Collaboration croato-française
Responsables : Sébastien Bully (UMR ArTeHiS), Miljenko Jurković (université de Zagreb-centre IRCLAMA), Morana Čaušević-Bully (École française de Rome), Iva Marić (université de Zagreb-centre IRCLAMA)
Participation de : Laurent Fiocchi, Tonka Kružić, Ivan Valent, Amélie Berger en partenariat avec aIPAK/APAHJ
Dates de chantier : 06 mai au 14 juin 2013
Financements : Ministère des affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, ministère des Sciences croate, École française de Rome, Caritas veritatis foundation
Le site :
Le monastère bénédictin Saint-Pierre d’Osor, sur l’île de Cres, aurait été fondé au début du XIe s. par saint Gaudentius, évêque de la cité. Engagée depuis 2006, la fouille programmée répond à plusieurs objectifs : il s’agit de comprendre les modalités de l’installation du monastère dans un contexte urbain d’origine protohistorique et antique et d’étudier une topographie monastique qui doit tenir compte à la fois des contraintes urbaines, mais également de constructions antérieures, peut-être déjà religieuses. L’analyse archéologique des vestiges de l’ancienne abbatiale Saint-Pierre complète les études d’histoire de l’art afin de préciser la datation d’un édifice considéré comme insigne pour l’architecture romane dans la région et révélateur des échanges et influences avec la côte adriatique occidentale (Pomposa, Italie). Les méthodes employées sont celles de l’archéologie du sous-sol, du bâti et les prospections géophysiques.
Objectifs et résultats :
La fouille programmée du monastère Saint-Pierre d’Osor s’est poursuivie en 2013 dans le secteur au sud de l’église et s’est développée à l’est, sous le parking (espace VIII), ainsi que sur le parvis de l’église réduite (espace V). L’ensemble représente une surface ouverte d’environ 290 m2.
Les plus anciennes structures découvertes cette année sont représentées par deux tombes protohistoriques liburnes. Mais la fouille du flanc sud de l’église a essentiellement porté sur des tombes maçonnées médiévales du cimetière monastique, densément présentes dans ce secteur. La plupart des tombes maçonnées ont accueilli de multiples inhumations successives avant d’être scellées par un nouvel horizon d’inhumation tardif (de la fin du Moyen Age et de l’époque moderne) et paroissial. Le cimetière des moines s’est développé au contact de l’église abbatiale, mais également d’un exceptionnel monument funéraire (bâtiment F) que l’on identifie désormais comme un mausolée à formae. Assurément en fonction déjà au Xe s. – d’après une datation C14 réalisée sur une inhumation – , le mausolée est donc antérieur à la fondation « officielle » du monastère. L’étude anthropologique démontre qu’un très grand nombre de moines ont ensuite élu sépulture dans les formae. La fouille de la première travée de la nef de l’église abbatiale a également révélé des tombes maçonnées et des caveaux, ainsi que le prolongement de la façade interne avec le vestibule. À l’exception de la tombe privilégiée d’un abbé ou d’un évêque découverte en 2012 dans le bâtiment B, celui-ci n’a pas accueilli d’autres sépultures. En revanche, la poursuite de sa fouille a permis d’en préciser la datation aux XIe-XIIe s. et déterminer un état antérieur, de l’Antiquité tardive, lié à l’espace urbain. Mais l’un des apports les plus significatifs de la campagne et la confirmation archéologique de l’existence d’un cloître roman au sud-est de l’église, telle que nous l’avions suggéré à partir des prospections géophysiques. En parallèle, nous avons poursuivi l’étude archéologique des élévations du bâtiment monastique médiéval oriental intégré dans l’enceinte vénitienne, ainsi qu’un segment de cette muraille formant clôture du monastère.
La campagne 2014 sera consacrée à l’achèvement de l’étude du mausolée et à l’engagement de la fouille de l’église abbatiale romane dans l’emprise de l’église tardive.
Publications :
ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), BULLY (S.), JURKOVIĆ (M.) et MARIĆ (I.), « Monastère Saint-Pierre d’Osor (Croatie, île de Cres). Bilan de la mission franco-croate 2013 », Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, 2014
http://cefr.revues.org/1046