Journée d’étude Dokima – Appel à communication – Interroger la matière des sources : une approche partagée ?
Journée d’étude Dokima – Appel à communication
Interroger la matière des sources : une approche partagée ?
28 avril 2023, Maison des Sciences de l’Homme de Dijon
Depuis les années 1980, plusieurs disciplines – archéologie, histoire et histoire de l’art, entre autres – participent de façon plus ou moins évidente à la considération matérielle et technique des sources. La réception de cette approche, de ce « tournant matériel » (materiality turn), invite les chercheurs à considérer ces dernières comme des objets d’études en tant que tels. Aussi, les notions de « culture matérielle » et de « chaîne opératoire » sont des récurrences en archéologie, et la matérialité physique des documents dans les sciences historiques s’est pleinement affirmée. Nous nous questionnons sur la place réelle de cette considération matérielle dans le discours scientifique.
L’artisanat ou la part technique des sources est une clef indispensable de leur caractérisation et de leur classification. La nature et la matière de ces supports matériels, qu’ils soient graphiques, photographiques, lithiques, numismatiques ou encore céramiques, sont appréhendées par des approches nombreuses et souvent complémentaires : archéologie expérimentale, restauration, bibliographie matérielle, analyse par des procédés physico-chimiques etc… Des exemples précis seront sollicités pour préciser ces usages. La considération des « techniciens, petites mains et autres travailleurs invisibles », producteurs de nos sources, est une piste novatrice.
Dans les faits, le contact direct avec les documents peut varier considérablement selon ses caractéristiques techniques. Il peut être plus ou moins accessible et manipulable, numérisé ou exposé, dans une collection privée ou publique, et l’ensemble de ces spécificités pratiques influent très concrètement sur la production savante. En d’autres termes, nos données sont indissociables et tributaires de la nature tangible de nos sources. De quelles manières ces caractéristiques techniques influencent-elles la production des données ? Et quels sont les apports possibles de cette considération matérielle ? Peut-elle s’étendre à d’autres sources, à l’instar de la stratigraphie ou de l’architecture ?
Aujourd’hui, les outils informatiques permettent la production d’objets numériques ou de sources dématérialisées. Les modélisations 3D, ou les photographies très spécifiques d’œuvres d’art par exemple, permettent de s’éloigner physiquement de l’objet et révèlent aussi des caractéristiques techniques inattendues. Quelles sont les conséquences de ces approches sur l’appréhension matérielle de nos objets d’études ?
Surtout, quelles sont les convergences possibles entre pratiques savantes d’archéologues, d’historiens et d’historiens de l’art ? L’appel est adressé spécialement aux doctorants. Des propositions très diverses sont également attendues, y compris hors du cadre universitaire, avec la présence souhaitée d’acteurs des musées, des archives, des bibliothèques par exemples. Cette journée d’étude libre et non circonscrite à un seul domaine, est l’occasion de confronter notre regard sur la matérialité de nos sources, et d’évoquer, de façon peut-être moins formelle, la pratique quotidienne de la recherche.
BERT Jean-François et LAMY Jérôme, Voir les savoirs. Lieux, objets et gestes de la science, Anamosa, Paris, 2021, 427 p. ■ DEMOULE et al., Guide des méthodes de l’archéologie, La découverte, Paris, 2020, 336 p. ■ LETHUILLIER Jean-Pierre, « Sources matérielles », dans GAUVARD Claude et SIRINELLI Jean-François (dir.), Dictionnaire de l’historien, PUF, Paris, 2015, p. 660-662. ■ LEROI-GOURHAN André, Le geste et la parole, Albin Michel éditions, Paris, 2 tomes (première édition 1964). ■ MARTIN Philippe (dir.), « Varryation », gens du livre, marroneurs et bibliothécaires, presses de l’enssib, Lyon, 2020, 248 p. ■ MOHEN Jean-Pierre, L’Art et la Science. L’esprit des chefs-d’œuvre, Éditions Gallimard, Paris, 2008, 160 p. ■ WAQUET Françoise, Dans les coulisses de la science. Techniciens, petites mains et autres travailleurs invisibles, CNRS Éditions, Paris, 2022, 346 p.
Organisateurs :
Dokima est un groupe de doctorants de l’université de Bourgogne – Franche-Comté dont l’une des activités est d’organiser des journées d’étude, séminaires et d’autres activités scientifiques. Les organisateurs de la journée sont tous membres de Dokima et doctorants au laboratoire ARTEHIS :
Adrien Frénéat : doctorant à l’université de Bourgogne avec un sujet de thèse portant sur Ernest Chantre (1843-1924) et la Protohistoire européenne.
Gaëtan Koenig : doctorant à l’université de Bourgogne avec un sujet de thèse portant sur l’étude des systèmes d’entrée des châteaux, maisons-fortes et de villes en Bourgogne.
Mégane Mignot : doctorante à l’université de Bourgogne avec un sujet de thèse portant sur l’étude géoarchéologique du territoire de Vix de la Protohistoire à nos jours.
Modalités de l’appel :
Date limite de remise des titres et propositions d’intervention le 13 février par courriel à Adrien.Freneat@u-bourgogne.fr.
Les propositions de communication comprendront un texte de 1500 signes maximum, incluant un titre et un résumé. Nous vous prions d’indiquer également vos noms, coordonnées, université ou institution de rattachement. Chaque intervention devra durer une vingtaine de minutes. Les réponses du comité d’organisation et du comité scientifique seront données le 28 février au plus tard.
Les organisateurs assureront le déjeuner pour les communicants (buffet froid), tandis que les frais de transport et d’hébergement seront à la charge des participants. La retransmission de la journée en visioconférence n’est pas prévue.