Responsable : E. Gaugé, Sra, Drac Grand Est
Equipe : outre les bénévoles, le projet associe E. Wermuth, L. Poupon, A. Berthon, C. Duval (Eveha), P. Testard et A. Louis (Inrap), V. Legros (Sra, Drac Hauts-de-France)
Dates de chantier : 26 juin au 7 juillet 2023
Financement : DRAC Grand Est
Cette campagne de fouille (ouverture de 80 m²) succède à une campagne de prospections géophysiques réalisées en 2021 et à un premier sondage en 2022. Ce dernier a permis de vérifier la conservation des vestiges et l’amplitude stratigraphique. Il a livré plusieurs occupations depuis les XIVe-XVe siècles jusque l’époque contemporaine.
La campagne 2023 considère une de ces occupations, la plus ancienne repérée au sein du sondage. Elle est composée d’un premier bâtiment, dont témoignent deux murs parallèles et plusieurs niveaux d’occupation. Ces deux murs gouttereaux sont de belle facture et sont associés à un premier niveau de circulation posé directement sur les fondations et qui réutilise des carreaux de pavement des XIIIe et XIVe siècles (Fig. 1). Ils présentent un fort pendage vers le centre de l’emprise, dû à la fois au creusement plus tardif de sépultures mais aussi au substrat alluvionaire gorgé d’eau.
À ce souci, semble avoir été trouvée une solution à travers l’installation de drains en terre cuite qui mènent à une fosse récupérant ces eaux. Ces drains sont recouverts d’un autre pavage qui témoigne de la continuité d’occupation de la pièce. La construction de cette dernière est postérieure au XIVe siècle puisque les carreaux ne sont pas dans leur disposition d’origine. La salle a vraisemblablement été abandonnée au milieu du XVIIe siècle. L’indigence du mobilier et l’absence de structures caractéristiques (banquettes, cheminée…) ne permettent pas de proposer de fonction pour cet espace.
Le mur oriental de ce bâtiment est repris lors de la construction d’un autre édifice au cours du XVIe siècle alors que le premier est encore en élévation. Il sert de mur occidental à un bâtiment de très grande envergure se développant vers l’est. Un escalier entre deux murs de refend permettait probablement le passage entre ces deux bâtiments.
La zone est ensuite abandonnée et sert à l’ensevelissement de quelques sépultures. La population découverte, deux hommes, une femme, un individu non déterminé avec un péri-natal et deux enfants est représentative d’une population de cimetière paroissial, même si la faible quantité de sépultures ne le confirme pas. Leur présence peut supposer que l’église ancienne est à proximité. Cette hypothèse d’un premier bâtiment de culte à proximité de l’église du XVIIIe siècle a d’ailleurs été évoquée dès l’année passée mais n’a pu encore être vérifiée.
L’étude des plans anciens a conduit à implanter la fouille au sein de l’église du XVIIIe siècle, en supposant qu’elle reprenait l’emplacement du premier édifice de culte. Quatre supports de pilier et un mur gouttereau combinés au mur d’abside découvert l’année dernière permettent de confirmer cette position au centre de l’édifice moderne (Fig. 2). L’an passé, nous avions identifié un mur ancien servant de fondation au gouttereau sud de l’église du XVIIIe. Il a été à nouveau retrouvé cette année plus à l’est. Nous supposons qu’il pourrait s’agir de la reprise d’un mur de l’église ancienne lors de la construction moderne. L’église primitive pourrait alors se situer immédiatement au sud du cloître du XVIIIe siècle.
Le sondage de l’année prochaine, s’il est autorisé, sera destiné à vérifier la présence du premier bâtiment de culte juste au sud de l’église moderne.