Responsable : Annie Dumont (Ministère Culture-DRASSM et UMR6298 ARTEHIS)
Intervenants : Philippe Moyat (ETSMC, UMR6298) : responsable hyperbare, photographie et traitement 3D ; Carole Vélien (contractuelle) : étude du mobilier céramique et métallique ; Archéologues-plongeurs : Duncan Le Cornu, Morgane Cayre, Claire Touzel ; Aide bénévole à terre : Jean-Pierre Vérot
Financement : Ministère de la Culture (SRA Bourgogne et DRASSM), Région Bourgogne (reliquat PARI 2013), BQR Pres (Universités Bourgogne et Franche-Comté). Aide de la mairie de Saunières.
La campagne de fouille 2014, première de l’opération triannuelle, a permis de poursuivre le dégagement, le relevé et l’étude de la coque du forain, le plus petit des deux bateaux ayant supporté le moulin flottant (voir résumé 2013). Les cinq premiers mètres, soit près de la moitié, avaient été dégagés en 2012, et il était prévu de le dégager entièrement en 2014. Le fort pendage de l’épave, la découverte sur l’arrière d’un arbre complet de grande dimension, et l’arrivée d’une crue en fin de chantier n’ont pas permis d’atteindre complètement cet objectif. Cependant, à l’issue de cette campagne, on dispose des principales caractéristiques architecturales du bateau.
Ce forain est un bateau à fond plat, constituée de planches en chêne assemblées à franc-bord, étanchéifiées par un calfatage à la mousse végétale, et renforcé par des membrures clouées et chevillées. Il s’inscrit dans un schéma de construction bien connu sur tous les cours d’eau européens, et sur la Saône en particulier, même s’il présente quelques particularités ou différences (voir par exemple l’épave de Saint-Marcel sur la Saône, ou l’épave XVIIIe s. du parking Saint-Georges à Lyon).
D’un point de vue méthodologique, la restitution en 3 D de l’épave a été réalisée selon le processus suivant : les bois constituant l’épave ont été numérotés au fur et à mesure de leur dégagement. Certaines parties de la coque ont fait l’objet d’un dessin classique, ou d’un croquis annoté, sur planchette PVC (coupes des renforts transversaux notamment), d’autres, présentant un caractère ponctuel, comme les réparations, ont été photographiées afin ensuite, d’être redessinées en DAO ; enfin, les points de jonctions des différents bois, les éléments principaux de l’épave, ont été relevés en x, y, z. Ces cotes ont ensuite été intégrées dans le logiciel VectorWorks, puis exportées dans le logiciel de traitement 3D Sketchup, d’où sont extraites la plupart des vues. En 2014, nous avions comme objectif de réaliser également une couverture photographique intégrale de la coque, avec des repères, afin de traiter ces photos dans le logiciel de restitution 3D Photoscan. Cependant, les mauvaises conditions de visibilité que nous avons connues en juin, liées à la montée très rapide de la température de l’eau, n’ont pas permis de réaliser ce travail.
Les analyses radiocarbone effectuées au cours des campagnes précédentes sur les pieux (1435-1631 ; 1450-1640 ; 1480-1650) et sur l’épave du forain (1460-1640) plaçaient cet ensemble cohérent dans la fourchette XVe-XVIIe siècle. L’analyse de l’abondant mobilier céramique présent aux abords immédiats du moulin, en surface des sédiments ou à l’intérieur des deux coques tend à préciser cette datation entre la fin du XVIe siècle et le tout début du XVIIe siècle. Parmi les objets métalliques découverts en 2014, on compte des appes (agrafes), de tailles différentes, détachées de la coque. Deux nouveaux outils viennent compléter la série déjà collectée : il s’agit d’une serpette et d’une hache de charpentier appelée doloire ou épaule de mouton, dont la douille est facettée et décorée d’une estampille. Enfin, la coque du forain, dans laquelle on avait découvert, en 2012, deux récipients métalliques (un pichet en étain et une marmite en fonte) ainsi que des balances romaines bloqués contre la membrure 5, a livré cette année trois nouveaux récipients métalliques. Une écuelle en étain et deux marmites en fonte se trouvaient contre la membrure 7.