Près du tumulus princier de Vix : de nouvelles structures témoignent d’occupations diachroniques autour de la résurgence de la Fontaine des Abîmes
Le secteur de la Fontaine des Abîmes présente un fort potentiel géoarchéologique, en raison à la fois de sa situation en plaine alluviale, au croisement de différentes dynamiques hydrosédimentaires, et de la présence de nombreuses structures archéologiques repérées à proximité. Elle se trouve également à moins de 2 km du mont Lassois, soulevant des questions liées aux accès et aux usages de l’eau par les populations.
Du 12 au 23 juin 2023, une opération de sondages s’est déroulée à Montliot-et-Courcelles, commune limitrophe de Vix. Sous la responsabilité de Mégane Mignot et dans le cadre de sa thèse de doctorat, ce chantier s’est implanté en rive droite de la Seine en face du tumulus princier en rive gauche, près de la résurgence de la Fontaine des Abîmes. Quatre sondages associés à des problématiques archéologiques et géoarchéologiques ont livré des structures d’époques variées, témoignant d’une fréquentation de la plaine alluviale de la Seine sur le temps long.
Notre opération avait pour objectif de vérifier la présence de certaines des structures suspectées, de les caractériser et de les dater. En effet, grâce aux prospections géomagnétiques du Deutsche Archäologische Institut (DAI) réalisées pour le PCR « Vix et son Environnement », une enceinte fossoyée et palissadée ainsi qu’une voie ancienne reliant le site à Châtillon-sur-Seine étaient attendues. De plus, les carottages sédimentaires menés dans le cadre du projet ArcheoGeoVix suggéraient l’existence d’un aménagement permettant de contenir la pièce d’eau associée à la résurgence des Abîmes.
Les sondages ont confirmé la présence de ces différentes structures et ont permis de récolter des éléments de mobilier ou du matériel datable par radiocarbone :
- Une enceinte fossoyée et palissadée : suspectée comme néolithique, cette structure est malheureusement très arasée. Il ne subsiste que le fond d’un fossé et deux trous de poteaux qui ont toutefois pu être identifiés et documentés.
- Une voie importante venant de Châtillon : large de plus de 15 m et se dirigeant vers la Seine, cette voie affleurant juste sous la surface a livré plus d’une douzaine de petits clous, peut-être des clous de chaussures de l’époque gallo-romaine dont l’étude devrait permettre de préciser la chronologie.
- Une structure de combustion à pierres chauffantes (type « four polynésien ») : Les nombreuses pierres calcaires fortement chauffées qui comblaient la structure reposaient sur une couche de charbon de bois importante qui pourra être datée.
- Une digue près de la résurgence : faite d’une importante masse d’argiles compactes emballant des galets et des pierres, elle a été mise en place pour contenir latéralement l’eau issue de la source. Un mur, conservé sur 3 assises, renforce le dispositif côté extérieur. Un reste de piquet en bois retrouvé dans l’argile devrait permettre d’ancrer chronologiquement cet aménagement qui pourraient dater du Hallstatt.
Ces nouvelles découvertes, inédites dans l’environnement immédiat du mont Lassois, renseignent sur l’évolution de la plaine alluviale et sur les occupations à différentes périodes et pour différents usages autour de la Fontaine des Abîmes. Ces résultats vont aussi permettre de mieux comprendre les conditions d’implantation et de préservation des structures archéologiques dans ce secteur.
Cette opération, financée par le SRA Bourgogne-Franche-Comté, s’est déroulé grâce à la collaboration de plusieurs membres du laboratoire : A. Denaire, A. Dumontet, J.-P. Garcia, J. Lauzanne et A. Quiquerez, et grâce la participation de quatre étudiants de L3. Merci à Bruno Chaume et au PCR « Vix et son Environnement » de nous avoir aidé dans l’organisation du chantier.