Autun (Saône-et-Loire) : le complexe monumental de la Genetoye – campagne 2019
Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la préhistoire au Moyen-Age – campagne 2019
Campagne de fouille 2019 du quartier artisanal
Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
Responsable scientifique de la fouille : Stéphane Alix (Inrap, UMR 6249 Chrono-environnement)
Principaux participants : Marie-Noëlle Pascal (Inrap), Co-direction ; Anne Ahü (Inrap, UMR 7041 Arscan), céramologie (vaisselle fine) ; Loïc Androuin (Université de Bourgogne), coroplastie ; François Blondel (docteur, UMR 6298 artehis), dendrochronologie / xylologie ; Laure Cassagnes (Université Panthéon-Sorbonne), instrumentum ; Geneviève Daoulas (Inrap), carpologie ; Jean-Pierre Garcia (Université de Bourgogne, UMR 6298 artehis), géoarchéologie ; Morgane Jal (Université de Bourgogne), lavage, inventaire et conditionnement du mobilier archéologique, acquisitions géophysiques ; Isabelle Jouffroy-Bapicot (UMR 6249 chrono-environnement), palynologie ; Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 ARTEHIS), encadrement ; Claude Malagoli (docteur, UMR 5138 ArAr Archéologie et Archéométrie Maison de l’Orient et de la Méditerranée), lampes à huiles ; Pierre Mazille (Université de Bourgogne), étude de la métallurgie des alliages cuivreux ; Sylvie Mouton-Venault (Inrap, UMR 7041 Arscan), céramologie (vaisselle commune) ; Amélie Quiquérez (Université de Bourgogne, UMR 6298 ARTEHIS), géoarchéologie
Equipe de fouilles : Loïc Androuin, Claire Antonmattei, Juliette Brange, Léa Chautard, Marion Courcoux, Juliette Garcia, Estelle Humbert, Marie-Anaïs Janin, Wilfried Labarthe, Chloé Linguanotto, Pierre Mazille, Axelle Migeon, Léa Msica, Timothée Ogawa, Klaudia Sala, Aurore Schneider, Markt Van Horn, Lucile Volk, Julia ZimmermannDates du chantier : 1er-19 juillet 2019Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun.
Pour continuer d’aborder les problématiques structurelles et artisanales, il a été projeté d’intervenir en 2019 sur la frange orientale du quartier des artisans en limite du sanctuaire, soit à l’opposé des interventions de 2017 et 2018.
Le secteur choisi a livré une séquence stratigraphique globalement bien conservée de l’époque augustéenne au milieu du IIIe s. On note, en outre, la présence d’un ensemble assez dense d’infrastructures fossoyées préromaines ne livrant malheureusement qu’assez peu de mobilier dont la datation doit encore être précisée (présence de céramiques modelées de l’Age du Bronze ?). D’autre part, une occupation de la fin du Moyen-Age du début de l’époque moderne (XVe-XVIe s. ?) a été mise en évidence. Les structures médiévales bâties ont relativement peu endommagé la séquence stratigraphique antique. En revanche, dans la partie centrale du décapage, sur environ 200 m², une mise en culture de la même période (maraichage ?) a visiblement conduit à un défonçage important des sols.
Pour ce qui concerne l’époque antique, une succession d’unités artisanales a été mise en évidence. Elles sont disposées perpendiculairement à la voie Autun – Bourge à l’intérieur de parcelles étroites et profondes. L’une d’elles, parmi les plus tardives, bien conservée, accueille un atelier de potier du début du IIIe s. recelant l’intégralité des éléments permettant de restituer la chaine opératoire et la nature des productions (bac de décantation, emplacement d’un tour, four, puits, fosses dépotoirs) qui se partagent entre figurines en terre cuite, gobelets en paroi fine engobée et une production plus intimiste de gobelets originaux à décors zoomorphes en relief empruntant à la coroplasthie. Une première impression suggère une production plutôt tournée vers le sanctuaire qui est tout proche. Quant aux unités qui précèdent l’officine de potier, leur production semble essentiellement tournée vers la métallurgie, en particulier des alliages cuivreux. Leur période d’activité semble s’étaler entre le tout début du Ier s. apr. J.-C. (voire la fin du Ier s. av. J.-C. ?) et le IIe s. apr. J.-C. Mais une campagne de fouille complémentaire s’avère nécessaire pour en déterminer précisément les caractéristiques.
Une voirie secondaire d’origine augustéenne d’axe nord-sud marque clairement la séparation entre ces unités de productions et un secteur accueillant un ensemble de bâtiments maçonnés de plan stéréotypé, mais de facture soignée. Situés au sein de parcelles plus larges, indépendants les uns des autres, ils sont organisés le long de l’axe reliant le temple dit de Janus et le théâtre du haut du Verger et sont tournés vers le sanctuaire. L’un d’entre eux, en excellent état de conservation, bien visible sur les cartes géophysiques, a été intégralement dégagé. Son plan très canonique est rectangulaire, avec une grande pièce à l’ouest et trois petites pièces à l’est (pavillons). L’occupation pourrait se partager entre production métallurgique (atelier de bronzier puis surtout forge) à l’intérieur de la grande pièce et comptoir de vente le long de l’axe que l’on pourrait avec audace qualifier de « processionnel ». La fouille a permis de mettre au jour un état bâti antérieur (début du Ier s. apr. J.-C. ?), décalé du précédent vers l’ouest, qui n’était curieusement pas du tout visible sur les clichés aériens ou les prospections géophysiques. Il semble qu’il était consacré à des productions en alliage cuivreux.
L’architecture, l’organisation spatiale et la position de ces unités les distinguent de la masse des ateliers situés plus à l’ouest, au-delà de la voie secondaire nord-sud évoquée plus haut. Cette distinction trahie-t-elle un statut particulier ? Il pourrait peut-être s’agir d’un ensemble de tabernae (boutiques et ateliers) édifiés dans le but de doter le sanctuaire de la Genetoye de sources de revenus utiles à son fonctionnement.