Depuis 2020, des recherches sont en cours à l’est du village de Fleurey-sur-Ouche, le long du chemin menant à Velars-sur-Ouche et à proximité de la rivière ; elles visent à compléter les données récoltées dans le cadre préventif sur la configuration du village et son évolution au cours du Moyen Âge et de l’Époque moderne.
Plusieurs maçonneries en élévation sont observables sous le couvert forestier (fig-1), à 1,3 km du village. Ces maçonneries avaient fait l’objet d’observations préalables par des membres de l’Association Histoire et Patrimoine de Fleurey-sur-Ouche (HIPAF). Le tracé de ces murs (courbes pour certains) est conservé dans la forme particulière du morcellement cadastral observable sur le plan de 1812.
La toponymie nous incite à penser qu’il s’agit de vestiges de murs liés à la présence d’une léproserie, attestée dans les sources archivistiques à la fin du XIIIe siècle et au XVe siècle. Le site se situe en effet à proximité immédiate de la « Combe Maladière ». Le positionnement des vestiges par rapport au bourg de Fleurey est également tout à fait compatible avec cette hypothèse : les établissements accueillant des lépreux se devaient en effet d’être éloignés des villages afin de ne pas propager la maladie, mais le long des voies de passage dans le but de pouvoir récolter l’aumône.
Il est fort probable que les murs actuellement en élévation soient liés à des structures agropastorales récentes mais qu’elles résultent du démantèlement des bâtiments de la léproserie abandonnée à la fin du Moyen Âge.
Les sondages effectués en 2022 nous avaient permis de confirmer la fréquentation des lieux entre le XIIIe et le XIVe siècle, grâce à la présence de céramique, d’éléments de décors vestimentaires métalliques et de clous mais aussi déchets fauniques, dans un ratio de densité important compte-tenu de l’étroitesse des fenêtres d’investigation.
En 2023, une équipe, composée d’étudiants et de membres de l’HIPAF, a ouvert plusieurs autres sondages (fig-2), qui ont permis de compléter les informations sur l’occupation des lieux. De nombreux artefacts ont à nouveau été trouvés, fixant la chronologie établie (fig-3). La découverte majeure de cette dernière campagne est la mise au jour, à quelques centimètres de profondeur, d’une maçonnerie de belle facture, en lien avec les niveaux datés du bas Moyen Âge, qui laisse présager la bonne conservation de certains bâtiments de la léproserie, malgré la récupération des matériaux.
Ces recherches, qui sont financées par le SRA de Bourgogne-Franche-Comté et soutenues par l’Inrap par l’octroi de jours/hommes, mobilisent plusieurs chercheurs de l’UMR, parmi lesquels Georgie Baudry, Anne-Lise Bugnon et Caroline Lachiche.
Ce programme est une occasion unique de documenter l’histoire d’un établissement de soin et de relégation, dont peu d’exemplaires ont été abordés jusqu’à présent par le biais de l’archéologie.
Gaëlle Pertuisot