Resp. : Ph. Barral, F. Ferreira, M. Glaus, Y. Goubin, M. Joly, Y. Labaune (coord.), P. Nouvel, M. Thivet
Le complexe antique suburbain de La Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) est situé à quelques encablures de l’enceinte d’Augustodunum, à la confluence entre les rivières Arroux et Ternin. Il est l’objet d’un projet collectif de recherches qui a démarré en 2012 et qui bénéficie du soutien de la DRAC, de la ville d’Autun, de l’Inrap et de Bibracte. Il repose sur une collaboration scientifique qui associe plus particulièrement deux équipes universitaires / CNRS (Université de Franche-Comté – UMR 6249 Chrono-environnement, Université Paris-Sorbonne – UMR7919 Orient et Méditerranée) et le service archéologique d’Autun.
Ce programme cherche à répondre à quelques questions essentielles :
Quel rôle le substrat d’occupation pré-protohistorique joue-t-il dans la genèse du complexe antique ?
Suivant quels rythmes et selon quelles modalités le complexe antique se développe-t-il et s’organise-t-il ?
Quelle est la part des facteurs naturels (notamment de la dynamique de la plaine alluviale) et des transformations humaines dans cette organisation ?
Quels liens fonctionnels le complexe suburbain entretient-il avec la ville intra-muros ?
Le temple de Janus (resp. M. Joly, Ph. Barral)
Les fouilles menées depuis 2013 ont principalement concerné l’espace situé à l’est de la tour conservée en élévation, où se situait le dispositif d’entrée à l’époque antique.
Elles ont montré la présence de vestiges d’occupation laténienne, c’est-à-dire de la fin de l’époque gauloise, contemporains de Bibracte et antérieurs à la fondation de la ville romaine d’Augustodunum. Ils suggèrent la présence d’un lieu de culte pré-romain, dont l’aspect reste difficile à préciser dans l’état actuel des recherches.
Il semblerait que les éléments structurants principaux dans l’organisation du sanctuaire se mettent en place à une date précoce, contemporaine des premières occupations d’Autun, et soient pérennisés par la suite.
Un premier temple entouré d’une galerie périphérique (péribole) délimitant l’espace sacré est construit dans les années 50 ap. J.-C. Sa durée de vie semble plutôt courte puisque quelques décennies plus tard (vers la fin du Ier s. ou le début du second) un second temple, plus grand, est reconstruit. Il comporte semble-t-il de grandes similitudes avec le précédant : les vestiges de sa tour centrale sont ceux que nous pouvons encore apercevoir.
Ce grand temple apparaît ainsi enfermé dans un espace clos interne très étroit de 60 m de long par 40 m de large, où prennent place de surcroît différents bâtiments annexes.
La fréquentation cesse vers les années 250.
Le site est réoccupé à l’époque médiévale aux alentours de l’An Mil (XIe-XIIe s. ?) : un large fossé est creusé autour de la tour centrale du temple, utilisée de manière opportune comme fortification, ce qui a certainement permis sa conservation. Les fossés sont comblés et la tour très certainement abandonnée à la fin du Moyen-Age.
Enfin, la fouille a également montré la présence d’un bâtiment de la fin du Moyen-Age, construit sur sous-sol, muni d’une forge. Il s’agit probablement d’un petit établissement rural.
Le théâtre du Haut du Verger (resp. F. Ferreira)
Présentation générale
Le monument visible est construit sur un premier espace monumental pour lequel nous n’avons que quelques indices mais aucune identification n’est possible. S’agit-il d’un autre théâtre ? (construction dans la première moitié du Ier siècle pour ce monument inconnu).
Un premier « petit » théâtre d’environ 70-80 m de diamètre est construit entre 50-80 après J.-C.
Entre la fin du Ier siècle et le début du IIe siècle, il est agrandi (116m de diamètre) et prend un caractère très monumental avec des nouvelles entrées notamment. Au début du IIIe siècle de nouveaux espaces d’accueil, montrant un lien très net avec le temple de Janus, sont construits.
Les découvertes de 2016
Les parties inférieures du théâtre ont été dégagés pour la première fois, ce qui nous a permis de raisonner sur son élévation et son plan de façon générale. Les structures observées offrent un excellent état de conservation. Le théâtre bénéficiait de rangs de gradins inférieurs pour les notables de la ville d’Autun, ce qui explique leur embellissement et leur réorganisation à une date indéterminée. On perçoit une gestion organisée des eaux pluviales, par la présence d’une canalisation.
Comme dans la plupart des grands monuments publics, on ne retrouve que très peu de mobilier archéologique, ces édifices font l’objet d’un « nettoyage systématique » et les matériaux sont récupérés dès l’Antiquité.
L’étude du théâtre d’Autun confirme le « haut-standing » de vie qui était offert par les élites à l’ensemble de la population et Autun constitue un des rares exemples de ville où l’on retrouve deux fois le même type d’édifice de spectacle.
Le quartier artisanal (resp. M. Thivet)
Les résultats cumulés des prospections géophysiques et des sondages ciblés réalisés depuis 2012 en périphérie des édifices monumentaux attestent du développement vers l’ouest d’un vaste quartier d’artisans inédit à la Genetoye. Les opérations de 2013 et 2014 avaient permis d’une part, d’obtenir une première image de la structuration spatiale du quartier, et d’autre part, de confirmer la présence de plusieurs ateliers de potiers au sein de ce vaste quartier artisanal. La production semblait alors majoritairement orientée vers les services à boire et les figurines en terre cuite blanche, malgré quelques indices ténus de métallurgie. D’un point de vue spatial, la limite Est du quartier (seul secteur sondé) apparait bordée d’un ensemble de bâtiments implantés le long d’un axe Nord-Sud permettant de relier le théâtre au temple de Janus.
La fouille réalisée en 2016, centrée sur un de ces bâtiments, a permis de confirmer la relation étroite qu’entretiennent ces édifices avec le quartier artisanal proche et dont la fonction pourrait correspondre à un ensemble de « boutiques/ateliers » destinés à la commercialisation d’une parties des productions. Parallèlement, la présence cette année de plusieurs témoins de métallurgie du bronze confirme la présence d’artisanats mixtes à la Genetoye.
D’un pont de vue chronologique, s’il est désormais possible d’attester de la fondation précoce (durant la première moitié du Ier s.) du quartier, l’important arasement des vestiges ayant détruit les occupations les plus récentes, nous ne disposons que de peu d’indices sur les phases d’abandon. Néanmoins les quelques observations réalisées en 2013 sur ces niveaux, conservés sous la démolition du théâtre, situe l’abandon définitif du quartier artisanal de la Genetoye vers le milieu du IIIe s.