Autun (Saône-et-Loire) : le temple dit de Janus- Campagne 2018

Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la préhistoire au Moyen-Age / Campagne de fouille 2018 du temple dit de Janus

Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
Responsables scientifiques de la fouille : Philippe Barral (Université de Franche-Comté, UMR 6249 Chrono-environnement), Martine Joly (Université de Toulouse, UMR 5608 Traces)
Principaux participants en 2018 : Rafaëlle Algoud (Université de Toulouse, étude céramologique) ; Valentin Chevassu (Université Bourgogne-Franche-Comté), responsable époque médiévale ; Nicolas Delferrière (Université Bourgogne-Franche-Comté), étude des enduits peints ; Matthias Glaus, architecte antique (Archeotec Lausanne), Stéphane Izri (étude des monnaies) ; Matthieu Thivet (UMR 6249 Chrono-environnement, Besançon), prospection radar ; Christelle Sanchez (UMR 6249 Chrono-environnement, Besançon), prospection radar ; Quentin Verriez (EPCC Bibracte, MSHE Ledoux Besançon), couverture photogrammétrique drone.
Dates du chantier : 23 juillet au 17 août 2018
Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun.

L’intervention à l’intérieur de la cella du grand temple, qui constitue le centre géométrique du sanctuaire sur toute la durée de l’occupation a fourni des données très substantielles sur les occupations antérieures au Moyen-âge, notamment celles relevant de l’époque laténienne, compte tenu de l’excellent état de conservation des preistoireantvestiges. Un sondage réalisé à l’extérieur de la tour centrale, bien qu’exigu, complète quant à lui avantageusement notre connaissance des données planimétriques de l’état 2.

En revanche, aucun vestige significatif postérieur à la fin du IIIe siècle n’a été détecté sur les deux fenêtres d’intervention, susceptible notamment de préciser les modalités de réoccupation de la tour centrale à la période médiévale.

Les données concernant l’occupation laténienne du site (état 0) sont particulièrement importantes. En effet, sur la base des résultats des campagnes précédentes, il était possible d’avancer l’existence d’un lieu de culte gaulois faiblement aménagé, sans structures architecturales conséquentes, illustré par des pratiques de dépôt de micro-vases et de monnaies, en faible nombre, et de quelques rares autres objets (fibules, fragments de bracelets). La campagne 2018 a démontré que cette image était erronée et qu’il existait bien un sanctuaire construit, dont les vestiges enfouis sous la cella du grand temple correspondent à deux bâtiments successifs en architecture de terre et bois, volontairement incendiés. Le fait que les objets manifestement déposés matérialisent une aire de dispersion localisée immédiatement à l’est du mur de la cella du grand temple suggère la possibilité que cette dispersion soit associée à une ouverture des bâtiments située côté est.

La datation de ces deux bâtiments reste vague, en l’absence de mobilier datant. Il faudra attendre les résultats de datations archéométriques pour en savoir plus. On peut toutefois préciser que la construction du tronc monétaire de l’état 1, auquel est associé un corpus d’une quarantaine de monnaies, qui se constitue à partir des années 40/30 av. J.-C., fournit un terminus ante quem pour l’abandon du bâtiment le plus tardif.

La découverte du tronc monétaire précédemment cité constitue une découverte majeure de la campagne 2018. Il s’agit en effet d’un des très rares exemples en Gaule illustrant ce type de structure, destiné à rassembler des offrandes monétaires de faible valeur. Son mode de construction qui met en œuvre la pierre sèche (non équarrie), le bois, sous forme de madriers, et la terre, l’inscrit pleinement dans la physionomie architecturale de l’état 1, période d’occupation augusto-tibérienne, renseignée par des données très lacunaires lors des campagnes précédentes. Il ne restait aucune trace du bâti associé à ce tronc dans la fenêtre d’intervention, qui est localisé hors emprise de la fouille ou bien arasé entièrement lors de la construction du sanctuaire de l’état 2.

La cella du temple de l’état 2 (second tiers du Ier s.) a également été retrouvée sous la cella conservée en élévation. Le sol en parfait état de conservation est constitué d’un béton réalisé à partir de fragments d’amphores dont la surface est rehaussée de rouge. Le tracé du mur occidental de la cella, conservé à l’état de lambeau, a pu être précisé. Le temple est entouré d’un péribole périphérique dont l’angle sud-ouest a été découvert dans le sondage extérieur.

L’état 3 (construction vers 70), correspond au sanctuaire à péribole et galerie périphériques associé à la cella du temple encore partiellement en élévation, a pu être subdivisé. Dans un premier temps l’intérieur de la cella comporte un sol pavé de dalles de calcaire de plein pied par rapport à la galerie périphérique. Il n’en reste que le mortier de pose en mortier de tuileau dans lequel se dessinent les négatifs des dalles récupérées dès la période antique. Les soubassements maçonnés d’un dispositif à usage indéterminé particulièrement massif (piédestal ?), déjà repérés au XIXe s. par J.-G. Bulliot lors de ses investigations, ont été découverts. Par la suite, le sol de circulation de la cella est significativement rehaussé, travaux qui s’accompagnent d’une reprise en profondeur du bâti de la tour centrale et de la construction d’un escalier monumental dont les fondations ont été mise en évidence par le passé. Les indices font cependant défaut et l’archéométrie sera convoqué afin de préciser, là aussi, la chronologie.

Malheureusement les horizons de l’époque médiévale ont été intégralement écrêtés, peut-être par les investigations de J.-G. Bulliot, voire plus vraisemblablement à date plus ancienne. La datation de l’état médiéval 1, caractérisé par la présence d’un fossé d’enceinte et de structures associées correspondant à un encastellement de la cella du grand temple, actuellement comprise entre le XIe et le XIIIe s. sera difficile à préciser.

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