Saint-Pierre d’Osor et les monastères et sites ecclésiaux insulaires dans l’archipel du Kvarner (Croatie) / Campagne 2018
Mission archéologique franco-croate du ministère des Affaires étrangères
Responsables : Sébastien Bully (UMR ARTEHIS), Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement)
Participation de : Thomas Chenal (UMR ARTEHIS), Adrien Saggese (UMR ARTEHIS, étude du mobilier amphorique), Mélinda Bizri (UMR ARTEHIS), Jessy Crochat, Lucija Dugorepec, Valentin Chevassu (UBFC-UMR Chrono-environnement), Matthieu Le Brech (UBFC), Agnès Stock (UMR Chrono-environnement), Georgie Baudry (UBFC), Maxime Bolard (UBFC) et les contributions de Pascale Chevalier (UMR ARTEHIS), Mia Rizner, Miroslav Vuković, Stéphane Gioanni (professeur, Université Lyon 2-UMR HISOMA), Konestra Ana (Institut za arheologiju iz Zagreba), Laurent Popovitch (Mdc, UBFC-UMR ARTEHIS, numismatique antique), Anthony Dumontet (UMR ARTEHIS, compléments infographiques du plan de Martinšćica), Cyprien Mureau (doctorant-allocataire, UMR ARTEHIS, étude préliminaire des restes de faune de Martinšćica)
En partenariat avec : aIPAK/APAHJ
Dates de chantiers :
– du 9 au 20 avril : fouilles programmées-chantier-école de Mirine-Fulfinum dans le cadre du volet « Monachisme insulaire » et du projet de parc archéologique de la commune d’Omišalj ;
– du 1er au 3 juin : organisation à Osor des 7ème journées internationales d’étude monastiques « Saint-Pierre d’Osor (île de Cres) et le monachisme bénédictin dans l’espace Adriatique » ;
– du 16 au 20 juillet : accompagnement archéologique et contrôle des travaux de conservation des vestiges de l’église de Martinšćica
Financements : ministère des Affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, École française de Rome, Commune d’Omišalj, Région de Primosko-Goranska, Caritas veritatis foundation
Résultats
La campagne 2018 a marqué une étape importante dans la progression des recherches menées sur le monastère Saint-Pierre d’Osor (depuis 2006). En effet, au terme des 12 campagnes qui ont permis de fouiller la totalité de l’église Saint-Pierre, son environnement immédiat et près de 550 sépultures, nous avons fait le choix de suspendre les recherches sur le terrain afin de nous consacrer au traitement d’une importante documentation, en prévision de la publication monographique des riches résultats. L’organisation d’un colloque à Osor au début du mois de juin – placé sous l’égide des Journées internationales d’études monastiques –, a permis d’aborder un grand nombre de points intéressant directement la préparation de la publication monographique. À ce stade de l’avancée de nos recherches sur Saint-Pierre d’Osor, il nous avait semblé opportun et nécessaire de contextualiser le site par une approche élargie du monachisme bénédictin dans l’Adriatique, tout en soumettant nos réflexions à un aréopage de spécialistes de la question, archéologues, mais également historiens. En effet, le constat énoncé depuis plusieurs années de l’indigence des sources historiques – sinon de leur crédibilité – concernant les origines de la fondation, nécessitait de solliciter des historiens des sources écrites afin d’engager une véritable révision historiographique.
Le second volet de la mission sur les complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel (depuis 2010) a principalement porté sur la poursuite de la fouille du secteur dit de « l’église à trois absides » de Mirine-Fulfinum, sur l’île de Krk. Engagé en 2016, le chantier-école 2018 du petit complexe suburbain – « villa antique» remplacée par une église des IXe-XIe s. (fouillée dans les années 2000) – a permis l’achèvement de la fouille de l’Espace 4.1d et la poursuite de la fouille de la cour sud (esp. 4.1h). Cette dernière a révélé un aménagement de pressoir à huile et de cuves. L’étude en cours d’un abondant mobilier céramique, appartenant à des ensembles clos formant une remarquable stratigraphie pour la région, plaide fortement en faveur d’une construction ex-nihilo et d’une occupation que l’en situe désormais entre la fin IVe-début Ve s. et le milieu du VIe s. Ces datations sont largement confirmées par le monnayage. La prise en compte de l’instrumentum, dont le peigne liturgique paléochrétien – découvert en 2017 et désormais restauré – ainsi que des fibules cruciformes, témoigne assurément d’une occupation élitaire. Aussi, et contrairement à nos toutes premières hypothèses de travail, nous pourrions être en présence d’une « résidence ecclésiale » – faute de ne pouvoir parler, à ce stade des recherches, de domus ecclesia – en lien avec la proche basilique paléochrétienne de Mirine. L’étude du mobilier céramique a été complétée par celle des amphores provenant de la fouille des mausolées de l’Antiquité tardive (fouilles 2012 à 2014) découverts au chevet de la basilique paléochrétienne. La sculpture provenant du site (tous secteurs confondus) a été cataloguée avant d’être étudiée.
Après les trois campagnes de fouilles sur l’église de Martinšćica menées entre 2015 et 2017, nous avons convenu de consacrer l’année 2018, d’une part, à la mise à jour de la documentation (infographie du plan pierre à pierre, catalogue de la sculpture, étude de faune, datation archéométrique etc.) et d’autre part, à la poursuite des travaux de conservation des maçonneries encore en élévation. Ces travaux, résultant d’une obligation légale demandée par le ministère de la Culture croate, étaient en outre nécessaires pour la poursuite des fouilles dans la nef de bonnes conditions de sécurité (murs en élévations ruinés).
Lien
ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), BULLY (S.), SAGGESE (A.) et CROCHAT (J.), Les sites ecclésiaux et monastiques de l’archipel du Kvarner (Croatie), campagne 2018 : Mirine-Fulfinum (Omišalj, île de Krk), Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, 2018