Projet collectif de recherche Monastères en Europe occidentale (Ve–Xe siècles) / 2015

Topographie et structures des premiers établissements en Franche-Comté et Bourgogne (sixième année)

Coordination : Sébastien Bully et Christian Sapin (UMR ARTEHIS) en partenariat avec l’UMR Chrono-environnement, l’UMR METIS – université Pierre et Marie Curie Paris VI-Jussieu, le Centre d’études médiévales d’Auxerre, l’APAHJ (Saint-Claude)

Participation de : Morana Čaušević-Bully (université de Franche-Comté-UMR Chrono-environnement), Thomas Chenal (UMR ARTEHIS), Adrien Sagesse (UMR ARTEHIS), Aurélia Bully (UMR ARTEHIS), Xavier D’aire (CEM), David Vuillermoz, Hugo Parent, Valentin Chevassu, Matthieu Le Brech, Ornella Salvi, Colas Finck.
Dates des opérations : entre avril et novembre
Financements : Ministère de la Culture – DRAC Franche-Comté 
Conseil régional de Franche-Comté, Conseil départemental de Haute-Saône,
 Conseil départemental du Jura, Caritas veritatis foundation.

Objectifs et résultats :

Nous avons poursuivi en 2015 les recherches sur l’abbaye de Gigny (Jura) à travers la seconde phase de l’étude archéologique des élévations de la façade de l’abbatiale. L’objectif était de définir un phasage de cet édifice majeur de l’architecture de l’an mil dans la région et de documenter les vestiges inscrits dans la façade d’un massif occidental repéré par radar-sol. Sur la base des observations réalisées sur la façade, l’abbatiale de Gigny aurait été dotée d’une avant-nef homogène en volume, sans décrochements de toitures de bas-côtés, relançant la discussion sur les hypothèses de restitution de celle de Cluny II.

C’est encore les méthodes de l’archéologie du bâti qui sont sollicitées sur l’abbaye de Baume-les-Messieurs où, après le carré claustral, c’est l’ensemble des bâtiments conventuels qui est étudié depuis deux ans. Il s’agit, cette année encore, de préciser le phasage des bâtiments monastiques, et plus particulièrement de l’aile sud du cloître (questions du réfectoire et des cuisines). En complément de l’analyse des élévations, des sondages limités en surface ont été ouverts dans les cours de l’aile de ouest. Les résultats, décevants, ont permis cependant d’engager une réflexion sur les conditions de l’installation du monastère dans un site où la topographie physique est extrêmement contrainte. Pour la première année nous sommes intervenus sur le prieuré de Marast en Haute-Saône en soutien à un travail de master hébergé par le Pcr. Ce monastère d’Augustins fondé au XIIe s. est à la limite de notre programme, mais c’est un des rares établissements comtois dont on pourrait encore percevoir une organisation claustrale romane, à l’instar de Baume et de Gigny. Dans l’attente d’un investissement plus lourd en archéologie du bâti, les premiers relevés topographiques confirment le potentiel d’un site qui semble offrir une déclinaison plus tardive d’une topographie associant cloître et chapelle funéraire greffée sur la salle du chapitre.
Le monastère Notre-Dame de Château-sur-Salins est également étudié dans le cadre d’un travail de master hébergé par le Pcr, en partenariat étroit avec le programme de fouilles programmées dirigé par Ph. Gandel (UMR ArTeHiS) et D. Billoin (UMR ArTeHiS) sur le site. Ici, un premier état des lieux sous la forme de relevés topographiques et de sondages archéologiques limités a révélé un complexe en grande partie inédit, recouvert par des tas d’épierrements et dissimulé par le couvert forestier. C’est un ensemble de bâtiments monastiques dans un état de conservation exceptionnel – sur plusieurs mètres d’élévation – qui est en quelque sorte fossilisée sur le plateau de Château-sur-Salins. Dans leur dernier état, les bâtiments conventuels, qui s’organisent autour d’un cloître, dateraient de l’époque moderne et l’église prieurale du XIIIe s. Mais c’est sur la question des origines de ce monastère et des conditions de sa fondation que portent nos interrogations, à la lumière de sources historiques discutables, de son environnement proche et de la découverte de mobilier archéologique du haut Moyen Âge.
En fonction d’une méthodologie déjà largement éprouvée depuis le début de ce programme, le dernier volet du Pcr a porté cette année sur la constitution d’une nouvelle « strate de documentation » pour cinq sites, à travers des notices historiques et des prospections géophysiques. Parmi les sites prospectés cette année, on retiendra plus particulièrement les résultats obtenus sur l’église Saint-Maurice de Jougne avec la localisation de son abside disparue et de structures à mettre en relation avec sa crypte.

Parmi les publications scientifiques, on notera en 2015 l’édition en ligne et papier dans le BUCEMA des Actes des 4eme Journées d’études monastiques qui s’était tenues à Vézelay en 2013. À Luxeuil, nous avons organisé un colloque international au mois de septembre 2015 sur le thème de Moines et monastères du haut Moyen Âge en Europe. À cette occasion, nous avons réalisé avec Annick Richard (SRA Franche-Comté) une publication de la série « Archéologie en Franche-Comté » sur les recherches menées depuis plusieurs années autour du monachisme luxovien.

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