Autun (Saône-et-Loire) : quartier artisanal – campagne 2018
Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la préhistoire au Moyen-Age / Campagne de fouille 2018 du quartier artisanal
Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
Responsable scientifique de la fouille : Stéphane Alix (Inrap, UMR 6249 Chrono-environnement)
Principaux participants : Marie-Noëlle Pascal (Inrap), Co-directionLoïc Androuin (Université de Bourgogne) / coroplastieFrançois, Blondel (docteur, UMR 6298 artehis), dendrochronologie / xylologie, Laure Cassagnes (Université Panthéon-Sorbonne)/ instrumentum, Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)/ encadrement, Claude Malagoli (docteur, UMR 5138 ArAr : Archéologie et Archéométrie, Maison de l’Orient et de la Méditerranée) / lampes à huiles, Sylvie Mouton-Venault (Inrap, UMR 7041 Arscan) / céramologie
Dates du chantier : 25 juin-13 juillet 2018
Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun.
L’intervention proposée en 2018 a permis de poursuivre l’analyse du secteur engagée en 2017 en périphérie occidentale du complexe artisanal.
Il a été question dans un premier temps d’achever l’étude de la production céramique issue de l’atelier fouillé lors de la campagne précédente.
Sur le terrain, l’équipe s’est attelée à fouiller finement la zone stratifiée dans la partie méridionale de la fenêtre de fouille de 2017 afin de dégager les occupations et vestiges artisanaux les plus précoces qui précédent l’atelier de potier du Ier s. apr. J.-C. L’un des puits découverts dans la cour de cet atelier de potier a pu être fouillé mécaniquement et des échantillons sédimentaires ont pu être prélevé à la base du comblement en vue d’analyses paléo environnementales.
La fenêtre de fouille a été élargie vers l’ouest afin de dégager les vestiges de la voie menant d’Autun à Bourges, traversant le complexe d’est en ouest. L’état augustéen de la voirie a pu être bien caractérisé. Il est précédé par des éléments de structuration fossoyés de même orientation que l’axe viaire dont la datation est située dans une fourchette large comprise entre la fin de l’époque tardo-laténienne et l’époque augustéenne. L’attestation d’une voie précoce fait écho aux découvertes d’aménagements cultuels tardo-laténiens –antérieurs à la création de la ville – sous le temple dit de Janus.
La jonction entre la structure hydraulique ceinturant le complexe d’époque romaine et l’axe viaire a pu être dégagé et la présence d’un système de franchissement en bois a pu être mise en évidence. Un ensemble de bois d’œuvre, conservé dans le comblement inférieur du canal, hydromorphe, a pu être prélevé à des fins d’analyse (technologie de mise en œuvre, dendrochronologie). Une série de prélèvements sédimentaires a pu également être réalisé dans cette couche hydromorphe afin d’être versé au dossier paléo-environnemental (colonne pollinique, macro-restes). Ce canal pourrait être assez précocement installé (début du Ier s. apr. J.-C.). Sa principale fonction semble être de canalisé les eaux du bassin du Ternin, au nord, vers l’Arroux, afin de protéger la zone du sanctuaire. Il est remanié au à la fin du IIe s. apr. J.-C. ou au début du IIIe s. apr. J.-C. par un remblaiement partiel du fond. Un fossé latéral aménagé dans ce remblai permet un écoulement constant sur une largeur réduite. Sur le reste de la largeur du canal, les remblais dont la surface est empierrée permettent un écoulement large en cas de crue, le canal restant suffisamment profond. Le franchissement se fait sans doute par un nouveau système : un pont assis sur des piles installées dans les berges. A la fin du IIIe s. apr. J.-C. ce système, qui s’est ensablé, n’est plus entretenu (présence de grandes fosses dépotoirs). Le passage de la voie vers Bourges se fait par un gué bien empierré, qui descend dans le lit du canal. Ce dernier finit par s’ensabler complètement, de façon plutôt lente, entre la fin de l’Antiquité et l’époque moderne ou une voie passe par-dessus son comblement. Entre les deux, un appui en pierres sèches pour un pont est installé au milieu du chenal à une époque indéterminée (début du Moyen Âge ?).