées. Enfin, ces questions ne pourront pas être posées sans que soient pris en considération les lourds et importants enjeux historiographiques charriés par les études historiques comme archéologiques et par les récits mobilisés pour raconter comme pour publiciser ces communautés.
Programmes et outils de l’axe « Élaboration du passé et constructions communautaires »
Le programme français du Corpus architecturae religiosae europeae (IV-X saec.) [CARE] – financé par l’ANR pour 2008-2011 – a tenu compte des impératifs fixés par l’ensemble des équipes des pays impliqués dans le vaste projet européen initié en 2002 par l’IRCLAMA de l’Université de Zagreb (Croatie). L’Italie, l’Espagne, la République Tchèque, la Slovaquie, la Pologne et la Croatie ont commencé depuis quatre à cinq ans les travaux préparatoires à cette ambitieuse entreprise ; la Hongrie s’est jointe en 2008 au groupe centre-européen ; le Benelux et l’Irlande ont amorcé leur corpus en 2009-2010 ; le Royaume Uni en 2012 et en 2017 l’Albanie travaillera avec le Kosovo et le Monténégro ; le Portugal, la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie sont intéressées. La Suisse, l’Allemagne, l’Autriche et la Slovénie où des inventaires complets ont été publiés très récemment participent depuis 2011 à l’alimentation de la base de données en ligne. Le travail le plus avancé pour la publication papier est celui des Italiens du Nord. Fort d’études de fouilles récentes, le corpus français a trouvé un rythme de croisière et des protocoles couvrant l’ensemble des édifices compris dans les diverses tranches chronologiques, en mettant l’accent sur les VIIe-VIIIe siècles plus difficiles à appréhender et les décennies très riches en monuments précédant ou suivant l’an Mil, mais aussi sur les évolutions des sites les plus anciens dans la longue durée.
C’est à la France qu’est revenue la tâche de mettre au point la base de données informatique en ligne que tous partageront (c’est notamment déjà le cas de l’Italie, de la Belgique, de la Croatie, de l’Irlande et du Royaume uni) après traductions en anglais et dans les langues choisies par les pays ou groupes de pays. Le Corpus d’informations textuelles et graphiques concernant chaque édifice connu est ainsi progressivement publié région par région sur ces bases de données en ligne à l’architecture commune, hébergées collectivement sur la ([www.huma-num.fr/ TGIR Huma-Num]). À terme, ce Corpus facilitera les travaux de comparaisons, les échanges et discussions, et ouvrira sur le Web à un très vaste public des pans peu connus de notre patrimoine et du patrimoine religieux européen antérieur à l’an Mil, en particulier pour les travaux archéologiques récents.
Le lancement du projet CARE à l’UMR 5594 du CNRS (Dijon), devenue depuis l’UMR 6298, date du 1er janvier 2008 après acceptation de l’Agence Nationale pour la Recherche, pour les 4 années 2008-2011. La collecte et l’analyse des données sur environ 2700 monuments se poursuit depuis et réunit actuellement plus de soixante chercheurs en poste dans une vingtaine d’universités, au sein de diverses institutions de recherche ou de gestion du patrimoine, ainsi que des archéologues de terrain, des étudiants en master, des doctorants et post-doctorants, des dessinateurs topographes, etc. Le développement de la base de données a été assuré par le Laboratoire Le2i de l’Université de Dijon et la cartographie par la MSH de Dijon.
Le projet vise à établir des fiches relatives aux édifices religieux au sens large – pas seulement des églises – ayant fait l’objet d’études archéologiques. L’objectif est d’arriver, par une sélection de champs à remplir qui décortiquent de manière analytique les vestiges, à faciliter les lectures comparées. Pour ce faire, une charte graphique a été établie pour la périodisation des phases de construction, encourageant comme la partie rédigée de chaque fiche des discussions critiques qui insistent sur la justification des datations proposées.
- Sabine Lefebvre, UBE/ARTEHIS
- Fabienne Creuzenet, UBE/ARTEHIS
- Arnaud Mounier, CNRS/ARTEHIS
- Viviane Raveneau, MuséoParc Alésia/ARTEHIS
- Lucas Aniceto, Institut Catholique de Paris
Plusieurs démarches ont été faites depuis le début du XXe siècle afin de rassembler et de recenser la documentation disponible sur Alésia. Un travail important de collecte, de description et de numérisation a été mené au début des années 2000 par Elisabeth Rabeisen. Les plans ont été classés et décrits par Albéric Olivier, puis numérisés par Jonhattan Vidal en 2010 (dans le cadre de sa thèse de doctorat).
La matière est importante : près de 20 m linéaires de textes et 8 m pour les photographies qui sont en cours de déménagement au MuséoParc Alésia ; mais aussi disséminée (fonds importants à Avignon ou en région parisienne). Il était important de songer à un projet scientifique permettant de rassembler toutes ces données et de les mettre à la disposition des chercheurs et du grand public.
Le projet CARDINAL (Carnets et documentation Inédite d’Alésia) est né d’un premier projet CARDO (Carnets de fouilles. La documentation archéologique immergée (1898-1986. Deux cas d’étude entre Gaule et Italie préromaine) initié par Olivier de Cazanove. De 2020 à 2023, une grande partie des carnets de fouilles et de la documentation annexe produite depuis le début du XXe siècle et jusque dans les années 1980 a été numérisée.
Fig. 1. Les archives de fouilles d’Alésia
Le laboratoire ARTEHIS a logiquement pris le relai en 2023. Lucas Aniceto, docteur et Viviane Raveneau ont accepté de poursuivre l’aventure dans le cadre de CARDINAL, auprès de Fabienne Creuzenet et de moi-même. Le programme a été financé à hauteur de 20 000 euros par la DRAC de Bourgogne-Franche-Comté. Après la première phase de recensement et traitement menée dans le cadre de CARDO, il était désormais impératif de réunir virtuellement cette documentation, d’en assurer la pérennité et de la rendre accessible à tous. La visée finale du projet est la mise en ligne et la libre consultation de l’ensemble de cette documentation manuscrite, graphique et photographique produite entre 1905 et 1990. La mise à disposition du grand public et des chercheurs est évidemment le but de CARDO puis de CARDINAL : aujourd’hui, de plus en plus de travaux historiographiques sont menés dans le cadre de masters voire de thèses. La documentation numérisée pourra aider à alimenter ces travaux de recherche.
Fig. 2. Numériser, transcrire, éditer : le cycle de vie des projets CARDO-CARDINAL
L’enjeu est donc la construction d’une bibliothèque numérique des archives d’Alésia. Le choix s’est porté sur la plateforme d’édition open-source Omeka-S, qui offre une grande liberté dans la création d’un portail de consultation, d’exposition et de mise en valeur de ressources textuelles et iconographiques. L’élaboration en 2024 d’un cahier des charges a permis de définir précisément les besoins et fonctionnalités nécessaires à ce développement, en tenant compte des « bonnes pratiques » numériques pour la diffusion des données de la recherche, mais aussi les standards de qualité d’un site internet (adaptation aux différents écrans, optimisation du référencement) ainsi que les normes d’accessibilité, notamment pour le handicap visuel.
Le financement obtenu a permis la collaboration avec la société de développement numérique Biblibre pour l’élaboration du site Web, actuellement en phase de préproduction.
L’instance sera à terme hébergée sur les serveurs de l’IR* Huma-Num (CNRS), où sont déposées les données numérisées elles-mêmes (enrichies de métadonnées et stockées dans l’entrepôt de données Nakala). L’arrivée d’Arnaud Mounier, qui a été impliqué tout de suite dans le projet, offre un appui informatique supplémentaire.
Cette documentation sera pleinement exploitable par le MuséoParc Alésia pour enrichir la documentation des collections et les parcours muséographiques. Elle contribuera notamment à la critique d’authenticité et au programme de restauration et de valorisation du site d’Alésia auprès du grand public.
Fig. 3. La transcription des données manuscrites est au cœur des projets CARDO-CARDINAL
Cette documentation sera pleinement exploitable par le MuséoParc Alésia pour enrichir la documentation des collections et les parcours muséographiques. Elle contribuera notamment à la critique d’authenticité et au programme de restauration et de valorisation du site d’Alésia auprès du grand public.
Fig. 4. La Bibliothèque numérique des archives d’Alésia en pré-production.
Le Dictionnaire topographique de la France est une entreprise éditoriale et scientifique lancée au XIXe siècle par le Comité des Travaux historiques et scientifiques (CTHS), visant à rassembler l’ensemble des noms de lieux anciens et modernes de la France entière. Forte de trente-cinq volumes départementaux, la collection qui en est issue, publiée par le CTHS, fait depuis 2009 l’objet d’un projet de réédition électronique visant à en rendre progressivement accessible l’ensemble des données.
Ce programme national est animé par le Comité des travaux historiques et scientifiques avec le concours de l’UMR 6298 ARTEHIS de Dijon, de l’Ecole nationale des Chartes, du Centre d’Onomastique des Archives nationales et de la MSH de Dijon. Il est soutenu par le Service interministériel des Archives de France (SIAF).
Une équipe pluridisciplinaire a été constituée, rassemblant latinistes et historiens :
- Coudry Marianne, Université de Haute-Alsace, UMR 7044 ARCHIMEDE ;
- Cogitore Isabelle, Université Grenoble Alpes, UMR 5316 Litt&Arts-Translatio ;
- De Giorgio Jean-Pierre, Université de Clermont Ferrand, EA 4280 CELIS ;
- Lefebvre Sabine, Université de Bourgogne-Franche-Comté, UMR 6298 ARTEHIS ;
- Wyler Stéphanie, Université de Paris Diderot-USPC, UMR 8210 ANHIMA.
Axe thématique d’ARTEHIS de rattachement : CORPUS
Participant(s) d’ARTEHIS : S. Lefebvre
Durée : 2016-2020
Résumé : /
Membres de l’équipe
- Abert Franck Barbier
- Barbet-Massin Dominique
- Bardey David
- Josiane Bardey
- Baudry Georgie
- Büttner Stéphane
- David Belot Antoine
- Bully Aurelia
- Clouzot Martine
- Deflou-Leca Noëlle
- Dubuc Cécile
- Duval Colin
- Frénéat Adrien
- Gasse-Grandjean Marie-José
- Guillouet Jean-Marie
- Janin Marie-Anaïs
- Jouquand Maïwenn
- König Gaëtan
- Kossmann Perrine
- Lefebvre Sabine
- Lesmesle Bruno
- Londiveau Gaël
- Mastrorosa Ida Gilda
- Mercuri Laurence
- Montagné Geoffroy
- Mouillebouche Hervé
- Rehbi Oussama
- Rameau Bapstiste
- Stein Christian
- Tabbagh Vincent
- Thabarant Bernie
- Vincent Marion