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    Hauteroche (Côte-d’Or) : sondage d’un atelier de potiers gallo-romain – campagne 2021

    Hauteroche (Côte-d’Or) : sondage d’un atelier de potiers gallo-romain – campagne 2021

    Sondages archéologiques sur un atelier de potiers gallo-romain à Hauteroche (21) / 2021

    Des sondages ont eu lieu à Hauteroche du 18 au 27 octobre 2021 sous la responsabilité de Florent Delencre. Dans le cadre du PCR « L’argile et ses usages en Auxois de l’Antiquité à nos jours » coordonné par Fabienne Creuzenet et Florent Delencre

    Dans le cadre du PCR « L’argile et ses usages en Auxois de l’Antiquité à nos jours » coordonné par Fabienne Creuzenet et Florent Delencre, un recensement a été réalisé pour caractériser l’ensemble des données archéologiques permettant de mettre en évidence des ateliers de potiers et de tuiliers gallo-romains en Auxois.

    Le site d’Hauteroche « Les Murées d’Hautereilles » avait été sondé en 1972 par Jean Guéritte alors qu’il menait ces fouilles depuis plusieurs années sur l’établissement gallo-romain du « Landran » à Gissey-sous-Flavigny dans la parcelle voisine (Fig. 1). Un atelier de potiers avait de fait été mis au jour, attesté par deux fours présents à une vingtaine de centimètres sous la terre arable (Fig. 2) et des ratés de cuisson conservés au musée d’Alésia. Les monnaies et les ratés de cuisson de vaisselle culinaire permettent de dater de la seconde moitié du IIème et IIIème siècles l’activité dans ce local artisanal, contemporain de la villa de l’autre côté de la voie romaine.

    Fig. 1 copie

    Fig. 2 copie

    En 2019, des mesures magnétiques ont été réalisées sur cette parcelle, afin de définir l’étendue de cet atelier de potier. La prospection magnétique a permis d’identifier l’emplacement exact des vestiges des fours fouillés par J. Guéritte et de confirmer la localisation d’un secteur artisanal. En effet, les résultats suggéraient l’existence de fosses d’extraction, de potentiels foyers et possiblement d’au moins un autre four.

    L’objectif des sondages a été par conséquent de valider les méthodes géophysiques afin de pouvoir interpréter et définir l’extension et l’organisation des structures associées à l’atelier de potiers. Ils ont été réalisés sous la responsabilité de Florent Delencre (chercheur associé ARTEHIS) et avec le concours de Fabienne Creuzenet (uB, ARTEHIS), Marie-Anaïs Janin (doctorante ARTEHIS), Emma Bardi (université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Alexandre Perrin (bénévole), Georges Thiéry (bénévole) et Anne Guérin (bénévole).

    Situé sur un plateau, le site s’est avéré de prime abord extrêmement arasé et les structures observées en 1972 ont souffert des pratiques agricoles au cours du temps. Malgré cela, les fours de potiers déjà identifiés ont pu à nouveau être mis au jour (Fig. 3). Par ailleurs, les sondages, implantés dans des secteurs jusqu’alors jamais explorés archéologiquement, ont montré que des structures avaient été conservées sous des niveaux de colluvions ou lorsque elles ont été creusées directement dans le substrat calcaire. Les vestiges d’autres fours de potiers ont ainsi été mis en évidence (Fig. 4), de même qu’un niveau d’occupation gallo-romain centré autour du IIIème siècle sur lequel l’arase d’un mur prend appui. Le site se démarque également par la présence d’une fosse et de trous de poteaux creusés dans le substrat calcaire, dont les comblements ont révélés la présence de mobilier gallo-romain, d’un outil en fer et de la tête d’une statuette en calcaire oolitique (Fig. 5). Cette dernière, découverte remarquable et particulièrement bien conservée faisant écho à la statuaire mises au jour lors des fouilles du « Landran », est en cours d’étude par Pierre-Antoine Lamy (responsable du service recherche et conservation de Bavay, chercheur associé ARTEHIS).

    Fig. 3 copie

    Fig. 4 copie

    Fig. 5 copie

    Ces résultats nous permettent d’apporter de nouveaux éléments de caractérisation à un site qui s’étend de part et d’autres de la voie romaine menant d’Alésia à Sombernon, dont l’organisation et l’extension semblent plus importantes qu’envisagé jusqu’à encore récemment.

    Vix (Côte-d’Or) : Mais où est la paléoseine hallstattienne ? – campagne 2021

    Vix (Côte-d’Or) : Mais où est la paléoseine hallstattienne ? – campagne 2021

    Vix : Mais où est la paléoseine hallstattienne ?

    Du 7 au 10 septembre, une douzaine de carottages mécaniques  a été effectuée conjointement par  les équipes d’Artehis et de Chrono-Environnement. L’opération s’est déroulée dans le cadre de la thèse de géoarchéologie de Mégane Mignot, menée sous la direction de J.-P. Garcia et A. Quiquerez. Cette thèse étudie les processus naturels et les occupations humaines ayant permis d’aboutir à la topographie actuelle du site. Elle s’intéresse aussi aux conditions d’implantation et de préservation des structures archéologiques en relation avec les différentes situations géomorphologiques de Vix (plateau, versants, plaine alluviale de la Seine…). L’objectif final étant de proposer des modélisations géoarchéologiques de la dynamique du paysage. Ces travaux sont portés à la fois par le PCR « Vix et son environnement » (Directeur : B. Chaume) et par le projet « ArcheoGeoVix » (Coordinateur : A. Quiquerez)

    Les carottes ont été réalisées dans le remplissage de paléochenaux. Il s’agit ainsi de restituer les déplacements du lit de la rivière entre la Protohistoire et nos jours, notamment pour savoir où coulait la paléoseine au Hallstatt. À travers une étude paléoenvironnementale et une analyse des séquences sédimentaires des carottes, le but est aussi de reconstituer les paysages passés à l’échelle du territoire de Vix. Les prélèvements issus des forages seront prochainement étudiés en laboratoire : datations radiocarbone, caractérisation chimique par XRF, macro-restes et palynologie…

    Figure 1 Bruno CHAUME

    Figure 2 Megane MIGNOT

    Figure 3 Megane MIGNOT

    Complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner (Croatie) / campagne 2021

    Complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner (Croatie) / campagne 2021

    Les complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner (Croatie). Campagne 2021 : le site de Martinšćica (île de Cres)

    Mission archéologique franco-croate du ministère des Affaires étrangères
    ANR MONACORALE (WP 2)

    Fig. 1 – Vue zénithale de l’église et du four à chaux à son chevet (cl. J. Crochat)

    Fig. 2- Citerne de l’église paléochrétienne partiellement comblée de restes de faunes (cl. J. Crochat)

    Responsables : Sébastien Bully (CNRS-UMR ARTEHIS) et Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement)

    Participation au chantier :

    Solène Baudin (masterante université de Franche-Comté)
    Baptiste Brasleret (masterant université de Franche-Comté)
    Thomas Chenal (UMR ARTEHIS)
    Valentin Chevassu (UMR Chrono-environnement)
    Jessy Crochat (Archeodunum-UMR ARTEHIS)
    Anaïs Delliste (UMR Chrono-environnement)
    Lucija Dugorepec (aIPAK)
    Axelle Grzesnik (UMR ARTEHIS)
    Matthieu Le Brech (université de Franche-Comté)
    Adrien Lugand (masterant université de Franche-Comté)
    Cyprien Mureau (UMR ARTEHIS)
    Inès Pactat (UMR IRAMAT)
    Eugénie Picod (étudiante université de Franche-Comté)
    Agnès Stock (UMR Chrono-environnement)
    Anna Tomasinelli (masterante université de Franche-Comté)

    Dates du chantier : du 7 juin au 2 juillet 2021
    Financements : ministère des Affaires étrangères français, Ministère de la Culture croate, ANR MONACORALE

    Fig. 3 – Travaux de conservation du sol de mosaïque de la nef (cl. S. Bully)

    Résultats
    La campagne 2021 a poursuivi la fouille de l’église paléochrétienne de Martinšćica avec la mise au jour d’une citerne sur son flanc nord et de canalisations sud son flanc sud, contemporaine de la transformation de l’église en espace domestique à partir des VIIIe/IXe s. Entre le IXe s. et le XIe s., la citerne nord a été utilisée comme dépotoir pour des restes de préparation et de consommation de faune de la vraisemblable communauté monastique (plus de 7000 restes – étude en cours par Cyprien Mureau/UMR ARTEHIS) ; au sud, une annexe entre le vestibule et le bras du transept a accueilli des inhumations des XIIIe-XIVe s. appartenant à la dernière phase d’occupation du site. La fouille du bras nord du transept a confirmé la présence d’une construction antérieure dont la fonction demeure indéterminée, peut-être liée à la villa maritime antique. Un nouveau secteur funéraire de l’Antiquité tardive a été découvert le long de la grève à l’ouest de l’église, dans ou le long d’une construction (mausolée ?). Au chevet de l’église, le grand four à chaux à l’origine de son dérasement, étudié et sondé par Valentin Chevassu (UMR Chrono-environnement), a pu être daté de l’époque contemporaine. Un travail de conservation des sols de mosaïques de l’église a été mené par un professionnel (Léo Gouriten) et l’inventaire de l’ensemble du verre découvert à l’issue des campagnes de fouilles a été réalisé par Inès Pactat (UMR Iramat Orléans).

    Fig. 4 – Vue générale des vestiges de l’église depuis le nord (cl. S. Bully)

    Publications :
    Čaušević-Bully, S. Bully, J. Crochat avec la coll. de P. Chevalier, « Quelques considérations sur l’architecture et les installations liturgiques de l’église paléochrétienne de Martinšćica (Punta Križa, île de Cres) », Mens Acris in Corpore Commodo, Zbornik povodom sedamdesetog rođendana Ivana Matejčića / Festschrift in Honour of the 70th Birthday of Ivan Matejčić, ed. by M. Bradanović, M. Jurković, Zagreb-Motovun, 2021, p. 107-125.
    Čaušević-Bully, S. Bully, A. Delliste, S. Lefebvre, C. Mureau, « Les sites ecclésiaux et monastiques de l’archipel du Kvarner (Croatie), campagne 2019: Martinšćica (île de Cres), Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, 2021 (https://doi.org/10.4000/baefe.1971)
    Pactat, M. Čaušević-Bully, S. Bully, Š. Perović, R. Starac, B. Gratuz, N. Schibille, « Origines et usages du verre issu de quelques sites ecclésiaux et monastiques tardo-antiques et haut médiévaux du littoral nord croate », in A. Coscarella, E. Neri, G. Noyé, Il vetro in transizione (IV-XII secolo). Produzione e commercio in Italia meridionale e nell’adriatico, 2021, p. 289-302.w
    Čaušević-Bully, S. Bully, « La mission Kvarner et le programme Complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner du IVe au XIe s. », Catalogue d’exposition, 50 ans d’archéologie Franco-Croate, M. Čaušević-Bully et I. Radman-Livaja, éd., Musée archéologique de Zagreb, 2021, p. 77-93.

     

    Autun (Saône-et-Loire) : géo-archéologie de la Genetoye – campagne 2021

    Autun (Saône-et-Loire) : géo-archéologie de la Genetoye – campagne 2021

    Géo-archéologie et structuration du complexe antique (quartier artisanal) de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) / campagne 2021

    PCR Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin  de la préhistoire au Moyen-Age
    Sous la direction de Yannick Labaune

    Dates : 5 juillet au 16 juillet 2021
    Equipe : 10 étudiants
    Responsables : Stéphane Alix (Inrap), avec la collaboration de Jean-Pierre Garcia (Université de Bourgogne Franche-Comté), Marie-Noëlle Pascale (Inrap) et Amélie Quiquérez (Université de Bourgogne Franche-Comté)

    Les résultats de la campagne 2020 ont dessiné les grands traits de l’évolution de la plaine alluviale du Ternin-Arroux à proximité de la Genetoye qui pourraient s’accorder avec les grandes phases climatiques fini-holocènes : dégradation du 1er âge du fer jusqu’au 1er siècle ; optimum romain et médiéval, petit âge glaciaire à partir du XIVe s.  Mais ces changements sont aussi en phase avec le creusement et le fonctionnement du grand canal détournant le Ternin en amont du secteur de la Genetoye antique au Ier siècle dont il reste à déterminer la durée de fonctionnement, la date de son abandon et ses relations avec les dépôts agradants ante- et post-antiques mis en évidence sur les secteurs fouillés.  

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    La campagne de fouilles de 2021 vise à :

    • confirmer ces phases d’évolution et leur calage chronologique par d’autres sources de datations (14C par exemple) et discuter leurs interprétations climatiques et/ou anthropiques ;
    • obtenir une vision spatiale plus large de la plaine alluviale, l‘extension des unités morphologiques et sédimentaires qui la composent (séquences sédimentaires et micro-terrasses) ainsi que la chronologie de fonctionnement des paléochenaux visibles (master A- ASA de Xavier Kelagopian).
    • expliquer la conservation différentielle des dépôts agradants ante-antiques et post-antiques ;
    • caractériser la limite septentrionale du quartier artisanal

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    Pour réaliser ces objectifs, un ensemble de sondages sédimentaires et de prospections géophysiques ont été réalisées :

    • Des prospections géophysiques ciblées par tomographie électrique (ERT) afin de reconnaître le tracé du canal Ternin / Arroux au niveau de sa connexion avec le Ternin, préalable à un sondage géoarchéologique éventuel pour 2022 ;
    • La réalisation d’un sondage géoarchéologique recoupant à la fois i) le bord de la micro-terrasse séparant la plaine actuelle du Ternin et, au Sud, le secteur de la Genetoye légèrement plus élevé; ii) un paléochenal important; iii) une structure rectiligne (microcanal, drain, exutoire ? ) en provenance de la Genetoye ;
    • Un sondage géo-archéologique limité plus au Sud pour vérifier cette structure au plus près du sanctuaire
    • Un sondage géo-archéologique sur le canal Ternin / Arroux au niveau de la limite septentrionale du quartier artisanal
    • Un sondage archéologique permettant de caractériser la limite septentrionale du quartier artisanal

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    Ces opérations se poursuivront par un stage de géarchéologie gratifié de 4 mois de master 2- ASA en 2021-2022  Xavier Kelagopian). Les analyses afférentes interviendront en post-fouille : datations 14C, carpologie, sédimentologie, analyse DRX. 

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    Autun (Saône-et-Loire) : Fouille de l’enceinte néolithique des Grands Champs – campagne 2021

    Autun (Saône-et-Loire) : Fouille de l’enceinte néolithique des Grands Champs – campagne 2021

    Fouille de l’enceinte néolithique des Grands Champs, complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) (resp. F. Ducreux) / campagne 2021

    PCR Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin  de la préhistoire au Moyen-Age
    sous la direction de Yannick Labaune
    Campagne 2021 : Fouille de l’enceinte néolithique des Grands Champs (resp. F. Ducreux)
    Dates prévisionnelles :
    12 juillet au 6 août 2021
    Equipe : 19 étudiants
    Responsable : Franck Ducreux (Inrap)
    Rappel : la campagne de fouille de 2020 a été reportée en 2021

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    Les résultats de la fouille de 2019 mettent en avant la possibilité d’une entrée au nord des zones déjà fouillées, faisant de ce secteur une zone clé dans la compréhension de la structure spatiale de l’enceinte. Toujours dans le même secteur, si l’on en croit le résultat des prospections géophysiques, le tracé des fossés semble s’éloigner de la palissade pour créer un espace important avec la palissade, toujours bien lisible et sans modification de tracé notable.

    De ces observations découle une possibilité de phasage chronologique de la structuration du site qui voudrait que les fossés aient été réalisés après la palissade, englobant des zones d’extension de l’enceinte originelle, comme c’est peut-être le cas pour le secteur proposé pour la fouille de 2021. Il va sans dire que cette hypothèse ne pourra être levée qu’après fouille et datation des anomalies qui transparaissent sur la cartographie des prospections géophysiques. Un autre intérêt de cette fouille concerne la zone interne à la palissade, qui pourra être explorée dans la périphérie de la gravière moderne. Quelques traces semblant similaire à celles matérialisant les trous de poteaux des bâtiments dans les fouilles de 2017 et de 2018 y apparaissent. La présence de bâtiments à l’intérieur de la palissade a été démontrée pour les fouilles précédentes et reste une question cruciale  pour l’analyse spatiale du site.

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    Une zone est également recouverte par les déblais provenant du creusement de la gravière dans le courant des années 50. Un sondage réalisé dans ce secteur jusqu’au substrat géologique permettra de reconnaître la possible conservation d’éléments pédologiques éventuellement préservés sous ces déblais car hors d’atteinte des destructions causées par l’agriculture moderne.

    La zone proposée à la fouille couvre une surface d’environ 1500 m², sensiblement équivalente à celle fouillée en 2019, mais plus complexe au niveau structurel.

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    Complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner (Croatie) / campagne 2020

    Complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner (Croatie) / campagne 2020

    Les complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner (Croatie). Campagne 2020 : le site de Mirine-Fulfinum (île de Krk)

    Mission archéologique franco-croate du ministère des Affaires étrangères

    Responsables : Sébastien Bully (CNRS-UMR ARTEHIS) et Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement)

    Participation au chantier :
    Lucija Dugorepec (aIPAK)
    Adrien Saggese (UMR ARTEHIS)
    Agnès Stock (UMR Chrono-environnement)
    François Fouriaux (EFR)
    Solène Baudin (université de Franche-Comté)
    Baptiste Brasleret (université de Franche-Comté)
    Lucas Goncalves (université de Franche-Comté)
    Camille Albric (université Paris I)

    Dates du chantier : du 13 au 31 juillet
    Financements : ministère des Affaires étrangères français, École française de Rome

    Résultats
    Sur l’ensemble des activités de terrain du programme portant sur l’archipel du Kvarner, seule l’opération de Mirine a pu être maintenue en 2020 en raison du contexte sanitaire.

    Les recherches ont porté sur le secteur dit de « l’église à trois absides » (à travers deux fenêtres de fouilles de ± 174 m2 au total). L’objectif principal de la fouille – qui était de caractériser la nature des constructions sur lesquelles est fondé l’église – a été atteint puisque l’ensemble des données recueilli cette année permet désormais de considérer que l’on est en présence de la pars urbana ou de la pars fructuaria d’une villa tardo-antique (IVe s.-VIIe s.). Par ailleurs, un large sondage a confirmé l’extension d’un corps de bâtiment de l’Antiquité tardive en front de mer, formé de plusieurs salles (dont une à hypocauste) ; il pourrait s’agir d’une partie de la pars urbana de la villa. À l’issue de la campagne 2020, nous nous orientons désormais vers l’hypothèse d’une villa érigée dans la deuxième moitié du IVe s. et dont le dominus serait à l’origine de la construction, sur son domaine, du proche « complexe paléochrétien patrimonial » de Mirine.

    En 2020, Georgie Baudry (UMR ARTEHIS) a également mené une étude exhaustive de l’ensemble de l’instrumentum découvert depuis 2015 sous la forme d’un catalogue.

    Fig. 1- Vue générale du complexe de Mirine : villa et église haut-médiévale au premier plan ; complexe paléochrétien au second plan (cl. M. Vuković)

    Fig. 2 – Secteur de fouille à l’issue de la campagne 2020 (cl. M. Vuković)

    Autun (Saône-et-Loire) : le complexe monumental de la Genetoye – campagne 2019

    Autun (Saône-et-Loire) : le complexe monumental de la Genetoye – campagne 2019

    Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la préhistoire au Moyen-Age – campagne 2019

    Campagne de fouille 2019 du quartier artisanal
    Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
    Responsable scientifique de la fouille : Stéphane Alix (Inrap, UMR 6249 Chrono-environnement)
    Principaux participants : Marie-Noëlle Pascal (Inrap), Co-direction ; Anne Ahü (Inrap, UMR 7041 Arscan), céramologie (vaisselle fine) ; Loïc Androuin (Université de Bourgogne), coroplastie ; François Blondel (docteur, UMR 6298 artehis), dendrochronologie / xylologie ; Laure Cassagnes (Université Panthéon-Sorbonne), instrumentum ; Geneviève Daoulas (Inrap), carpologie ; Jean-Pierre Garcia (Université de Bourgogne, UMR 6298 artehis), géoarchéologie ; Morgane Jal (Université de Bourgogne), lavage, inventaire et conditionnement du mobilier archéologique, acquisitions géophysiques ; Isabelle Jouffroy-Bapicot (UMR 6249 chrono-environnement), palynologie ; Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 ARTEHIS), encadrement ; Claude Malagoli (docteur, UMR 5138 ArAr Archéologie et Archéométrie Maison de l’Orient et de la Méditerranée), lampes à huiles ; Pierre Mazille (Université de Bourgogne), étude de la métallurgie des alliages cuivreux ; Sylvie Mouton-Venault (Inrap, UMR 7041 Arscan), céramologie (vaisselle commune) ; Amélie Quiquérez (Université de Bourgogne, UMR 6298 ARTEHIS), géoarchéologie
    Equipe de fouilles : Loïc Androuin, Claire Antonmattei, Juliette Brange, Léa Chautard, Marion Courcoux, Juliette Garcia, Estelle Humbert, Marie-Anaïs Janin, Wilfried Labarthe, Chloé Linguanotto, Pierre Mazille, Axelle Migeon, Léa Msica, Timothée Ogawa, Klaudia Sala, Aurore Schneider, Markt Van Horn, Lucile Volk, Julia ZimmermannDates du chantier : 1er-19 juillet 2019Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun.

    Pour continuer d’aborder les problématiques structurelles et artisanales, il a été projeté d’intervenir en 2019 sur la frange orientale du quartier des artisans en limite du sanctuaire, soit à l’opposé des interventions de 2017 et 2018.

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    Le secteur choisi a livré une séquence stratigraphique globalement bien conservée de l’époque augustéenne au milieu du IIIe s. On note, en outre, la présence d’un ensemble assez dense d’infrastructures fossoyées préromaines ne livrant malheureusement qu’assez peu de mobilier dont la datation doit encore être précisée (présence de céramiques modelées de l’Age du Bronze ?). D’autre part, une occupation de la fin du Moyen-Age du début de l’époque moderne (XVe-XVIe s. ?) a été mise en évidence. Les structures médiévales bâties ont relativement peu endommagé la séquence stratigraphique antique. En revanche, dans la partie centrale du décapage, sur environ 200 m², une mise en culture de la même période (maraichage ?) a visiblement conduit à un défonçage important des sols.

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    Pour ce qui concerne l’époque antique, une succession d’unités artisanales a été mise en évidence. Elles sont disposées perpendiculairement à la voie Autun – Bourge à l’intérieur de parcelles étroites et profondes. L’une d’elles, parmi les plus tardives, bien conservée, accueille un atelier de potier du début du IIIe s. recelant l’intégralité des éléments permettant de restituer la chaine opératoire et la nature des productions (bac de décantation, emplacement d’un tour, four, puits, fosses dépotoirs) qui se partagent entre figurines en terre cuite, gobelets en paroi fine engobée et une production plus intimiste de gobelets originaux à décors zoomorphes en relief empruntant à la coroplasthie. Une première impression suggère une production plutôt tournée vers le sanctuaire qui est tout proche. Quant aux unités qui précèdent l’officine de potier, leur production semble essentiellement tournée vers la métallurgie, en particulier des alliages cuivreux. Leur période d’activité semble s’étaler entre le tout début du Ier s. apr. J.-C. (voire la fin du Ier s. av. J.-C. ?) et le IIe s. apr. J.-C. Mais une campagne de fouille complémentaire s’avère nécessaire pour en déterminer précisément les caractéristiques.  

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    Une voirie secondaire d’origine augustéenne d’axe nord-sud marque clairement la séparation entre ces unités de productions et un secteur accueillant un ensemble de bâtiments maçonnés de plan stéréotypé, mais de facture soignée. Situés au sein de parcelles plus larges, indépendants les uns des autres, ils sont organisés le long de l’axe reliant le temple dit de Janus et le théâtre du haut du Verger et sont tournés vers le sanctuaire. L’un d’entre eux, en excellent état de conservation, bien visible sur les cartes géophysiques, a été intégralement dégagé. Son plan très canonique est rectangulaire, avec une grande pièce à l’ouest et trois petites pièces à l’est (pavillons). L’occupation pourrait se partager entre production métallurgique (atelier de bronzier puis surtout forge) à l’intérieur de la grande pièce et comptoir de vente le long de l’axe que l’on pourrait avec audace qualifier de « processionnel ». La fouille a permis de mettre au jour un état bâti antérieur (début du Ier s. apr. J.-C. ?), décalé du précédent vers l’ouest, qui n’était curieusement pas du tout visible sur les clichés aériens ou les prospections géophysiques. Il semble qu’il était consacré à des productions en alliage cuivreux.

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    L’architecture, l’organisation spatiale et la position de ces unités les distinguent de la masse des ateliers situés plus à l’ouest, au-delà de la voie secondaire nord-sud évoquée plus haut. Cette distinction trahie-t-elle un statut particulier ? Il pourrait peut-être s’agir d’un ensemble de tabernae (boutiques et ateliers) édifiés dans le but de doter le sanctuaire de la Genetoye de sources de revenus utiles à son fonctionnement.

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    Villevenard (Marne) : « Les Hauts de Congy » – campagne 2019

    Villevenard (Marne) : « Les Hauts de Congy » – campagne 2019

    L’habitat du Néolithique ancien de Villevenard « Les Hauts de Congy » (Marne) / campagne 2019

    Responsable : Rémi Martineau
    Participation de : Anthony Dumontet et Anthony Denaire
    Dates du chantier : 3 juin au 13 juillet 2019
    Avec la collaboration de : Anne Augereau (Inrap, UMR 7055 Préhistoire et technologie), Pierre Bodu (CNRS, UMR 7041 Arscan), Jean-Jacques Charpy (Conservateur honoraire du musée d’Epernay), Florent Delencre (chercheur associé UMR 6298 ARTEHIS), Anthony Denaire (Université de Bourgogne, UMR 6298 ARTEHIS), Jonathan Desmeulles (MSH Dijon), Anthony Dumontet (CNRS, UMR 6298 ARTEHIS), Patrick Huard (Inrap), Marie Imbeaux (doctorante, UMR 6298 ARTEHIS), Bernard Lambot, Guillaume Lépine
    Equipe de fouille : Julien Bataille, Anysia Belanjon, Cloé Bernier, Jean-Jacques Charpy, Marie Cinqualbre, Iscia Codjo, Ossian Creisson, Lucas Cressini, Aurélien Décaudin,
    Florent Delencre, Louise Derbord, Chloé Doideau, Anthony Dumontet, Antoine Farcette, Clément Goupy, Maelle Lafon, Zélie Laurendeau, Guillaume Lépine, Mathilde Mansuy, Rémi Martineau, Yanis Mokri, Lena Morisse, Tiphaine Pabois-Maumené, Hermine Pillet, Marilou Renard, Manon Ricart, Marie Rouppert, Inès Sanfilippo, Louise Ther, Alexandre Toutzevitch, Anaïs Viennot
    Financeurs : DRAC, Département de la Marne,Communauté d’Agglomération d’Epernay, Coteaux et Plaine de Champagne, et Communauté de communes des Paysages de la Champagne) avec le soutien de la MSH de Dijon.

    Le site de Villevenard « Les Hauts de Congy » a fait l’objet de deux campagnes de fouilles, en 2018 et 2019. Près de 1300 structures ont été relevées sur plan. Cinq bâtiments du Néolithique ancien ont été mis en évidence. Les plans des habitations sont de forme trapézoïdale, ce qui constitue une caractéristique de l’habitat de la culture de Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain. La céramique et les bracelets en roches métamorphiques confirment cette attribution culturelle.

    fig1 VHC 2019 ST18 et ST71

    Douze portions de fosses latérales attenantes à ces maisons ont été fouillées (fig. 1), ainsi qu’une partie des trous de poteaux constituant les tierces. Les plans des maisons de cette culture n’étaient pas connus jusqu’alors en Champagne-Ardenne. La restitution des plans de maisons et de villages constitue un élément essentiel pour la connaissance de l’organisation des communautés du début du Néolithique.

    Les bâtiments sont orientés est-ouest et mesurent une trentaine de mètres de long. Deux orientations légèrement différentes incitent à penser que le site comporte au moins deux phases chronologiques. Ces différences d’orientation, associées à quelques recoupements entre des trous de poteaux, mais aussi entre certaines fosses latérales de construction, montrent que le village a connu plusieurs phases de construction.

    fig2 ST14 COUPE ZA ZB

    Plusieurs fosses comportent des zones de rejets de foyers caractérisés par des concentrations importantes de cendres et de charbons de bois (fig. 2). Ces grandes fosses dépotoirs ont livré des dizaines de milliers de silex taillés, des milliers de tessons de poteries, de la terre cuite provenant sans doute des murs en torchis, du matériel de mouture ou de broyage et des fragments de bracelets. En revanche les ossements ne sont pas conservés.

    En 2020 la poursuite du décapage permettra de compléter les plans des bâtiments identifiés et de chercher s’il existe de nouvelles maisons.

    Martinšćica (Croatie) : l’église paléochrétienne – campagne 2019

    Martinšćica (Croatie) : l’église paléochrétienne – campagne 2019

    Les complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel du Kvarner (Croatie). Campagne 2019 : l’église paléochrétienne de Martinšćica / campagne 2019

    Mission archéologique franco-croate du ministère des Affaires étrangères
    Responsables : Sébastien Bully (UMR ARTEHIS), Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement)
    Participation d’Adrien Saggese (UMR ARTEHIS, étude de la céramique), Jessy Crochat (étude de la sculpture), Lucija Dugorepec (étude anthropologique), Agnès Stock (UMR Chrono-environnement), François Fouriaux (EFR, topographie), Anaïs Deliste (UMR Chrono-environnement, étude anthropologique), Solène Baudin (université de Franche-Comté), Baptiste Brasleret (université de Franche-Comté), Lucas Goncalves (université de Franche-Comté), Lucie Gonçalves (université de Franche-Comté), Camille Albric (université Paris I)
    Et les contributions de Pascale Chevalier (UMR ARTEHIS), Ana Konestra (Institut za arheologiju iz Zagreba), Anthony Dumontet (UMR ARTEHIS, compléments infographiques du plan de Martinšćica), Cyprien Mureau (doctorant-allocataire, UMR ARTEHIS, étude préliminaire des restes de faune de Martinšćica), Sabine Lefebvre (UMR ARTEHIS, épigraphie antique), Marine Rousseau (doctorante UBFC, palynologue), Laurent Popovitch (UMR ARTEHIS, numismatique antique), Mario Novak (Institut d’anthropologie de Zagreb), Matthieu Le Brech (UBFC, restitution 3D), Jelena Behaim et Ivor Kranjec (université de Zagreb)
    En partenariat avec EFR/aIPAK/APAHJ
    Dates de chantiers :
    – du 23 au 26 avril et du 7 au 10 juin : accompagnement archéologique et contrôle des travaux de conservation des vestiges de Mirine ;
     -du 10 au 29 juin : fouilles programmées de l’église de Martinšćica
    Financements : ministère des Affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, École française de Rome

    Résultats

    Après que 2018 ait été exclusivement consacrée aux travaux de conservation des maçonneries en élévation de l’église paléochrétienne de Martinšćica, la campagne de fouille 2019 a porté : 1- sur la nef ; 2- sur les tombeaux du bras sud du transept ; 3- sur la chapelle latérale sud et son annexe. La fouille des deux tiers de la nef a révélé un sol de mosaïque aux motifs géométriques, assez bien conservé sur les côtés, mais fortement endommagé dans la partie centrale. Des vestiges de structures légères sur poteaux, comme des traces de foyers et des rejets de consommation (qui restent à dater et à déterminer) trahissent un abandon de la fonction originelle de la nef et une réoccupation domestique (sporadique ?). L’une des hypothèses de travail est le transfert de la fonction culturelle de l’église dans sa chapelle latérale sud et sa transformation en une sorte de cour intérieure distribuant les différentes annexes-cellules. L’identification « d’unités domestiques », possiblement monastique, dans certaines annexes latérales de l’église a été renforcée cette année par la découverte d’une nouvelle latrine dotée d’une fosse sceptique. Les datations obtenues jusqu’à présent (OSL et C14) situent la construction de ces « cellules » au VIIIe s. et leur occupation jusqu’au XIe-XIIe s. Cette datation tardive est celle que nous retenons également pour l’installation du dernier dispositif liturgique de la chapelle latérale sud du VIe s. (podium du sanctuaire, autel et barrière de chœur). Mais la découverte majeure en 2019 est celle d’un baptistère, antérieur à la chapelle à abside outrepassée. La salle baptismale, adossée contre l’église paléochrétienne, dans l’angle formé par le bras sud du transept et le chœur, peut être datée du Ve s. ; elle conserve une cuve baptismale et une possible fosse à reliques. Dans un second temps, la salle, de plan quadrangulaire, est augmentée d’une abside semi-circulaire. Les tombes maçonnées de type formae découvertes dans le bras sud du transept en 2017 ont été fouillées cette année ; les datations C14 indiqueront si elles sont contemporaines de la chapelle sud ou du baptistère. La villa maritime connexe à l’église a été incidemment documentée par la découverte d’un fragment d’inscription lapidaire – en remploi dans la chapelle sud – mentionnant un nom (du dominus ?) et une probable dédicace à la déesse Diane.

    Martinšćica, vue générale de l’église à la fin de la campagne 2019 (cl. Jelena Behaim et Ivor Kranjec)

    Martinšćica, plan schématique de l’église et de ses annexes, campagne 2019 (cl. JB/IK, plan M. Čaušević-Bully )

    Martinšćica, mosaïque de la nef en cours de fouille (cl. S. Bully)

    Martinšćica, latrine de la « cellule » VIIIb avec sa couverture de dalles (cl. S. Bully)

    Saint-Dizier (Haute-Marne) : « Les Crassées » – campagnes 2017-2019

    Saint-Dizier (Haute-Marne) : « Les Crassées » – campagnes 2017-2019

    Saint-Dizier « Les Crassées » (Haute-Marne) : bilan du deuxième programme triennal / campagnes 2017-2019

    Dates de fouilles : du 06 juin au 07 juillet 2017, du 04 juin au 06 juillet 2018 et du 27 mai au 12 juillet 2019
    Responsables : Raphaël Durost (Chargé de recherches, Inrap, UMR 6298 ARTeHIS), Stéphanie Desbrosse-Degobertière (Chargée de recherches, Inrap, UMR 6273 CRAHAM)
    Collaborateurs : Mathilde Bolou (Université d’Aix-Marseille), Nicolas Delferrière (Université de Bourgogne-Franche-Comté, UMR 6298 ARTeHIS), Anne Delor-Ahü (Inrap, UMR 7041), Serge Février, Cyril Jourdain (Université de Bourgogne-Franche-Comté), Mikaël Sévère, Pierre Testard (Inrap), Marie-Cécile Truc (Inrap, UMR 6273 CRAHAM)

    Le contenu des trois campagnes de fouilles qui viennent de s’écouler est dans le prolongement des précédentes, qui ont lieu chaque année depuis 2011. L’exploration se poursuit en deux secteurs distincts. Le premier, au sud, au sommet du versant de la vallée de la Marne, est le plus riche puisqu’il contient à la fois une occupation domestique antique et une occupation funéraire médiévale longue de sept-cents ans. Le second, au nord, au pied du versant, ne contient que l’occupation antique et, pour l’heure, de maigres éléments médiévaux. En revanche l’état de conservation des niveaux d’occupation et d’abandon est bien meilleure grâce à sa position en pied de pente.

    Figure 1 copie

    L’occupation gallo-romaine

    L’occupation gallo-romaine est donc présente dans les deux secteurs (figure 2). Elle se manifeste par deux bâtiments résidentiels en dur, un dans chaque secteur. Le plus ancien est situé au sud, sur le sommet du versant. La date de sa construction est actuellement située vers le milieu du Ier s. de notre ère. Il est loin d’être intégralement exploré, y compris dans sa partie décapée. Il y a de fortes chances pour qu’il ne subsiste que peu d’éléments d’origine tant l’occupation funéraire postérieure est intrusive à cet endroit.

    Figure 2 copie

    Le bâtiment résidentiel installée plus au nord, au pied du versant, est construit au plus tôt à la fin du IIe s. Il est légèrement désaxé par rapport au précédent. Seule son extrémité sud est actuellement connue (figure 3 et 4), les trois dernières campagnes n’ayant permis de fouiller qu’une partie des strates qui recouvrent les maçonneries des salles balnéaires : elles atteignent 1,60 m en moyenne.
    Ces campagnes montrent que les bains de cette phase sont équipés de deux praefornia, chauffant en tout quatre pièces par hypocauste. Dans un second temps, au plus tôt dans le dernier quart du IIIe s., les salles chauffées sont divisées en deux espaces séparés, toujours avec les deux mêmes praefornia. Une entrée est désormais localisée dans la galerie de façade. Large de 3 mètres, elle permet d’accéder aux bains depuis une cour, et fait face à un escalier descendant dans un des praefornia.

    Figure 3 copie

    Figure 4 copie

    Les strates d’occupation sont particulièrement riches en mobilier, notamment dans le praefornium le plus exploré, où des recharges argileuses alternent avec des couches de cendres, le tout formant un feuilleté chronologiquement précis, qui démontre que la chaufferie fonctionne jusqu’à la fin du IVe siècle. Au-delà, cette partie du bâtiment n’est ni occupée ni entretenue : l’effondrement à plat d’un pan entier de mur scelle les niveaux d’occupation. Dans la galerie de façade voisine, les niveaux d’occupation sont recouverts par la toiture de dalles calcaires effondrée, mêlée à l’enduit peint des murs, manifestement tombé au même moment. Les motifs ne sont pour l’heure pas connus, faute de reconstitution. Seul un moucheté rouge sur fond blanc au niveau des plinthes est avéré, surmonté d’une large ligne rouge marquant probablement le début du registre principal.

    L’occupation mérovingienne

    L’occupation du Ve siècle ne se manifeste pour l’heure que par du mobilier détritique dans les niveaux d’abandon. L’aménagement médiéval le plus ancien reste une sépulture aristocratique du début du VIe siècle, fouillée dans la partie sud en 2015. Les campagnes suivantes permettent en revanche de prouver l’existence d’un bâtiment en dur au même endroit, datant au plus tard du VIIe siècle, qui réinvestit une pièce gallo-romaine excavée (figure 5). Toujours en cours de fouille, elle contient pour l’heure au moins deux phases architecturales dont les murs de pierres ne présentent pas de traces de liant. Sur le fond, une aire rectangulaire de 5 m² est davantage décaissée pour armer le sol d’un radier de gros blocs de calcaire. Hélas le contenu de cet espace est intégralement bouleversé par un creusement postérieur à l’occupation funéraire, manifestement destiné à visiter en détail la pièce. Les fragments d’armes et de bijoux mérovingiens rencontrés dans le sédiment laissé par les visiteurs, ainsi que les nombreux restes humains, laisse deviner la nature des dépôts détruits. La sépulture aristocratique conservée appartient donc probablement à un regroupement élitaire dont le reste est détruit.

    Figure 5 copie

    Les inhumations datées avec certitude de la période mérovingienne sont rares dans le reste de la nécropole. Parmi les huit-cents et quelques étudiées à ce jour, elles ne sont qu’une quinzaine. La difficulté réside dans la destruction d’une majorité d’entre elles par les tombes postérieures mais aussi par l’absence de mobilier d’une autre part, à l’image de celles que des datations radiocarbones révèlent de manière inattendue. A l’inverse, les trois dernières campagnes n’apportent qu’une seule inhumation à scramasaxe et à élément de ceinture métallique. Son emplacement est toutefois à retenir : elle est aménagée contre le mur interprété comme le deuxième état de l’édifice mérovingien, du côté extérieur. Les deux inhumations en arme exhumées lors des campagnes antérieures à 2017 sont d’ailleurs elles aussi toutes proches.

    L’occupation carolingienne et centro-médiévale

    Les conclusions formulées en 2016 au sujet des deux phases architecturales de l’édifice cultuel du IXe au XIIe s. restent inchangées. Seule la mise en évidence d’un léger désaxage des deux plans est à ajouter. En revanche leur environnement est mieux connu. A l’est, autour du chevet du dernier état, les inhumations côtoient deux ossuaires, des constructions sur poteau et des structures de combustion datées du XIe et XIIe s. Mêmes si ces types d’aménagement peuvent exister au cœur de cimetières paroissiaux, ceux des Crassées annoncent probablement la périphérie du cimetière car plus à l’ouest, elles sont totalement absentes. Au même endroit, la préservation de deux états de sol est également à noter. Le plus récent, daté du XIe au XIIIe s., est exclusivement constitué d’un épandage de centaines de kilogrammes de scories de de fer. Il témoigne de la grande quantité de minerai réduit par les habitants de la paroisse après la période carolingienne.

    Les défunts du Moyen âge central constituent à ce jour la majorité des individus datés. Sur les quarante-huit datations radiocarbones réalisées, seules huit sont antérieures au XIe s. Les pratiques funéraires de cette période sont très homogènes à l’exception des orientations. En effet plusieurs tombes, toutes situées dans la partie sud du cimetière, présentent une orientation nord/sud totalement atypique pour cette période. Ce phénomène demandera à être éclairci dans les années à venir. La plupart semble inhumée en cercueil de bois chevillé (rarement cloué) mais certains sont déposés dans des sarcophages antérieurs. D’autres, peut-être plus anciens d’après une des datations radiocarbones, sont allongés dans une bille de chêne évidée, donnant une taphonomie particulière au squelette.
    Si l’absence totale de mobilier d’accompagnement est la règle, quelques exceptions singulières sont à signaler : à ce jour, trois individus adultes sont accompagnés d’une clef en fer volontairement déposée, sous les vertèbres cervicales dans un cas, sous les vertèbres lombaires pour le second et sous le tibias pour le dernier. La signification de ce geste rare demeure inconnue et les comparaisons quasi inexistantes.

    Autun (Saône-et-Loire) : le complexe monumental de la Genetoye – campagnes 2012-2018

    Autun (Saône-et-Loire) : le complexe monumental de la Genetoye – campagnes 2012-2018

    Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la préhistoire au Moyen-Age

    Présentation générale du programme, synthèse des travaux engagés entre 2012 et 2018
    Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
    Responsables scientifiques d’opération en 2018 : Stéphane Alix (Inrap, UMR 6249 Chrono-environnement) Philippe Barral (Université de Franche-Comté, UMR 6249 Chrono-environnement), Franck Ducreux (Inrap, UMR 6298 artehis), Martine Joly (Université de Toulouse, UMR 5608 Traces)
    Principaux participants : Stéphane Alix (Inrap, UMR 6249 Chrono-environnement) Philippe Barral (Université de Franche-Comté, UMR 6249 Chrono-environnement), Franck Ducreux (Inrap, UMR 6298 artehis), Filipe Ferreira (IRAA, USR 3155), Mathias Glaus, Martine Joly (Université de Toulouse, UMR 5608 Traces), Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis), Marie-Noëlle Pascal (Inrap), Matthieu Thivet (Université de Franche-Comté, Université de Franche-Comté, UMR 6249 Chrono-environnement)
    Institutions engagées : Universités de Franche-Comté, de Paris-Sorbonne, de Toulouse ; Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, Service Archéologique de la Ville d’Autun
    Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun.

    Le Programme Collectif de Recherches Autun-Genetoye fédère des équipes pluridisciplinaires autour de trois axes :

    • Analyser l’évolution du milieu naturel et évaluer les modalités d’aménagement de ce terroir contraignant, un secteur inondable.
    • Comprendre la dynamique et les formes d’occupation humaine de la Préhistoire jusqu’au Moyen-âge. Dans ce cadre, la fin de la période laténienne précédant l’implantation de la nouvelle capitale des Eduens bénéficie d’une attention toute particulière.
    • Appréhender le complexe antique à travers son développement, les pratiques cultuelles qui y sont observées et son organisation sur le temps long, sa relation avec la ville antique et sa périphérie (quartier artisanal, nécropoles, établissements ruraux) et les modalités de son abandon.

    Deux équipes ont été convoquées en 2013 pour explorer en aire ouverte, dans le cadre de fouilles pluriannuelles, les deux édifices phares de la panoplie monumentale du complexe, à savoir le temple dit de Janus et le théâtre du haut du Verger.

    Six campagnes de fouilles se sont succédé de manière continue au niveau du temple sous la direction de Martine Joly (professeur des université, Université de Toulouse) permettant l’exploration des abords du monument dans l’emprise de son péribole.

    L’exploration s’est achevée en 2018 par l’investigation de l’intérieur de la cella du grand temple encore conservé en élévation.

    Trois campagnes de fouilles sur le théâtre ont quant à elles été réalisées en 2013, 2014 et 2016 sous la direction de Filipe Ferreira (docteur en archéologie, Université de Paris-Sorbonne).

    Une troisième équipe a été constituée en 2013 dans l’objectif de préciser la chronologie et la fonction des différents espaces reconnus par les prospections géophysiques à l’intérieur du complexe. Six campagnes de fouilles pluriannuelles se sont succédées de manière continue, les quatre premières, entre 2013 et 2016, étant placées sous la direction de Matthieu Thivet (Ingénieur, Université de Franche-Comté). Stéphane Alix (chargé d’études et de recherches, Inrap) lui a succédé en 2017 dans le cadre d’une fouille triannuelle (année probatoire en 2017, première année de la triannuelle en 2018).

    Dans ce cadre, le secteur artisanal a été exploré en 2014 et 2017, et ces deux campagnes complémentaires ont permis d’envisager à l’échelle du quartier la part importante occupée par les productions en terre cuite (il s’agit principalement de vaisselle, mais aussi de figurines et de lampes) à laquelle s’ajoute, dans une moindre mesure, un ensemble de productions variées (forge, travail des alliages cuivreux, tabletterie, boucherie…).

    Un ensemble d’édifices d’époque romaine a également pu être exploré à cette occasion entre 2013 et 2016. Les deux premiers, de plan simple et de taille modeste, se situent à l’interface entre le quartier artisanal et le secteur monumental : l’un fouillé exhaustivement en 2016 a été interprété comme une « boutique », l’autre sondé en 2013 comme une « taverne » jouxtant le théâtre du haut du Verger. Le troisième édifice s’élevait quant à lui dans le secteur monumental et il a été interprété comme un complexe thermal suite à son exploration partielle en 2015.

    Enfin le principal axe viaire traversant le complexe, la voie menant d’Autun à Bourges, a pu bénéficier d’une fenêtre d’intervention en 2018 afin notamment d’en préciser la chronologie. Cette opération a également permis d’appréhender les caractéristiques du canal artificiel limitant l’extension du quartier d’artisans et du système de franchissement de ce canal par la voie précédemment citée, mais aussi de développer un volet paléo-environnemental.

    Une quatrième et dernière équipe, prévue dès le démarrage du programme, n’a pu être constituée qu’en 2017. Elle s’attache à étudier les modalités d’occupation de ce secteur de confluence à la période préhistorique, en explorant dans un premier temps les vestiges de l’enceinte néolithique des Grands Champs dans le cadre d’une fouille pluriannuelle sous la direction de Franck Ducreux (chargé d’études et de recherches, Inrap).

    L’année 2017 a été conçue comme une année a vocation probatoire, dont le but était d’évaluer le potentiel archéologique du site, son état de conservation et sa datation, ouvrant sur une fouille programmée d’une durée de trois ans (2018-2020). Les questions principales s’articulent autour de la chronologie et de l’organisation spatiale du site, mais également de son potentiel scientifique dans une région ou ce type d’aménagement reste méconnu.

     Fig 3 copie  fig4 copie

    fig1

    fig5 copie  fig6 copie 

    fig2 copie

    Autun (Saône-et-Loire) : le temple dit de Janus- Campagne 2018

    Autun (Saône-et-Loire) :  le temple dit de Janus- Campagne 2018

    Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la préhistoire au Moyen-Age / Campagne de fouille 2018 du temple dit de Janus

    Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
    Responsables scientifiques de la fouille : Philippe Barral (Université de Franche-Comté, UMR 6249 Chrono-environnement), Martine Joly (Université de Toulouse, UMR 5608 Traces)
    Principaux participants en 2018 : Rafaëlle Algoud (Université de Toulouse, étude céramologique) ; Valentin Chevassu (Université Bourgogne-Franche-Comté), responsable époque médiévale ; Nicolas Delferrière (Université Bourgogne-Franche-Comté), étude des enduits peints ; Matthias Glaus, architecte antique (Archeotec Lausanne), Stéphane Izri (étude des monnaies) ; Matthieu Thivet (UMR 6249 Chrono-environnement, Besançon), prospection radar ; Christelle Sanchez (UMR 6249 Chrono-environnement, Besançon), prospection radar ; Quentin Verriez (EPCC Bibracte, MSHE Ledoux Besançon), couverture photogrammétrique drone.
    Dates du chantier : 23 juillet au 17 août 2018
    Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun.

    L’intervention à l’intérieur de la cella du grand temple, qui constitue le centre géométrique du sanctuaire sur toute la durée de l’occupation a fourni des données très substantielles sur les occupations antérieures au Moyen-âge, notamment celles relevant de l’époque laténienne, compte tenu de l’excellent état de conservation des preistoireantvestiges. Un sondage réalisé à l’extérieur de la tour centrale, bien qu’exigu, complète quant à lui avantageusement notre connaissance des données planimétriques de l’état 2.

    En revanche, aucun vestige significatif postérieur à la fin du IIIe siècle n’a été détecté sur les deux fenêtres d’intervention, susceptible notamment de préciser les modalités de réoccupation de la tour centrale à la période médiévale.

    Les données concernant l’occupation laténienne du site (état 0) sont particulièrement importantes. En effet, sur la base des résultats des campagnes précédentes, il était possible d’avancer l’existence d’un lieu de culte gaulois faiblement aménagé, sans structures architecturales conséquentes, illustré par des pratiques de dépôt de micro-vases et de monnaies, en faible nombre, et de quelques rares autres objets (fibules, fragments de bracelets). La campagne 2018 a démontré que cette image était erronée et qu’il existait bien un sanctuaire construit, dont les vestiges enfouis sous la cella du grand temple correspondent à deux bâtiments successifs en architecture de terre et bois, volontairement incendiés. Le fait que les objets manifestement déposés matérialisent une aire de dispersion localisée immédiatement à l’est du mur de la cella du grand temple suggère la possibilité que cette dispersion soit associée à une ouverture des bâtiments située côté est.

    La datation de ces deux bâtiments reste vague, en l’absence de mobilier datant. Il faudra attendre les résultats de datations archéométriques pour en savoir plus. On peut toutefois préciser que la construction du tronc monétaire de l’état 1, auquel est associé un corpus d’une quarantaine de monnaies, qui se constitue à partir des années 40/30 av. J.-C., fournit un terminus ante quem pour l’abandon du bâtiment le plus tardif.

    La découverte du tronc monétaire précédemment cité constitue une découverte majeure de la campagne 2018. Il s’agit en effet d’un des très rares exemples en Gaule illustrant ce type de structure, destiné à rassembler des offrandes monétaires de faible valeur. Son mode de construction qui met en œuvre la pierre sèche (non équarrie), le bois, sous forme de madriers, et la terre, l’inscrit pleinement dans la physionomie architecturale de l’état 1, période d’occupation augusto-tibérienne, renseignée par des données très lacunaires lors des campagnes précédentes. Il ne restait aucune trace du bâti associé à ce tronc dans la fenêtre d’intervention, qui est localisé hors emprise de la fouille ou bien arasé entièrement lors de la construction du sanctuaire de l’état 2.

    La cella du temple de l’état 2 (second tiers du Ier s.) a également été retrouvée sous la cella conservée en élévation. Le sol en parfait état de conservation est constitué d’un béton réalisé à partir de fragments d’amphores dont la surface est rehaussée de rouge. Le tracé du mur occidental de la cella, conservé à l’état de lambeau, a pu être précisé. Le temple est entouré d’un péribole périphérique dont l’angle sud-ouest a été découvert dans le sondage extérieur.

    L’état 3 (construction vers 70), correspond au sanctuaire à péribole et galerie périphériques associé à la cella du temple encore partiellement en élévation, a pu être subdivisé. Dans un premier temps l’intérieur de la cella comporte un sol pavé de dalles de calcaire de plein pied par rapport à la galerie périphérique. Il n’en reste que le mortier de pose en mortier de tuileau dans lequel se dessinent les négatifs des dalles récupérées dès la période antique. Les soubassements maçonnés d’un dispositif à usage indéterminé particulièrement massif (piédestal ?), déjà repérés au XIXe s. par J.-G. Bulliot lors de ses investigations, ont été découverts. Par la suite, le sol de circulation de la cella est significativement rehaussé, travaux qui s’accompagnent d’une reprise en profondeur du bâti de la tour centrale et de la construction d’un escalier monumental dont les fondations ont été mise en évidence par le passé. Les indices font cependant défaut et l’archéométrie sera convoqué afin de préciser, là aussi, la chronologie.

    Malheureusement les horizons de l’époque médiévale ont été intégralement écrêtés, peut-être par les investigations de J.-G. Bulliot, voire plus vraisemblablement à date plus ancienne. La datation de l’état médiéval 1, caractérisé par la présence d’un fossé d’enceinte et de structures associées correspondant à un encastellement de la cella du grand temple, actuellement comprise entre le XIe et le XIIIe s. sera difficile à préciser.

    Janus1 copie

    Janus2 copie

    Janus3 copie

    Autun (Saône-et-Loire) : quartier artisanal – campagne 2018

    Autun (Saône-et-Loire) : quartier artisanal – campagne 2018

    Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la préhistoire au Moyen-Age / Campagne de fouille 2018 du quartier artisanal

    Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
    Responsable scientifique de la fouille : Stéphane Alix (Inrap, UMR 6249 Chrono-environnement)
    Principaux participants :  Marie-Noëlle Pascal (Inrap), Co-directionLoïc Androuin (Université de Bourgogne) / coroplastieFrançois,  Blondel (docteur, UMR 6298 artehis), dendrochronologie / xylologie, Laure Cassagnes (Université Panthéon-Sorbonne)/ instrumentum, Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)/ encadrement, Claude Malagoli (docteur, UMR 5138 ArAr : Archéologie et Archéométrie, Maison de l’Orient et de la Méditerranée) / lampes à huiles, Sylvie Mouton-Venault (Inrap, UMR 7041 Arscan) / céramologie
    Dates du chantier : 25 juin-13 juillet 2018
    Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun.

    L’intervention proposée en 2018 a permis de poursuivre l’analyse du secteur engagée en 2017 en périphérie occidentale du complexe artisanal.

    Il a été question dans un premier temps d’achever l’étude de la production céramique issue de l’atelier fouillé lors de la campagne précédente.

    Sur le terrain, l’équipe s’est attelée à fouiller finement la zone stratifiée dans la partie méridionale de la fenêtre de fouille de 2017 afin de dégager les occupations et vestiges artisanaux les plus précoces qui précédent l’atelier de potier du Ier s. apr. J.-C. L’un des puits découverts dans la cour de cet atelier de potier a pu être fouillé mécaniquement et des échantillons sédimentaires ont pu être prélevé à la base du comblement en vue d’analyses paléo environnementales.

    La fenêtre de fouille a été élargie vers l’ouest afin de dégager les vestiges de la voie menant d’Autun à Bourges, traversant le complexe d’est en ouest. L’état augustéen de la voirie a pu être bien caractérisé. Il est précédé par des éléments de structuration fossoyés de même orientation que l’axe viaire dont la datation est située dans une fourchette large comprise entre la fin de l’époque tardo-laténienne et l’époque augustéenne. L’attestation d’une voie précoce fait écho aux découvertes d’aménagements cultuels tardo-laténiens –antérieurs à la création de la ville – sous le temple dit de Janus.

    La jonction entre la structure hydraulique ceinturant le complexe d’époque romaine et l’axe viaire a pu être dégagé et la présence d’un système de franchissement en bois a pu être mise en évidence. Un ensemble de bois d’œuvre, conservé dans le comblement inférieur du canal, hydromorphe, a pu être prélevé à des fins d’analyse (technologie de mise en œuvre, dendrochronologie). Une série de prélèvements sédimentaires a pu également être réalisé dans cette couche hydromorphe afin d’être versé au dossier paléo-environnemental (colonne pollinique, macro-restes). Ce canal pourrait être assez précocement installé (début du Ier s. apr. J.-C.). Sa principale fonction semble être de canalisé les eaux du bassin du Ternin, au nord, vers l’Arroux, afin de protéger la zone du sanctuaire. Il est remanié au à la fin du IIe s. apr. J.-C. ou au début du IIIe s. apr. J.-C. par un remblaiement partiel du fond. Un fossé latéral aménagé dans ce remblai permet un écoulement constant sur une largeur réduite. Sur le reste de la largeur du canal, les remblais dont la surface est empierrée permettent un écoulement large en cas de crue, le canal restant suffisamment profond. Le franchissement se fait sans doute par un nouveau système : un pont assis sur des piles installées dans les berges. A la fin du IIIe s. apr. J.-C. ce système, qui s’est ensablé, n’est plus entretenu (présence de grandes fosses dépotoirs). Le passage de la voie vers Bourges se fait par un gué bien empierré, qui descend dans le lit du canal. Ce dernier finit par s’ensabler complètement, de façon plutôt lente, entre la fin de l’Antiquité et l’époque moderne ou une voie passe par-dessus son comblement. Entre les deux, un appui en pierres sèches pour un pont est installé au milieu du chenal à une époque indéterminée (début du Moyen Âge ?).

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    Seveux (Haute-Saône) : le bourg castral du « Pré Bouché » – campagne 2018

    Seveux (Haute-Saône) :  le bourg castral du « Pré Bouché » – campagne 2018

    Seveux (70), le bourg castral du « Pré Bouché »

    Responsables : Adrien Saggese (Chercheur associé, UMR 6298 ArTeHis), Valentin Chevassu (Doctorant, UMR 6249 Chrono-environnement)
    Participation de : Matthieu Thivet (UMR 6249 Chrono-environnement), Christelle Sanchez (chercheuse associée, UMR 6249 Chrono-environnement), Thomas Chenal (DPH ville de Besançon, chercheur associé, UMR 6298 ArTeHis), Amélie Berger (Doctorante, EA 2273 laboratoire des Sciences Historiques)
    Dates de chantier : Juin 2018
    Financement : DRAC

    Cette agglomération antique mentionnée dans l’Itinéraire d’Antonin se développe en bordure de la grande voie Besançon-Langres, au carrefour avec la Saône. Le site est connu depuis le XIXe siècle et semble fonctionner de pair avec la grande villa de Membrey située à environ 600 mètres au nord-ouest. Si la villa a été appréhendée au milieu du XIXe siècle (Matty de Latour 1847), l’agglomération a fait l’objet de nombreuses fouilles de sauvetages entre les années 1970 et 1990 (Faure-Brac 2002) accompagnées d’une reconnaissance de son environnement par une série d’opérations de prospections pédestres (Faure-Brac 2002). Ces dernières auront permis d’identifier un nombre conséquent de sites dans la périphérie de l’agglomération. Ces découvertes font l’objet d’une notice de synthèse dans le cadre du PAS Agglo CENE (Venault et al. à paraître). Le secteur est toujours occupé à l’Antiquité tardive comme le laisse envisager des réaménagements domestiques au sein de l’agglomération et la découverte d’un trésor monétaire du IVe siècle dans la villa. Une inhumation en coffrage de tuile à l’extrémité est de l’agglomération vient conforter l’hypothèse d’une continuité de l’occupation. Le haut Moyen Âge est quand à lui représenté par un espaces funéraire au lieu-dit « Au Village » (Bonvalot 1993). A cela s’ajoute une structure en creux découverte en 2007 à une centaine de mètres et interprétée comme un « fond de cabane » (Gaston 2007). Un large fossé entourant l’actuel château en rive gauche de la Saône a été relevé anciennement en photo aérienne, laissant entrevoir une possible occupation castrale ancienne.

    Seveux (70), « Pré Bouché », cliché aérien du secteur du château et des différentes anomalies de croissances liées à la basse-cour.

    Une acquisition photogramétrique large a été effectuée afin de préparer un MNT du secteur à même de servir de support aux projections des différentes acquisitions. Ce MNT vise également à préciser si des anomalies micro-topographiques auraient pu correspondre à celles mises en évidences par la reconnaissance aérienne. Une prospection magnétométrique de plus d’1,9 hectare a ciblé l’espace interprété comme la basse-cour du château médiéval au lieu-dit « Pré Bouché ». De nombreuses anomalies anthropiques ont ainsi été repérées, notamment un carroyage interprété comme un espace de jardin ou de verger, peut-être de la période Moderne. L’enceinte apparaissant en photographie aérienne a pu être délimitée et pourrait être constitué de deux importants massifs maçonnés séparées par un fossé. Une prospection électromagnétique extensive a mis en évidence la présence d’un bras mort de la Saône aux abords ouest de l’enceinte castral. Une anomalie dans la continuité de cette enceinte pourrait indiquer une adaptation de cette dernière pour passer au-dessus de ce bras mort.

    Des sondages de vérifications sont envisagés en 2010 pour vérifier les anomalies repérées en géophysique. La priorité à l’heure actuelle est une étude de bâti de la tour médiévale toujours en élévation qui pourrait présenter des éléments relatifs XIIe siècle.

    anomalies magnétiques relevées sur le secteur de la basse-cour du château.

    Gigny et Baume-les-Messieurs (Jura) : monastères – campagne 2018

    Gigny et Baume-les-Messieurs (Jura) : monastères – campagne 2018

    Les avant-nefs clunisiennes du Jura : monastères de Gigny et de Baume-les-Messieurs / campagne 2018

    Coordination : Christian Sapin et Sébastien Bully (UMR ARTEHIS)
    Titulaire de l’autorisation de sondage : Matthieu Le Brech (Baume-les-Messieurs) et Christian Sapin (Gigny)
    En partenariat avec : l’APAHJ (Saint-Claude) et le CEM (Auxerre)
    Participation de : Georgie Baudry, Mélinda Bizri (UMR ARTEHIS), Sébastien Bully (UMR ARTEHIS), Morana Čaušević-Bully (université de Franche-Comté-UMR Chrono-environnement), Thomas Chenal (UMR ARTEHIS), Anaïs Deliste, Gilles Fevre (CEM), Fabrice Henrion (CEM-UMR ARTEHIS), Adrien Sagesse (UMR ARTEHIS), Christian Sapin (CEM-UMR ARTEHIS)
    Dates des opérations : Baume-les-Messieurs, du 29 juin au 6 juillet 2018 ; Gigny, du 13 au 20 septembre 2018
    Financements : Ministère de la Culture-DRAC Franche-Comté, Conseil départemental du Jura, Communes de Gigny et de Baume-les-Messieurs

    Objectifs et résultats :

    En comparaison avec l’avant-nef de Cluny II, Christian Sapin a depuis longtemps attiré l’attention des chercheurs sur celle disparue de Gigny, localisée par des prospections géophysiques au début des années 2000. Et plus récemment, c’est à Baume-les-Messieurs qu’un massif occidental a également été révélé par la géophysique et confirmé par un premier sondage réalisé en 2011 dans le cadre du PCR « Monastères en Europe occidentale ». Mais dans un cas comme dans l’autre, la datation des deux dispositifs occidentaux, leur état de conservation, leur plan et leur parti architectural nous échappaient encore. À l’image des sondages que nous avions ouverts dans les chœurs de ces deux édifices en 2009, il s’agissait de reproduire des interventions limitées dans l’espace et le temps (deux semaines), mais qui devaient contribuer à la connaissance de ces deux sites importants du monachisme bénédictin et clunisien. Les sondages de Gigny et de Baume devaient permettre d’apprécier la présence de dispositifs occidentaux disparus depuis la fin du Moyen Âge, mais surtout, ils devaient permettre d’en suggérer les partis architecturaux, avec leurs corollaires de questionnements sur leurs origines et leurs fonctions liturgiques constitutives de l’architecture clunisienne ou redevables à d’autres « traditions ».

    Baume-les-Messieurs

    Le choix d’un large sondage (6 x2 m) au-devant du portail de la nef était motivé par les cartes géophysiques qui pouvaient laisser supposer la présence d’une abside occidentée, à l’imitation des westwerks carolingiens ou ottoniens. La fouille a infirmé cette hypothèse, tout en révélant d’autres structures susceptibles d’appartenir à une avant-nef. En premier lieu, le portail gothique succède à un portail antérieur, reconnu à travers un emmarchement et l’amorce des piédroits. Ce dernier, de par sa situation et ses dimensions, appartenait vraisemblablement à une façade interne – transformée en façade externe depuis le XVe s. – entre la nef romane actuelle et l’avant-nef disparue. En outre, l’emmarchement recouvre toute une séquence stratigraphique de niveau de sol de mortier et en terre battue à mettre en relation avec un dispositif occidental antérieur ou appartenant à un premier état de l’avant-nef. Ces sols recouvrent une sépulture en coffre maçonnée datée par C14 entre 900 et 1030 dont on ne sait si elle prend déjà place dans un édifice ou si elle en occupe le parvis extérieur. Au total, ce sont onze sépultures, pour l’essentiel en coffres de pierre, qui ont été fouillées sur la surface du sondage. La plus récente, en pleine terre, est datée par C14 entre 1320 et 1440 ; cette datation conforte l’hypothèse, suggérée par des sources d’archives, d’une démolition de l’avant-nef sous l’abbatiat d’Henri de Salins entre 1431 et 1450.

    Tout en écartant certaines hypothèses, les résultats du sondage plaident fortement en faveur de la présence d’une avant-nef contemporaine du dernier état de la nef romane (du XIIe s.) ; son plan comme son parti architectural nous échappe, mais il est en revanche assurée que la façade occidentale – jusqu’alors localisée par la géophysique à l’emplacement de ce qui s’est révélé être une ancienne canalisation – doit être repoussée vers l’ouest, formant ainsi une vaste avant-nef à l’image des galilées clunisiennes. Enfin, on retiendra que la stratigraphie et un plan d’inhumation précoce suggèrent l’hypothèse d’un dispositif antérieur, datable des Xe-XIe s.

    Baume-les-Messieurs, vue générale du sondage au pied de la façade de l’abbatiale (cl. S. Bully)

    Baume-les-Messieurs, relevés des sondages et proposition de restitution de l’emprise de l’avant-nef (dessin M. Le Brech)

    Gigny

    En se fondant sur les résultats des deux petits sondages ouverts sur le parvis – dans le prolongement du mur gouttereau sud de la nef et à l’emplacement supposé de la façade de l’avant-nef – croisés avec les cartes géo-radar, il est possible de proposer le plan d’une avant-nef de trois travées de 11,30 m de longueur par 16,50 m de largeur. L’avant-nef serait subdivisée par quatre piliers au centre avec ressaut, et pilastres dans les murs gouttereaux des bas-côtés. Cette structure, et sa maçonnerie proche de la mise en œuvre de l’église elle-même, autour de Mil (sur la base de datations C14), attestent des liens maintenus avec l’abbaye de Cluny, et permettent de compléter la réflexion sur la construction et l’usage du modèle d’avant-nef à usage liturgique initié par Cluny.

    Gigny, sondage 8, vue générale du sondage et de l’élévation de la façade de la nef (cl. F. Henrion, CEM 2018)

    Port-sur-Saône (Haute-Saône): le castrum de l’Antiquité tardive – campagne 2018

    Port-sur-Saône (Haute-Saône):  le castrum de l’Antiquité tardive – campagne 2018

    Port-sur-Saône (70), le castrum de l’Antiquité tardive

    Responsable : Adrien Saggese (Chercheur associé, UMR 6298 ArTeHis), Valentin Chevassu (Doctorant, UMR 6249 Chrono-environnement)
    Participation de : Matthieu Thivet (UMR 6249 Chrono-environnement), Christelle Sanchez (chercheuse associée, UMR 6249 Chrono-environnement), Axelle Grzesznik (Master, UFC), Amélie Berger (Doctorante, EA 2273 laboratoire des Sciences Historiques)
    Dates de chantier : février, 2-13 juillet 2018
    Financement : DRAC

    Identifié par la Noticia Galliarum comme le chef-lieu du Pagus Portuensis, Port-sur-Saône est principalement reconnue pour la grande villa du Magny implantée sur la rive droite de la Saône et fouillée au XIXe siècle par Auguste Galaire. Ce site colossal de 15,4 ha (Ferdière et al. 2010) entouré de nombreux établissements ruraux antiques semble à lui seul générer l’activité du secteur (Faure-Brac 2002). La nomination du site comme chef-lieu de Pagus apparaît vraisemblablement durant l’Antiquité tardive, au moment où semble péricliter l’occupation de la grande villa (Gaston 2006). La présence d’une fortification maçonnée attribuable à l’Antiquité tardive sur la rive gauche de la Saône et la mention d’un ancien castrum à Port-sur-Saône en 1050 (Faure-Brac 2002) semble indiquer un transfert du pôle aristocratique à cette période. Cette création pourrait justifier la nomination du Portus Abuccinus à la tête du Pagus. L’occupation médiévale est quant à elle marquée par deux espaces funéraires à sarcophage, un premier situé à environ 150 m au nord du castrum, et le second sous la chapelle Saint-Valère sur la rive droite.

    Il semble donc particulièrement important de comprendre les modalités d’évolutions de la grande villa du Magny et du castrum et de comparer la chronologie de ces deux sites afin de préciser, ou pas, une articulation entre les deux. La bipartition du site entre la partie haute du castrum et la partie basse de Saint-Valère présente un schéma d’occupation original qui mériterait d’être précisé.

    Résultats :

    Pour se faire, nous avons dans un premier temps dépouillé la documentation ancienne, notamment les plans, relevés et illustrations des travaux des érudits du XIXe siècle et en particulier

    l’exceptionnel album Galaire  Ce dernier a effectué de nombreuses fouilles sur le territoire de la commune dans le courant du XIXe siècle et à consigné ces recherches dans un magnifique album aquarellé. La partie texte a disparu dans un incendie, il n’en reste aujourd’hui que les plans et illustrations du mobilier. La qualité de ces relevés et de ces peintures en fait un document de choix, c’est pourquoi une identification systématique du mobilier représenté sur ces planches a été entreprise. Elle a permis d’apporter des arguments important quand à une occupation tardive de la partie résidentielle de la grande villa « du Magny ».

    Extrait d’une planche de mobilier de l’album Galaire

    La totalité des opérations de terrain 2018 ont ciblé le supposé castrum de l’Antiquité tardive. Une reconnaissance large du secteur par un drone équipé d’un capteur LiDAR a permis la création d’un Modèle Numérique de Terrain (MNT) et la délimitation du rempart. Une prospection géophysique magnétométrique a été effectuée sur une surface de plus de 2500 m² au sein de l’espace enceint.

    synthèse des opérations effectuées en 2018 sur le secteur du castrum de Port-sur-Saône (70).

    De nombreuses anomalies d’origine vraisemblablement anthropique ont été repérées mais présentant une orientation divergente de celle de la fortification. Des sondages devraient être effectués au cours des missions suivantes afin de préciser la nature de ces anomalies. Pour conclure cette campagne, un nettoyage d’une section de rempart percée par un chemin communal a permis de mettre au jour une section de 6,50 m de large pour une hauteur maximum conservée de 10 assises, le tout intégralement maçonné. Le massif de fondation à livré les négatifs d’une ossature interne formée de poutres entrecoisées. La largeur exceptionnelle de cette section invite à l’interpréter comme la coupe d’une tour en saillie ou d’un système de porterie. Le mobilier collecté va dans le sens d’une construction du IVe siècle de notre ère.

    Section de rempart dégagée en juillet 2018

    Les investigations devraient se poursuivre de 2019 à 2021 à travers le dépôt d’un projet de PCR. Elles débuteront en 2019 par un sondage de vérification à 300 m au nord du site, afin de localiser les fouilles effectuées par Galaire au XIXe siècle. Ce dernier avait alors dégagé un bâtiment quadrangulaire d’une vingtaine de mètres de côté et au moins 4 sarcophages du haut Moyen Âge. Il sera alors également possible de tenter de restituer la stratigraphie de ce secteur.

    Autun (Saône-et-Loire) : enceinte néolithique des Grands champs – campagne 2018

    Autun (Saône-et-Loire) : enceinte néolithique des Grands champs – campagne 2018

    Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, S&L) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux-Ternin de la préhistoire au Moyen-Age / Campagne de fouille 2018 de l’enceinte néolithique des Grands champs

    Coordination du PCR : Yannick Labaune (service archéologique de la ville d’Autun, UMR 6298 artehis)
    Responsable scientifique de la fouille : Franck Ducreux (Inrap, UMR 6298 artehis)
    Principaux participants : A. Girot (Université de Bourgogne) ; A. Goutelard (Inrap) A.Tisserand (Service archéologique de la ville d’Autun).
    Dates du chantier : 09-27 juillet 2018
    Financements : DRAC, avec le soutien de Bibracte EPCC, de l’Inrap et de la ville d’Autun

    La campagne de 2018 comporte deux volets.

    Le premier d’entre eux s’est intéressé à étendre la fenêtre de fouille ouverte en 2017 en périphérie orientale de l’enceinte, en direction du nord-ouest, et ce sur une superficie sensiblement équivalente à l’ouverture de l’année précédente (environ 750 m²). La poursuite des dispositifs de fossés et palissades périphériques a été reconnue. A l’instar de la campagne précédente, les vestiges d’un bâti sur poteaux plantés à l’intérieur de l’enceinte ont pu être observé à proximité de la palissade. On notera que les constructions dégagées à l’intérieur de l’enceinte lors des deux campagnes de fouilles respectent l’orientation du tronçon de palissade contre lequel ils sont implantés, suggérant ainsi leur contemporanéité. Cela permet de palier à l’absence de mobilier à l’intérieur du comblement des trous de poteaux. Le mobilier piégé dans les structures fossoyées périphériques est similaire à celui récolté l’année précédente. Dans l’état actuel du dossier documentaire les structures, notamment la palissade et les différents fossés, mais aussi les aménagements intérieurs de l’enceinte, paraissent contemporaines et renvoient toujours à la culture chasséenne.

    Le second volet a permis l’ouverture d’un sondage limité à une centaine de mètres carrés sur le tracé d’une des grandes structures longilignes et renflées à l’une de leurs extrémités, reconnues dans le périmètre de l’enceinte par les clichés aériens et la prospection géophysique. L’objectif de l’intervention était d’en préciser la nature, la chronologie et l’état de conservation de ces vestiges parfois assimilées à des structures funéraires de type « Passy ». La fouille a permis d’écarter de manière définitive cette hypothèse et montrer qu’il s’agissait plutôt de gravières, peut-être tardo-laténiennes ou antiques (augustéennes ?).

    Vue aérienne localisant les différentes fenêtres de fouille ouvertes dans le cadre du programme de recherches en 2018. DAO Y. Labaune, d’après cliché aérien de Q. Verriez, Université de Franche-Comté

    Campagne de fouille menée en 2018 sur l’enceinte des Grands Champs, au premier plan les trous d’installation des poteaux de la palissade. Cliché A. Maillier, Bibracte EPCC

    Vue arienne de la fenêtre de fouille ouverte en 2018 sur l’enceinte des Grands Champs en fin d’opération. Cliché aérien de Q. Verriez, Université de Franche-Comté

    Jonvelle (Haute-Saône) : réévaluation du potentiel archéologique de la commune – campagne 2018

    Jonvelle (Haute-Saône) : réévaluation du potentiel archéologique de la commune – campagne 2018

    Jonvelle (70), réévaluation du potentiel archéologique de la commune

    Responsable : Adrien Saggese (Chercheur associé, UMR 6298 ArTeHis), Valentin Chevassu (Doctorant, UMR 6249 Chrono-environnement), Thomas Chenal (DPH ville de Besançon, chercheur associé, UMR 6298 ArTeHis)
    Participation de : Axelle Grzesznik (Master, UFC), Amélie Berger (Doctorante, EA 2273 laboratoire des Sciences Historiques)
    Dates de chantier : 16-20 juillet 2018
    Financement : DRAC

    Le site de Jonvelle est principalement connu pour son complexe thermal antique lié à un établissement rural de type « villa ». Elle fut fouillée à partir de la fin des années 1960 par l’abbé Descouvrières puis à partir de 1986 avec la collaboration de Nathalie Bonvalot et est aujourd’hui classée au titre des Monuments Historiques. Ces fouilles auront permis de mettre en évidence deux voies autour de la pars urbana de la villa ainsi qu’une petite occupation sur poteau datée de l’Antiquité tardive au nord-est de la zone de fouille. L’occupation du site est suggérée jusqu’au VIIIe siècle de par la découverte d’une canalisation réemployant des fragments de sarcophages mais l’espace thermal est réaménagé dès l’Antiquité tardive, vraisemblablement pour une fonction domestique. À environ 600 mètres en contrebas de la villa, un atelier de tuiliers/potiers a été fouillé par Fabrice Charlier et Nathalie Bonvalot. La dernière fournée de tuile a été datée par archéomagnétisme des années 190. La production potière quant à elle pourrait perdurer plus longtemps, peut-être jusqu’au début du IVe siècle d’après la description des cruches qui y sont produites. Une motte castrale domine le village actuel et est coiffée des ruines de la seigneurie de Jonvelle. Finalement, le village actuel est doté d’une église prieurale et paroissiale dépendant de l’abbaye de Luxeuil-lès-Bains au moins au XIIe siècle. La découverte d’un sarcophage en plâtre au niveau du bas-côté nord laisserait supposer une construction plus précoce et le développement d’un bourg en parallèle de celui d’un bourg castral dans un méandre de la Saône barré par la motte au nord-est du village actuel.

    Cette configuration originale amène à plusieurs interrogations. A t’on un déplacement de l’occupation de la villa antique jusqu’au site castral et au village actuel ? Quels sont les modalités et la chronologie d’apparition de ces occupations sur les différents secteurs de la commune ?

    Pour y répondre, plusieurs opérations de différentes natures ont été menées. Afin de topographier au mieux les vestiges conservés de la villa des « Jourdaines », une acquisition photogramétrique des vestiges conservés a été effectuée. Au-delà de l’intérêt topographique de cette acquisition, cette dernière a été offerte à l’association « Le Foyer » (https://sites.google.com/site/museejonvelle/home), propriétaire du site, afin de servir de support de médiation. Avec l’aval de ces derniers, un inventaire synthétique du mobilier céramique issu des fouilles anciennes de la villa a été effectué et a abouti à des résultats de premier ordre ; une remarquable diversité d’importations céramiques de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge a ainsi pu être mise en évidence, témoignant d’une occupation en continu du site entre le Ier siècle avant J.-C. et les IXe-Xe siècle. À 600 m à l’ouest de la villa, une parcelle dont le toponyme « Les Cuves », aurait pu correspondre à un espace funéraire mérovingien a été prospectée systématiquement. Les murgers environnants ont également été inspectés mais n’ont livré aucune trace d’une occupation ancienne. Une dernière opération de prospection urbaine a été menée afin de référencer tous les bâtiments du bourg ancien réemployant des éléments architecturaux médiévaux et modernes, permettant de localiser l’emprise du bourg médiéval et les remplois issus du démantèlement du château.

    acquisition photogramétrique du secteur des thermes de la villa « des Jourdaines »

    Dans le cadre du PCR débutant en 2019, les investigations vont se poursuivre. L’étude du mobilier métallique et numismatique conservé au musée de site de la villa sera effectuée afin de compléter l’étude céramologique. Un relevé topographique des vestiges de la forteresse médiévale sera entreprise afin de permettre l’étude de son organisation. En parallèle, des prospections subaquatiques vont être effectuées dans le méandre de la petite Saône délimitant le bourg médiéval, par l’équipe d’Annie Dumont (UMR 6298 ARTEHiIS) dans le cadre de son PCR « Les cours d’eau en Bourgogne-Franche-Comté, patrimoine immergé et évolution des hydrosystèmes sur la longue durée ».

    Saint-Pierre d’Osor (Croatie) : sites ecclésiaux insulaires – campagne 2018

    Saint-Pierre d’Osor (Croatie) : sites ecclésiaux insulaires  – campagne 2018

    Saint-Pierre d’Osor et les monastères et sites ecclésiaux insulaires dans l’archipel du Kvarner (Croatie) / Campagne 2018

    Mission archéologique franco-croate du ministère des Affaires étrangères
    Responsables : Sébastien Bully (UMR ARTEHIS), Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement)
    Participation de : Thomas Chenal (UMR ARTEHIS), Adrien Saggese (UMR ARTEHIS, étude du mobilier amphorique), Mélinda Bizri (UMR ARTEHIS), Jessy Crochat, Lucija Dugorepec, Valentin Chevassu (UBFC-UMR Chrono-environnement), Matthieu Le Brech (UBFC), Agnès Stock (UMR Chrono-environnement), Georgie Baudry (UBFC), Maxime Bolard (UBFC) et les contributions de Pascale Chevalier (UMR ARTEHIS), Mia Rizner, Miroslav Vuković, Stéphane Gioanni (professeur, Université Lyon 2-UMR HISOMA), Konestra Ana (Institut za arheologiju iz Zagreba), Laurent Popovitch (Mdc, UBFC-UMR ARTEHIS, numismatique antique), Anthony Dumontet (UMR ARTEHIS, compléments infographiques du plan de Martinšćica), Cyprien Mureau (doctorant-allocataire, UMR ARTEHIS, étude préliminaire des restes de faune de Martinšćica)
    En partenariat avec :  aIPAK/APAHJ
    Dates de chantiers :
    – du 9 au 20 avril : fouilles programmées-chantier-école de Mirine-Fulfinum dans le cadre du volet « Monachisme insulaire » et du projet de parc archéologique de la commune d’Omišalj ;
    – du 1er au 3 juin : organisation à Osor des 7ème journées internationales d’étude monastiques « Saint-Pierre d’Osor (île de Cres) et le monachisme bénédictin dans l’espace Adriatique » ;
    – du 16 au 20 juillet : accompagnement archéologique et contrôle des travaux de conservation des vestiges de l’église de Martinšćica
    Financements : ministère des Affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, École française de Rome, Commune d’Omišalj, Région de Primosko-Goranska, Caritas veritatis foundation

    Résultats

    La campagne 2018 a marqué une étape importante dans la progression des recherches menées sur le monastère Saint-Pierre d’Osor (depuis 2006). En effet, au terme des 12 campagnes qui ont permis de fouiller la totalité de l’église Saint-Pierre, son environnement immédiat et près de 550 sépultures, nous avons fait le choix de suspendre les recherches sur le terrain afin de nous consacrer au traitement d’une importante documentation, en prévision de la publication monographique des riches résultats. L’organisation d’un colloque à Osor au début du mois de juin – placé sous l’égide des Journées internationales d’études monastiques –, a permis d’aborder un grand nombre de points intéressant directement la préparation de la publication monographique. À ce stade de l’avancée de nos recherches sur Saint-Pierre d’Osor, il nous avait semblé opportun et nécessaire de contextualiser le site par une approche élargie du monachisme bénédictin dans l’Adriatique, tout en soumettant nos réflexions à un aréopage de spécialistes de la question, archéologues, mais également historiens. En effet, le constat énoncé depuis plusieurs années de l’indigence des sources historiques – sinon de leur crédibilité – concernant les origines de la fondation, nécessitait de solliciter des historiens des sources écrites afin d’engager une véritable révision historiographique.

                Le second volet de la mission sur les complexes monastiques et ecclésiaux de l’archipel (depuis 2010) a principalement porté sur la poursuite de la fouille du secteur dit de « l’église à trois absides » de Mirine-Fulfinum, sur l’île de Krk. Engagé en 2016, le chantier-école 2018 du petit complexe suburbain – « villa antique» remplacée par une église des IXe-XIe s. (fouillée dans les années 2000) – a permis l’achèvement de la fouille de l’Espace 4.1d et la poursuite de la fouille de la cour sud (esp. 4.1h). Cette dernière a révélé un aménagement de pressoir à huile et de cuves. L’étude en cours d’un abondant mobilier céramique, appartenant à des ensembles clos formant une remarquable stratigraphie pour la région, plaide fortement en faveur d’une construction ex-nihilo et d’une occupation que l’en situe désormais entre la fin IVe-début Ve s. et le milieu du VIe s. Ces datations sont largement confirmées par le monnayage. La prise en compte de l’instrumentum, dont le peigne liturgique paléochrétien – découvert en 2017 et désormais restauré – ainsi que des fibules cruciformes, témoigne assurément d’une occupation élitaire. Aussi, et contrairement à nos toutes premières hypothèses de travail, nous pourrions être en présence d’une « résidence ecclésiale » – faute de ne pouvoir parler, à ce stade des recherches, de domus ecclesia – en lien avec la proche basilique paléochrétienne de Mirine. L’étude du mobilier céramique a été complétée par celle des amphores provenant de la fouille des mausolées de l’Antiquité tardive (fouilles 2012 à 2014) découverts au chevet de la basilique paléochrétienne. La sculpture provenant du site (tous secteurs confondus) a été cataloguée avant d’être étudiée.

                Après les trois campagnes de fouilles sur l’église de Martinšćica menées entre 2015 et 2017, nous avons convenu de consacrer l’année 2018, d’une part, à la mise à jour de la documentation (infographie du plan pierre à pierre, catalogue de la sculpture, étude de faune, datation archéométrique etc.) et d’autre part, à la poursuite des travaux de conservation des maçonneries encore en élévation. Ces travaux, résultant d’une obligation légale demandée par le ministère de la Culture croate, étaient en outre nécessaires pour la poursuite des fouilles dans la nef de bonnes conditions de sécurité (murs en élévations ruinés).

    Fig. 1 copie

    Fig. 2 copie

    Fig. 3 copie

    Fig. 4 copie

    Fig.5 copie

    Lien

    ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), BULLY (S.), SAGGESE (A.) et CROCHAT (J.), Les sites ecclésiaux et monastiques de l’archipel du Kvarner (Croatie), campagne 2018 : Mirine-Fulfinum (Omišalj, île de Krk), Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, 2018

    http://journals.openedition.org/cefr/3654

    Saint-Pierre d’Osor (Croatie) : monastères et sites ecclésiaux / campagne 2017

    Saint-Pierre d’Osor (Croatie) : monastères et sites ecclésiaux / campagne 2017

    Saint-Pierre d’Osor et les monastères et sites ecclésiaux insulaires dans l’archipel du Kvarner (Croatie)/ Campagne 2017

    Mission archéologique franco-croate du ministère des Affaires étrangères
    Responsables : Sébastien Bully (UMR ARTEHIS), Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement), Miljenko Jurković (université de Zagreb-centre IRCLAMA) et Iva Marić (centre IRCLAMA)
    Participation de : Thomas Chenal (UMR ARTEHIS), Adrien Saggese (UMR ARTEHIS), Mélinda Bizri (UMR ARTEHIS), Ivan Valent, Jessy Crochat, Lucija Dugorepec, Valentin Chevassu (UBFC-UMR Chrono-environnement), Matthieu Le Brech (UBFC),Agnès Stock (UBFC-UMR Chrono-environnement), Georgie Baudry (UBFC), Maxime Bolard (UBFC), Anaïs Deliste (Univ. Aix-Marseille)et les contributions de Pascale Chevalier (UMR ARTEHIS), Inès Pactat (UBFC-UMR Chrono-environnement), Mia Rizner, Miroslav Vuković, Trninić Goran, Petra Urbanova (UMR IRAMAT), Bernard Gratuze (UMR IRAMAT) et Vivien Prigent (UMR Orient et Méditerranée).
    En partenariat avec aIPAK/APAHJ
    Dates de chantiers : du 18 au 29 avril, du 29 mai au 18 juin, du 19 juin au 7 juillet et du 11 au 16 septembre.
    Financements : ministère des Affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, École française de Rome, Commune d’Omišalj, Région de Primosko-Goranska, Caritas veritatis foundation.

    Martinšćica, vue générale de l’église à l’achèvement de la campagne 2017 (cl. M. Vuković)

    Osor, flanc nord-ouest de l’église romane, fouille en cours de structures artisanales de l’Antiquité tardive/haut Moyen Âge (cl. S. Bully)

    Osor, achèvement de la fouille du vestibule de l’église romane (cl. S. Bully)

    Résultats

    La campagne 2017 sur Saint-Pierre d’Osor a permis l’achèvement de la fouille du vestibule de l’église du XIe s. (Esp. V) et de son flanc nord-ouest (Esp VI). Antérieurement à un espace funéraire médiéval, le secteur VI était occupé par une construction de l’Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge, à fonction artisanale, partiellement conservée dans le monastère roman.

    Martinšćica, chapelle sud en cours de fouille (cl. S. Bully)

    Martinšćica, automne 2017, engagement des travaux de conservation de l’église (cl. S. Bully)

    À Martinšćica (île de Cres), la troisième campagne de fouille sur la grande église paléochrétienne a porté plus particulièrement sur sa chapelle postérieure sud – à abside outrepassée –, révélant un état antérieur au VIe s., et sur le bras sud du transept qui a livré un ensemble inattendu de tombes privilégiées en formae. Le flanc sud de l’église a révélé une nouvelle annexe du type « cellule ».

    Le chantier-école à Mirine-Fulfinum (île de Krk) a poursuivi la fouille des secteurs IV.1d et IV.1.h, confirmant une occupation de l’Antiquité tardive pour une petite « résidence », antérieure à l’église des IXe-XIe s., à mettre en lien, désormais, avec le complexe paléochrétien de Mirine.

    Mirine-Fulfinum, secteur de « l’église à trois absides » et de la résidence ecclésiastique présumée au premier-plan ; complexe de la basilique paléochrétienne en arrière-plan (cl. M. Vuković)

    Mirine-Fulfinum, secteur de la villa-résidence ecclésiastique en cours de fouille (cl. S. Bully)

    Cette année, nous avons testé pour la première fois la méthode de datation des mortiers par luminescence optiquement stimulée (OSL) sur Saint-Pierre d’Osor (première phase de l’église) et Martinšćica (dernière phase de construction : « cellule » orientale VIIIa). Les manipulations (prélèvements et installations de dosimètres) ont été réalisées par Petra Urbanova, archéomètre en post-doctorat à l’UMR IRAMAT de Bordeaux.

    Outre l’avancée de la connaissance des sites par la mise au jour de structures, la campagne 2017 a été marquée par la découverte de petits mobiliers remarquables. Ainsi, à Osor ont été mises au jour dans une même tombe romane deux nouvelles monnaies en or byzantines du XIIe s., ainsi qu’une plaque de pierre gravée de graffitis représentant des scènes possiblement bibliques. À Martinšćica, c’est un sceau notarial byzantin du début du VIIIe s. qui a été découvert sur la grève à proximité de la grande église. Mais surtout, la fouille de la présumée résidence ecclésiastique antique tardive de Mirine a livré un exceptionnel peigne liturgique en ivoire paléochrétien décoré de scènes néo-testamentaires.

    Mirine-Fulfinum, canalisation et cuve d’un pressoir (à huile ?) antique de la villa (cl. S. Bully)

    Mirine-Fulfinum, cliché de détail du peigne paléochrétien : scène de l’hémorroïsse (cl. D. Doračić)

    Lien : 

    ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), BULLY (S.), Les sites ecclésiaux et monastiques de l’archipel du Kvarner (Croatie) : campagne 2017, Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, 2016, https://cefr.revues.orgÀ paraître

    BULLY (S.), JURKOVIĆ (M.), MARIĆ (I.) et ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), « Monastère Saint-Pierre d’Osor (Croatie, île de Cres). Bilan de la mission franco-croate 2017 », Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, https://cefr.revues.org

    Bretenière (21) : grandmontain d’Époisses / campagne 2017

    Bretenière (21) : grandmontain d’Époisses  / campagne 2017

    Prieuré grandmontain d’Époisses – commune de Bretenière (21) / campagne 2017

    Responsable : Ronan Steinmann
    Participation de membres d’ARTEHIS :  Marion Foucher,  Melinda Bizri
    Dates de chantier : avril-mai 2017

    Le site

    Le prieuré d’Époisses, celle de l’Ordre de Grandmont fondée en 1189 à une dizaine de kilomètres au sud de Dijon, devenue prieuré en 1317, est un site largement méconnu. Grâce aux donations d’abord, celles du duc Hugues III en premier lieu, mais aussi grâce à une politique d’achat active, les religieux grandmontains ont réussi à constituer un petit patrimoine foncier varié, entre plaine de Saône, coteaux viticoles et ville. Suite à la disparition de l’Ordre avant la Révolution française, et la vente des Biens Nationaux, le prieuré perd sa vocation initiale et connaît de multiples remaniements en fonction des propriétaires successifs. Il accueille aujourd’hui un centre de recherches expérimentales de l’INRA.

    Objectifs et résultats

    Les projets de restructuration du site, envisagés par l’INRA, offrent l’opportunité d’une enquête combinant à la fois les outils de prospection géophysiques à l’étude de bâti des quelques éléments bâti restant. Ces vestiges médiévaux, correspondant a priori à la salle capitulaire, sont en effet intégrés à un ensemble bâti suffisamment éparse pour envisager une campagne de prospection sur l’ensemble de l’espace supposé de l’église prieurale et des bâtiments conventuels primitifs.

    Cette opération s’inscrit dans les enseignements dispensés au sein du Master AGES associé au laboratoire. Pauline Lasson, étudiante en master I, participe à cette étude dans le cadre de son TER et doit être initiée aux méthodes, techniques et problématiques de la prospection géophysique dans un milieu bâti complexe.

    L’étude des éléments bâtis et l’inventaire d’éventuels éléments médiévaux remployés s’intègrent enfin dans le cadre d’une vaste enquête sur la pierre à bâtir bourguignonne. Le prieuré d’Époisses viendrait apporter des données relatives à l’importation de pierres sur les sites médiévaux de la plaine de Saône.

    Perspectives

    En fonction des premiers résultats de l’étude et surtout du projet architectural final que l’INRA mettra en œuvre en 2017-2018, les investigations seront éventuellement complétées de sondages ou fouilles dans le cadre de l’archéologie préventive.

    Sermesse (71) : Paléoméandre de la Morte / campagne 2017

    Sermesse (71) : Paléoméandre de la Morte / campagne 2017

    Paléoméandre de la Morte – commune de Sermesse (71) / Campagne 2017

    Responsable : Ronan Steinmann
    Dates de chantier : avril-juillet 2017

    Le site

    Le paléoméandre de la Morte est le seul bras mort visible en bordure du Doubs atuel dans sa partie aval (après le pont de Navilly). Déjà indiqué comme abandonné sur la Carte des Cassini levée ici entre 1750 et 1760, il avait fait l’objet d’un premier carottage en 2009. Ce premier test, d’une profondeur de trois mètres, n’avait pas permis d’atteindre le début du remplissage argileux qui marque l’abandon du bras par le courant. L’âge radiocarbone réalisé au bout de la carotte prélevée montre que le bras se comble depuis au moins les années 901-1036 ap. J.-C. à 95,4 % d’intervalle de confiance. Cet ancien chenal montre, encore aujourd’hui, une forme très marquée dans le paysage, comme on peut le voir sur le modèle numérique de terrain LiDAR.

    Objectifs et résultats

    La sédimentation a été particulièrement rapide dans ce méandre abandonné qui est devenu une mare se comblant petit à petit d’argiles. De tels enregistrements peuvent être très intéressants pour étudier le régime des crues du Doubs ou l’évolution de la végétation, l’absence d’oxygène favorisant la préservation de la matière organique et donc des pollens et organismes anciens. Du point de vue archéologique, de tels comblements sont également susceptibles de contenir des vestiges qui ne sont le plus souvent pas conservés (tissus, cuirs, vanneries, etc.). Les dimensions importantes du méandre laissent penser à une forme ancienne, réactivée avant d’être abandonnée puis comblée d’argiles au moins à partir du Xe siècle de notre ère.

    Une autorisation de prospection a été demandée afin de reconstituer l’histoire de ce bras mort et d’en déterminer le potentiel archéologique. Un étudiant de Master 1 AGES, Corentin Martinez, a choisi de travailler sur cette question pour son mémoire de recherche. Il a débuté l’étude par l’analyse des plans anciens, de la bibliographie archéologique et des données LiDAR, préalable indispensable aux opérations de terrain.

    Il s’agira tout d’abord de décrire la géométrie générale du comblement par le biais de coupes de la résistivité apparente du sous-sol. Selon la lithologie, la porosité et la teneur en eau sous la surface, la résistivité présente des valeurs très différentes qui peuvent correspondre à des changements dans la sédimentation du comblement du bras abandonné. En fonction des résultats obtenus sur ces coupes, des carottages ciblés sur des points problématiques seront réalisés pour décrire finement le remplissage de ce bras. Les carottes seront prélevées pour d’éventuelles analyses postérieures (granulométrie fine, détermination de macro-restes, palynologie, mesure de la susceptibilité magnétique, prélèvements pour datations radiocarbone).

    La corrélation des différents forages et des coupes de résistivité doit permettre de reconstituer les différentes étapes de formation et de comblement de cet ancien bras, seul paléotracé en aval de Navilly.

    Perspectives

    Ce travail sera d’abord mené dans le cadre du mémoire de Master AGES de Corentin Martinez, puis fera l’objet d’un rapport déposé au SRA. À terme, ce travail pourrait enrichir les travaux géoarchéologiques menés sur le Doubs aval depuis 2008 et faire l’objet de publications dans des revues scientifiques de rangs national et international.

    Vert-Toulon (Vert-la-Gravelle) : « La Crayère » (Marne, France) / campagne 2017

    Vert-Toulon (Vert-la-Gravelle) : « La Crayère » (Marne, France) / campagne 2017

    Minière de silex et nécropole d’hypogées néolithiques de Vert-Toulon (Vert-la-Gravelle) « La Crayère » (Marne, France) / campagne 2017

    Responsable : Rémi Martineau (CR CNRS)
    Participation de membres d’ARTEHIS : Anthony Dumontet (AI CNRS)
    Dates de chantier : Du 28 Mai au 8 Juillet 2017
    Financement : Ministère de la Culture, Communauté d’agglomération d’Epernay

    Le site :

    Situé dans la région archéologiquement riche des marais de Saint-Gond (Marne), le site de Vert-la-Gravelle « La Crayère » fait l’objet d’une fouille depuis 2013 sous la responsabilité de Rémi Martineau. Localisé sur une très forte pente, il présente la particularité de réunir dans un lieu unique une minière de silex du Néolithique moyen II (4300-4000 avant notre ère) et une nécropole d’hypogées attribuée au Néolithique récent (3500-3000 avant notre ère). Outre la présence de différentes structures d’extraction (fosses, tranchées, puits) qui apportent de nombreux renseignements sur les méthodes employées, la plus grande particularité du site réside dans le fait que les couloirs d’hypogées ont été creusés dans les comblements d’une tranchée d’exploitation de silex. Ces comblements, qui peuvent atteindre plus d’1,2 m de hauteur, ont livré une grande quantité de mobilier (bois de cervidé, silex taillé).

    Les couloirs des hypogées ont livré un mobilier plus rare, tandis que les chambres funéraires, fouillées au XIXe siècle par J. de Baye, contenaient des poteries, des gaines de haches en bois de cerf, des poinçons en os, des outils en silex, des armatures de flèches.

    Objectifs de la campagne 2017 :

    – Comprendre la succession chronologique des creusements et des comblements
    – Fouiller, relever et enregistrer les couloirs des hypogées et les structures de la minière

    Résultats :

    La campagne de 2017 clôturera la fouille du site de « La Crayère ». Les résultats de cette année permettront de connaître avec précision les creusements des différents aménagements du site et d’assurer leur enregistrement en trois dimensions (dessins en coupe et en plan, prises de vue photographiques, photogrammétrie). Des informations sur les méthodes de comblement employées au Néolithique complèteront notre connaissance des processus de remblaiement des structures minières. Des sondages seront effectués en haut et en bas de la pente afin de définir l’extension du site et de chercher des aménagements ou des aires d’activité domestiques ou artisanales (taille du silex).

    Perspectives :

    Le site de Vert-la-Gravelle « La Crayère » fait actuellement l’objet d’une étude concernant son éventuel futur aménagement pour permettre l’accessibilité au public.

    Par ailleurs le site s’inscrit dans un programme d’étude plus large sur le Néolithique dans les marais de Saint-Gond, dont l’un des sujets d’étude principal concerne les sites d’habitat, encore inconnus dans la région. A partir des nombreuses prospections effectuées depuis 2011, des sondages seront réalisés en 2017 et en 2018 sur le territoire de plusieurs communes limitrophes.  

    Meaux (77): sanctuaire de « La Bauve / Arpent Videron » / campagne 2017

    Meaux  (77):  sanctuaire de « La Bauve / Arpent Videron » / campagne 2017

    Meaux : Sanctuaire de « La Bauve / Arpent Videron » / campagne 2017

    Responsable : Thibault LE COZANET (Université de Bourgogne Franche-Comté / UMR 6298 ARTEHIS) et co-responsable Elisabeth GOUSSARD (ENS-EPHE / UMR 8546 AOROC)
    Participation de membres d’ARTEHIS : oui
    Dates de chantier : 5/06/17 au 7/07/17
    Financement : SRA Île-de-France

    Site :

    (Lat. : 48.9627881; Long. : 2.882646) ; Sanctuaire antique monumental avec une occupation « rituelle » protohistorique qui demande à être précisée.

    Objectifs et résultats :

    Préciser la chronologie (par la typologie, mais aussi des analyses C14), préciser les relations stratigraphiques entretenues entre le sanctuaire « protohistorique » et le sanctuaire antique, définir les pratiques dépositionnelles réalisées, analyser la structuration des vestiges pour comprendre l’organisation de l’occupation protohistorique et enfin compléter la documentation des opérations précédentes par des investigations ponctuelles ciblées.

    Sermesse (71) : fouilles subaquatiques du moulin / campagne 2017

    Sermesse (71) : fouilles subaquatiques du moulin / campagne 2017

    Fouilles subaquatiques du moulin de Sermesse (71) dans le Doubs / 2017

    Cette opération est placée sous la responsabilité d’A. Dumont, co-financée par le SRA Bourgogne, le DRASSM, et la Région Bourgogne-Franche-Comté. Le DRASSM a également mis à disposition des moyens humains (temps de travail d’A. Dumont pour les phases terrain et rédaction du rapport) et logistiques (matériel de plongée, bateau).

    Le projet associe divers collaborateurs : P. Moyat (ETSMC et UMR ARTEHIS), M. Cayre (Evéha), D. Le Cornu (étudiant Univ. Rennes), C. Bonnot-Diconne (Laboratoire 2CRC, traitement et étude des cuirs et matières végétales), Noureddine Kefi (étude de mobilier), Luc Jaccottey (Inrap, UMR 6249, étude des meules), Pierre Mille (Inrap, étude des bois), M. Treffort (bénévle, dessin), laboratoire le CREAM (traitement objets métalliques) et laboratoire Nucleart (traitement objets bois).

    En 2017, la fouille du grand bateau, appelé la corte, a débuté et a permis un dégagement des premiers bordés et de l’intérieur de la proue. Une chaîne, encore enroulée autour d’un bordé à l’angle avant tribord, part dans la berge, montrant que le moulin était amarré et en position de fonctionnement au moment de son naufrage. Plusieurs réparations sont visibles, témoignant de l’usure de cette embarcation.

    Réparation visible sur la proue de la corte dégagée au cours de la campagne 2017. Infographie P. Moyat.

    Dans le même temps, un travail de décapage et d’étude de la benne, dispositif implanté en amont du moulin, destiné à diriger l’eau sur la roue, et constitué de deux alignements de pieux disposés en V a été réalisé. La fouille a permis de découvrir deux serpettes en très bon état, perdues au cours d’une opération de réparation et de mise en place de bois de renfort, ce type d’installation nécessitant un entretien permanent.

    Les pieux ont été systématiquement échantillonnés sur deux carrés. Ces prélèvements sont destinés à la détermination des essences (en cours, Fr. Blondel) afin de mieux connaître les modalités d’exploitation de la forêt au début de l’époque moderne. On verra ainsi si une essence a été privilégiée ou si plusieurs types de bois ont été utilisés.

    On a également procédé au dégagement de la partie externe de la proue du petit bateau, ce qui a permis de découvrir un plancher effondré dont la fonction précise reste à déterminer. Dans l’état actuel des recherches, on pense à un probable espace de circulation permettant d’accéder aux proues des deux bateaux et à la roue. Les digues faisant également office de piège à poissons, il peut s’agir d’un espace de travail dédié à cette activité de capture.

    Figure 8. Plan et photogrammétrie du dispositif de plancher découvert en amont du forain au cours de la campagne 2017. Infographie P. Moyat.

    Saint-Satur (Cher) : fouilles de l’épave / campagne 2017

    Saint-Satur (Cher) : fouilles de l’épave / campagne 2017

    Fouilles de l’épave de Saint-Satur dans le lit de la Loire (département du Cher, région Centre) / campagne 2017

    Cette opération est placée sous la responsabilité d’A. Dumont, co-financée par le SRA Centre, le DRASSM, et la Région Centre Val de Loire, via l’Association ARCHEA. Le DRASSM a également mis à disposition des moyens humains (temps de travail d’A. Dumont pour les phases terrain et rédaction du rapport) et logistiques (matériel de plongée).
    Le projet associe divers collaborateurs : M. Foucher (UMR ARTEHIS, étude de la cargaison), P. Moyat (ETSMC et UMR ARTEHIS, fouille et restitution 3D de l’épave), Alexandre Polinski (UMR6566 – CReAAH), Gérard Mazzochi (archéologue bénévole), Christophe Fraudin (cadreur, réalisateur), Association La Tête dans la Rivière, Céline Bonnot-Diconne (2CRC – traitement et étude des cuirs et matières végétales), Catherine Lavier (UMR8220, UPMC, LAMS), étude dendrochronologique.

    Découverte en 2011, sondée en 2015, l’épave de Saint-Satur représente un potentiel inédit pour la connaissance de l’architecture navale du bassin de la Loire à la fin du Moyen Age, pour l’histoire de la circulation des matériaux sur le fleuve et la vie quotidienne des mariniers de cette époque. Pour cette raison, il a été décidé de la fouiller entièrement au cours d’une campagne qui a eu lieu en août 2017.

    Fouille de l’intérieur de la coque du bateau de Saint-Satur. Cliché P. Moyat.

    Pour arriver à réaliser le relevé complet de la coque afin d’en faire une étude architecturale, les blocs qui constituent la cargaison ont été enlevés un par un à l’aide d’une pelle mécanique. Ils ont été déposés sur la plage pour les étudier, avant de les remettre en place lorsque le relevé de la coque a été achevé.

    Des échantillons de pierre ont été prélevés pour détermination, ainsi que des ardoises, et des morceaux de bois pour analyse dendrochronologique. Ces études sont en cours et les résultats seront disponibles début 2018.

    Marion Foucher et Alexandre Polinski étudient la cargaison de blocs déposée sur la plage après avoir été sortie de l’épave de Saint-Saur. Cliché P. Moyat.

    A l’issue de la campagne de fouille 2017, on peut d’ores et déjà revenir sur l’hypothèse formulée en 2015 : les ardoises originaires de l’Anjou, présentes avec la cargaison de blocs, nous avaient laissé supposer que ce bateau remontait le courant de la Loire puisqu’il n’existe pas de gisement d’ardoise en amont. L’analyse pétrographique effectuée sur un échantillon de la pierre transportée désigne les calcaires bathoniens et calloviens (Jurassique moyen) du Nivernais. Ces calcaires, qui affleurent essentiellement dans les environs d’Apremont-sur-Allier dans le Cher, et de Nevers dans la Nièvre, ont été exploités respectivement sous les noms de « pierre d’Apremont » et « pierre de Nevers ». Ces deux matériaux présentent des caractéristiques lithologiques assez proches et peuvent donc facilement être confondus, aussi, une analyse complémentaire est en cours. Quel qu’en soit le résultat, il apparaît évident que l’épave descendait la Loire avec des blocs extraits en amont, et des ardoises issues d’un stock déposé dans un port en bord de fleuve ou d’un autre chantier.

    Une fois les blocs enlevés, une partie du plancher qui protégeait la coque du poids des pierres, a été démontée. Constitué de fines planches en chêne comprenant un nombre parfois importants de cernes, il a été prélevé et échantillonné sur place par C. Lavier.

    Les quelques planchettes extraites en 2015 de l’épave avaient révélé que les bois avaient probablement été coupés à la charnière entre le XVe et le XVIe siècle. La date 14C effectuée en 2012 donnait, en âge calibré, une fourchette comprise entre 1319 et 1435 ap. J.-C., soit entre le début XIVe et le début XVe siècle. Elle est donc plus ancienne que la date obtenue après la première analyse dendrochronologique. Il est probable que ce décalage de près d’un siècle soit lié au fait que l’échantillon pour l’analyse radiocarbone a été prélevé sur une extrémité de membrure érodée qui émergeait du sable en 2011. Si cette membrure a été taillée dans un chêne centenaire, ce qui est tout à fait possible, et que le prélèvement a concerné le cœur de l’arbre, la date 14C serait plus proche du début de la croissance de l’arbre que de celle de son abattage. Les planchettes analysées en dendrochronologie font partie d’un plancher rapporté sur le fond de l’épave, mais ce fait ne permet en aucun cas d’expliquer un décalage de 100 ans car la durée de vie des embarcations fluviale est beaucoup plus courte, et, dans de bonnes conditions, n’excèdent pas trente années. La suite de l’étude des bois permettra sans doute de préciser la date de coupe des arbres.

    Catherine Lavier, dendrochronologue, découpe sur place des échantillons du plancher de l’épave pour analyse. Cliché P. moyat.

    Une fois le plancher enlevé, la structure de la coque était alors visible et a pu être dessinée et photographiée. On a pu ainsi observer des réparations, le rythme des renforts transversaux, ainsi que les techniques d’assemblage employées par les constructeurs.Si l’on se réfère aux connaissances disponibles, le bateau de Saint-Satur possède les caractéristiques des embarcations traditionnellement rencontrées sur la Loire aux époques médiévales et modernes : bateau à fond plat, aux flancs assemblés à clin. Sa fouille complète a permis de vérifier qu’il était muni d’une emplanture de mât, même si celle-ci se trouve sur l’une des pièces de bois les plus dégradées ; en revanche, les deux extrémités étant inaccessibles (l’une est détruite, l’autre est enfouie sous la berge) aucun dispositif de gouvernail n’a pu être observé.

    Nous avons découvert cinq nouvelles chaussures en cuir, deux fragments de cuir et un fragment de textile. Les chaussures viennent compléter la série découverte il y a deux ans ; leur traitement pour conservation a été effectué par Céline Bonnot-Diconne (laboratoire 2CRC à Moirans), et l’étude complète est prévue pour 2018.

    L’épave contenait également un maillet de charpentier en bois (conservé avec le manche), et un couteau avec lame en fer (très corrodée) et manche en bois conservé, ainsi que quelques clous. Ces objets seront stabilisés dans les laboratoires Nucleart à Grenoble (bois gorgé d’eau) et au CREAM à Vienne (métal) et seront ensuite étudiés, leur manipulation étant très délicate tant qu’ils ne sont pas traités.

    Les deux objets métalliques découverts en 2015, une gouge et un fer de bâton de quartier, viennent de sortir du traitement de stabilisation (CREAM).

    Ces découvertes restent exceptionnelles car il est très rare que ce type d’éléments soit préservé dans le sable de la Loire. Ils se trouvaient au fond de la coque, sous les blocs, et près du flanc conservé, soit dans les zones qui ont été le moins soumises à l’érosion.

    Un film de 13’ réalisé par l’Association La tête dans la rivière, Web-TV spécialisée dans la vulgarisation scientifique sera disponible dans le courant de l’année 2018.

    Une chaussure en cuir au moment de sa découverte dans l’épave de Saint-Satur. Cliché P. Moyat.

    Joux-la-Ville (Yonne) : Fouille de la grange cistercienne / campagne 2015-2017

    Joux-la-Ville (Yonne) : Fouille de la grange cistercienne / campagne 2015-2017

    Fouille de la grange cistercienne d’Oudun à Joux-la-Ville (Yonne) – dernière campagne programmée (2015-2017)

    Responsable : Sylvain Aumard, Associé ARTEHIS
    Participation de : Fabrice Henrion, associé ARTEHIS et Stéphane Büttner, associé ARTEHIS
    Dates de chantier : 3-28 juillet 2017
    Financements : DRAC et commune de Joux-la-Ville

    Le site, les objectifs et résultats, les perspectives

    L’établissement d’Oudun est mentionné comme grangia dès 1164 dans le temporel de l’abbaye de Reigny et conserve aujourd’hui un bâtiment du XIIe siècle destiné à l’hébergement des convers. L’accompagnement archéologique des restaurations entreprises depuis 2011 a permis d’appréhender le site sur la longue durée (XIIe-XIXe s.). La fouille des abords du bâtiment médiéval a confirmé l’emprise de celui-ci et a permis d’en préciser le contrebutement en grande partie disparu, tout en mettant en évidence son articulation avec d’autres constructions mitoyennes partiellement reconnues au cours des campagnes suivantes : un oratoire à l’est (2012 et 2014), deux autres corps de bâtiment abritant au nord une cuisine et un cellier (2013 et 2015). En 2016, a été confirmée l’interprétation du logis des convers disposant d’un réfectoire au rez-de-chaussée et d’un dortoir à l’étage. Des hypothèses ont pu être formulées sur l’organisation interne du réfectoire équipé d’un passe-plat communiquant avec la cuisine et d’emmarchements et estrades recevant le mobilier destinés à la prise des repas.

    L’objectif de la campagne 2017 consistait à revenir sur les abords pour approfondir la compréhension des autres bâtiments dont l’emprise avait été confortée par la prospection géo-radar de l’hiver 2016. Presque intégralement fouillé, l’oratoire a ainsi été confirmé dans ses fonctions (présence d’un autel), son architecture (chevet plat à épaulement) et sa chronologie, malgré les perturbations, modifications et reconstructions successives. Son origine alto médiévale, indiquée par Victor Petit au XIXe siècle, n’a pu être vérifiée mais les premières assises de ses maçonneries pourraient remonter aux XIIe-XIIIe siècle à l’instar des sols de mosaïques en terre cuite aux motifs floraux (analyses en cours). Une série de sondages a également permis de préciser l’emprise des autres bâtiments : corps en équerre abritant la cuisine, le cellier et son accès. En revanche, l’hypothèse d’un bâtiment sanitaire avec latrines en bout dortoir n’a pu être étayée.

    L’année 2018 sera consacrée à la finalisation des études (céramique, métallurgie) et à la préparation d’un manuscrit en vue d’une publication monographique. Les observations menées à Oudun comptent parmi les très rares recherches entreprises sur les établissements monastiques à vocation économique dont on connaît fort mal les infrastructures, tant dans leur organisation, leur fonction ou leur évolution. D’une manière générale, le cadre de vie des convers est mal documenté et les analyses conjointes du sol et du bâti entreprises durant ces sept années constituent ainsi un apport nouveau à ce volet de la connaissance du monde monastique au delà de l’enceinte de l’abbaye.

    Le bâtiment médiéval en cours de restauration (cl. S. Aumard – CEM, 2013).

    Le bâtiment médiéval en cours de restauration (cl. S. Aumard – CEM, 2013).

    Le bâtiment médiéval en cours de restauration (cl. S. Aumard – CEM, 2013).


     

    Archipel du Kvarner (Croatie) / campagne 2016

    Archipel du Kvarner (Croatie) / campagne 2016

    Les monastères et sites ecclésiaux insulaires dans l’archipel du Kvarner (Croatie). Campagne 2016

    Mission archéologique du ministère des Affaires étrangères (second volet)
    Responsables : Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement), Sébastien Bully (UMR ARTeHIS)
    Participation d’Ivan Valent, Thomas Chenal (UMR ArTeHiS), Adrien Saggese (UMR ArTeHiS), Jessy Crochat, Lucija Dugorepec, Valentin Chevassu (UBFC-UMR Chrono-environnement), Hervé Richard (UBFC-UMR Chrono-environnement), Emilie Gauthier (UBFC-UMR Chrono-environnement), Vincent Bichet (UBFC-UMR Chrono-environnement), Mathieu Thivet (UBFC-UMR Chrono-environnement), Agnès Stock (UBFC-UMR Chrono-environnement), David Vuillermoz (APAHJ) et les contributions de Pascale Chevalier (UMR ARTEHiS), Inès Pactat (UBFC-UMR Chrono-environnement), Mia Rizner, Miro Vuković.en partenariat avec aIPAK/APAHJ
    Dates de chantier : du 11 au 22 avril, du 27 juin au 14 juillet.
    Financements : ministère des Affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, École française de Rome, Commune d’Omišalj, Commune de Mali Losinj, Région de Primosko-Goranska, Caritas veritatis foundation

    Mirine-Fulfinum, secteur de « l’église à trois absides », vue générale de la villa à l’issue de la campagne 2016 (cl. S. Bully)

    Objectifs

    Le programme de prospection-inventaire des sites ecclésiaux insulaires engagé en 2010 est structuré autour de trois axes majeurs :

    –      Identification des sites monastiques potentiels à partir des sources écrites, des données archéologiques, architecturales et topographiques ;

    –      Conditions et modalités de l’installation et de la diffusion du monachisme insulaire dans le Kvarner, entre le ve et le xie siècle : occupation du sol et voies maritimes, construction de l’espace ;

    –      Topographie monastique et architecture cultuelle : héritages et influences, cénobitisme et érémitisme.

    L’exécution de ce programme passe un dépouillement bibliographique, des sondages archéologiques, des études de bâti, des relevés topographiques, la constitution d’une documentation graphique et photographique, des prospections pédestres et géophysiques.

    Mirine-Fulfinum, secteur de « l’église à trois absides », détail d’une canalisation antique à fond de tesselles en terre cuite (cl. S. Bully)

    Résultats

    En 2016, la fouille du secteur de la petite église nord du complexe de Mirine-Fulfinum (île de Krk) est menée dans le cadre d’un chantier-école de l’université de Franche-Comté et de l’aménagement d’un parc archéologique. Elle a permis de mieux circonscrire l’établissement antique – probable villa suburbaine – dans lequel elle fut édifiée, tout en doutant désormais d’une fonction monastique pour privilégier l’hypothèse d’une église votive (des IXe-XIe s.), sans lien direct avec la villa, vraisemblablement abandonnée dès le VIe s. La basilique chrétienne du Ve s. de Mirine a fait l’objet d’un relevé intégral par orthophotographie en préalable d’une révision de son étude architecturale et archéologique du bâti.

    Concernant le complexe ecclésial de Martinšćica, la seconde campagne de fouille sur la grande église paléochrétienne nous a permis de documenter des installations liturgiques élaborées (bema, fosse d’autel) et de recenser un mobilier liturgique de qualité, nous interpellant sur le statut de l’édifice, avec, plus particulièrement, la découverte d’un monogramme sur un fragment de mensa en marbre. La fouille a également révélé deux sacristies sur le flanc nord de l’église. L’une d’elle conserve un magnifique pavement de mosaïques géométriques, scellé par un niveau d’occupation (foyer) induisant un très probable changement de fonction. Et c’est également une occupation domestique que l’on tend à attribuer à une annexe greffée contre l’abside centrale.

    Dans le dessein d’une appréhension plus large des sites étudiés, nous avons également engagé cette année de premiers forages destinés aux analyses paléoenvironnementales des îles de Krk et Cres.

    Mirine-Fulfinum, plan général du secteur de fouille, état 2016 (plan et dessin, M. Čaušević-Bully et Th. chenal)

    Martinšćica, vue générale de l’église à l’achèvement de la fouille 2016 (cl. M. Vuković)

    Lien

    ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), BULLY (S.), Kvarner (Croatie). Prospection-inventaire des sites ecclésiaux et monastiques : campagne 2016, Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, https://cefr.revues.org

    Martinšćica, cliché des sacristies nord (cl. S. Bully)

    Franche-Comté et Bourgogne : Monastères (Ve–Xe siècles)

    Franche-Comté et Bourgogne : Monastères (Ve–Xe siècles)

    Projet collectif de recherche Monastères en Europe occidentale (Ve–Xe siècles). Topographie et structures des premiers établissements en Franche-Comté et Bourgogne (Septième année)

    Coordination : Sébastien Bully et Christian Sapin (UMR ARTeHIS) en partenariat avec l’UMR Chrono-environnement, l’UMR METIS – université Pierre et Marie Curie Paris VI-Jussieu, le Centre d’études médiévales d’Auxerre, l’APAHJ (Saint-Claude)
    Participation de Morana Čaušević-Bully (université de Franche-Comté-UMR Chrono-environnement), Thomas Chenal (UMR ARTeHIS), Adrien Sagesse (UMR ARTeHIS), Aurélia Bully (UMR ARTeHIS), Chistian Camerlynck (UMR Metis- université Pierre et Marie Curie Paris VI-Jussieu) Xavier D’aire (CEM), David Vuillermoz, Hugo Parent, Valentin Chevassu, Matthieu Le Brech, Ornella Salvi, Colas Finck, Mélanie Grenot, Maxime Bolard, Philippe Beyney.
    Dates des opérations : entre avril et novembre
    Financements : Ministère de la Culture-DRAC Franche-Comté, 
Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, Conseil départemental de Haute-Saône, Conseil départemental du Jura, Caritas veritatis foundation.

    Mont Saint-Martin de Faucogney, découverte d’une structure sur poteaux (cl. S. Bully)

    Fontaine-les-Luxeuil, maçonneries de l’église Saint-Martin et sarcophages (cl. M. Bolard)

    Objectifs et résultats :

    Pour la dernière année du PCR, nous avons décliné nos activités autour de huit actions de recherches et de diffusion de la recherche :

    1- Autour du « monachisme luxovien » (Axe 1):

    • Sondages archéologiques sur le site du Mont Saint-Martin de Faucogney (Haute-Saône) ;

    Résultats : caractérisation d’une occupation de l’Antiquité tardive par la découverte de structure(s) sur poteaux et de mobiliers.

    • Sondages archéologiques sur le site du monastère et de l’ancienne église Saint-Martin de Fontaine (Haute-Saône) (Responsable M. Bolard) ;

    Résultats : découvertes de vestiges du haut Moyen Âge (maçonneries et sarcophages) et gothiques (élévation enchâssée dans l’ancienne cure) de l’église Saint-Martin ; localisation, par sondage, de l’église romane du monastère.

    2- Poursuite des prospections géophysiques en Franche-Comté et en Bourgogne :

    Seconde campagne à Faverney, Château-sur-Salins, Saint-Père-sous-Vézelay, Moutiers- Saint-Jean (Responsables Colas Finck, Mélanie Grenot, Hugo Parent, Philippe Beyney, Christian Sapin) ;

    3- Poursuite de l’étude de l’abbaye de Baume-les-Messieurs (Axe 3):

    • Études archéologiques des élévations des bâtiments claustraux (Responsable M. Le Brech) ;

    4- Poursuite de l’étude du prieuré de Marast (Axe 3) :

    • Récolement de la documentation ;

    • Études archéologiques des élévations des bâtiments claustraux (Responsable O. Salvi) ;

    Prieuré de Marast, étude d’archéologie du bâti des élévations médiévales (relevé O. Salvi)

    5- Abbaye de Faverney (Haute-Saône) (Responsable M. Grenot) (Axe 4)

    • Récolement de la documentation ;

    • Études archéologiques des élévations de l’église ;

    6- Crypte de l’église prieurale Saint-Maurice de Jougne (Responsable S. Bully) (Axes 2 et 4)

    • Études archéologiques des élévations ;

    Résultats : détermination du parti architectural de la crypte et proposition de datation du monument de la fin du XIe s.

    Relevé 3D par orthophotogrammétrie https://skfb.ly/XFvA

    Crypte Saint-Maurice de Jougne, extrait de la modélisation en 3D (Th. Chenal)

    7- Travail éditorial :

    • Publication en ligne (BUCEMA) des actes des 4eme journée d’études monastiques de septembre 2014 à Baume-les-Messieurs, Hors-série n° 10 | 2016

    BULLY (S.), SAPIN (Ch.), (dir.), L’origine des sites monastiques : confrontation entre la terminologie des sources textuelles et les données archéologiques

    https://cem.revues.org/14463

    8- Organisation des 5eme journée d’études monastiques, 1-2 septembre 2016 à Auxerre

    • Thème : « De la clôture à la fortification des monastères », sous la direction de S. Bully et Ch. Sapin

    Moutiers-Saint-Jean, prospections géophysiques (cl. Ch. Sapin)

    Saint-Pierre d’Osor (Croatie) : monastère / Campagne 2016

    Saint-Pierre d’Osor (Croatie) : monastère / Campagne 2016

    Monastère Saint-Pierre d’Osor / Campagne 2016

    Mission archéologique du ministère des Affaires étrangères (premier volet) ; Collaboration croato-française
    Responsables : Sébastien Bully (UMR ARTeHIS), Miljenko Jurković (université de Zagreb-centre IRCLAMA), Morana Čaušević-Bully (Université Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement), Iva Marić (université de Zagreb-centre IRCLAMA)
    Participation d’Ivan Valent, Thomas Chenal (UMR ArTeHiS), Adrien Sagesse (UMR ArTeHiS), Jelena Behaim, Brunilda Bregu, Matthieu Le Brech, Jessy Crochat, Lucija Dugorepec, Valentin Chevassu (UBFC-UMR Chrono-environnement), Ornella Salvi, Hugo Parent, Mélanie Grenot, Anaïs Deliste et Eva Žile.
    En partenariat avec aIPAK/APAHJ
    Dates de chantier : 30 mai au 24 juin 2014
    Financements : ministère des Affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, ministère des Sciences croate, École française de Rome, Commune de Mali Losinj, Caritas veritatis foundation.

    vue générale du vestibule en cours de fouille (cl. S. Bully)

    Objectifs

    Le monastère bénédictin Saint-Pierre d’Osor, sur l’île de Cres, aurait été fondé au début du XIe s. par saint Gaudentius, évêque de la cité. Engagée depuis 2006, la fouille programmée répond à plusieurs objectifs : il s’agit de comprendre les modalités de l’installation du monastère dans un contexte urbain – d’origine protohistorique et antique – et d’étudier une topographie monastique qui doit tenir compte à la fois des contraintes urbaines, mais également de constructions antérieures, déjà religieuses pour certaines. L’analyse archéologique des vestiges de l’ancienne abbatiale Saint-Pierre complète les études d’histoire de l’art afin de préciser la datation d’un édifice considéré comme insigne pour l’architecture romane dans la région et révélateur des échanges et influences avec la côte adriatique occidentale. Les méthodes employées sont celles de l’archéologie du sous-sol, du bâti et les prospections géophysiques.

    Vue générale à l’achèvement de la fouille 2016 (cl. M. Vuković)

    Vue générale à l’achèvement de la fouille 2016 (cl. M. Vuković)

    Résultats

    La campagne 2016 a porté sur le vestibule de l’église du XIe s. (Esp. V) et sur son flanc nord-ouest (Esp VI). La fouille a été riche en découvertes, avec, en particulier, la mise au jour d’un énigmatique pot « de stockage » dans le tiers nord du vestibule. On constate une évidente partition de l’espace du vestibule, marquée à la fois dans son architecture par des travées, et par la nature de son occupation (sépultures privilégiées dans son segment central, sépultures d’enfants dans le tiers sud). Pour l’espace VI, la fouille a porté essentiellement sur les nombreuses tombes médiévales présentes dans ce secteur. L’ensemble des sépultures a été fouillé et démonté – à l’exception des caveaux bordant le vestibule – et nous nous sommes arrêtés sur des niveaux de l’Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge présentant plusieurs structures, peut-être artisanales. Deux nouvelles tombes de l’Âge du fer ont été découvertes sous des tombes maçonnées médiévales en façade du vestibule.

    pot déposé dans le niveau de préparation du sol de la travée nord du vestibule du (cl. S. Bully)

    Vue générale, depuis l’ouest, de la fouille de l’Espace VI (cl. S. Bully)

    Liens

    ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), MARIĆ (I.), BULLY (S.) et JURKOVIĆ (M.) avec une contribution de DUGOREPEC (L.) et BLEČIĆ KAVUR (M.), « Le monastère Saint-Pierre d’Osor (île de Cres) : onzième campagne d’études archéologiques », Hortus artium medievalium 23, Zagreb, à paraître.

    BULLY (S.), JURKOVIĆ (M.), MARIĆ (I.) et ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), « Monastère Saint-Pierre d’Osor (Croatie, île de Cres). Bilan de la mission franco-croate 2016 », Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, https://cefr.revues.org
    A paraître

    Sermesse (71) Fouilles subaquatiques du moulin / 2016

    Sermesse (71) Fouilles subaquatiques du moulin  / 2016

    Fouilles subaquatiques du moulin de Sermesse (71) dans le Doubs / 2016

    Cette opération est placée sous la responsabilité d’A. Dumont, co-financée par le SRA Bourgogne, le DRASSM, et la coopérative Bourgogne du Sud. Le DRASSM a également mis à disposition des moyens humains (temps de travail d’A. Dumont pour les phases terrain et rédaction du rapport) et logistiques (matériel de plongée, bateau). Le projet associe divers collaborateurs : P. Moyat (ETSMC et UMR ARTEHIS), M. Cayre (Evéha), D. Le Cornu (étudiant Univ. Rennes), C. Vélien (étude céramique), C. Bonnot-Diconne (Laboratoire 2CRC, traitement et étude des cuirs et matières végétales), Luc Jaccottey (Inrap, UMR 6249, étude des meules), Pierre Mille (Inrap, étude des bois), M. Treffort (bénévole, dessin), laboratoire le CREAM (traitement objets métalliques) et Laboratoire Nucleart (traitement objets bois)

    Figure 1. Vue restituée des vestiges du moulin sur bateaux de Sermesse, dans le Doubs, contre la rive gauche. Infographie P. Moyat.

    Campagne de la fouille tri-annuelle du moulin sur bateaux de Sermesse (Saône-et-Loire)

    La fouille de la moitié du site de Sermesse sur trois campagnes, de 2014 à 2016, confirme la richesse de cet ensemble qui constitue un des rares vestiges archéologiques de moulin sur bateaux connu en Europe et relativement facilement accessible. Sa datation dans l’époque moderne pré-industrielle (fin XVIe ou début XVIIe siècle), et le bon état de conservation des bateaux et objets associés en font un sujet d’étude de premier ordre pour la connaissance des techniques de meunerie, de batellerie et de pêche, les trois activités étant regroupées sur une seule structure.

    Lame de couteau portant le prénom Marcelin découvertes sur le moulin de Sermesse (71), après restauration. Clichés M. Treffort.

    La troisième campagne de fouille a permis d’achever complètement le dégagement du plus petit des deux bateaux, le forain. Il restait le dernier compartiment situé entre un renfort transversal et le tableau arrière. On y a découvert une chaîne à 36 gros maillons enroulée autour du renfort. Le nettoyage du tableau arrière a permis d’observer les assemblages de bois ainsi que des réparations. La fouille a également concerné l’espace entre les deux coques, où se trouvait conservé un assemblage de bois correspondant à de probables éléments de pales de la roue (en cours de traitement). Une petite partie de l’extérieur de la coque de la corte (le plus grand bateau) a pu être dégagée, au niveau de l’avant. Elle est en assez mauvais état de conservation mais on peut voir un assemblage complexe de bois, ainsi qu’un nombre considérable d’appes de calfatage, dont certaines sont sur des réparations.

    Lame de couteau portant le prénom Marcelin découvertes sur le moulin de Sermesse (71), après restauration. Clichés M. Treffort.

    Le suivi des objets découverts sur ce site se poursuit ; plusieurs objets ont été récupérés en 2016 auprès des laboratoires. Les restaurations font ressortir des éléments qui n’étaient pas du tout visibles avant traitement. C’est le cas par exemple de deux lames de couteaux sur lesquelles on voit des noms gravés, Marcellin et Jean-Fra.(nçois). Le pichet en étain, après nettoyage, a révélé un nom, Juenon, gravé sur le fond. Il pourrait s’agir du meunier, et ce patronyme est très répandu dans la région de Verdun-sur-le-Doubs encore actuellement. Tous les outils comportent des marques d’artisans qui feront l’objet d’une étude spécifique lorsque tout le lot sera restauré.

    Kvarner (Croatie) : monastères et sites ecclésiaux insulaires / campagne 2015

    Kvarner (Croatie) : monastères et sites ecclésiaux insulaires / campagne 2015

    Les monastères et sites ecclésiaux insulaires dans l’archipel du Kvarner (Croatie) / Campagne 2015

    Responsables : Morana Čaušević-Bully (université de Bourgogne Franche-Comté-UMR Chrono-environnement), Sébastien Bully (UMR ARTEHIS)Retour ligne automatique

    Mission archéologique du ministère des Affaires étrangères (second volet)

    Dates de chantier : du 29 juin au 18 juillet, du 19 au 30 octobre.

    Participation : Ivan Valent, Thomas Chenal (UMR ArTeHiS), Adrien Saggese (UMR ArTeHiS), Jessy Crochat, Lucija Dugorepec, et les contributions de Pascale Chevalier (UMR ArTeHiS), Inès Pactat, Mia Rizner et Miro Vuković

    En partenariat avec aIPAK/APAHJ

    Financements : ministère des Affaires étrangères français, ministère de la Culture croate, École française de Rome, Commune d’Omišalj, Commune de Mali Losinj, Région de Primosko-Goranska, Caritas veritatis foundation

    Les sites

    Le programme de prospection-inventaire des sites ecclésiaux insulaires engagé en 2010 est structuré autour de trois axes majeurs :

    • Identification des sites monastiques potentiels à partir des sources écrites, des données archéologiques, architecturales et topographiques ;
    • Conditions et modalités de l’installation et de la diffusion du monachisme insulaire dans le Kvarner, entre le Ve et le XIe siècle : occupation du sol et voies maritimes, construction de l’espace ;
    • Topographie monastique et architecture cultuelle : héritages et influences, cénobitisme et érémitisme. L’exécution de ce programme passe un dépouillement bibliographique, des sondages archéologiques, des études de bâti, des relevés topographiques, la constitution d’une documentation graphique et photographique, des prospections pédestres et géophysiques.

    Objectifs et résultats

    Le programme de prospection-inventaire initié en 2010 est entré dans une nouvelle phase en 2015 avec le démarrage de la fouille programmée de la grande église paléochrétienne du complexe de Martinšćica (île de Cres). Dans le même temps, la poursuite des prospections a été à l’origine de la découverte d’une nouvelle église (paléochrétienne ou haut-médiévale) sur l’îlot désert de Mali Ćutin. Le troisième volet du programme a porté sur le site de Mirine-Fulfinum (île de Krk) avec la préparation du chantier de fouille dans le secteur dit de « l’église à trois absides », édifice daté des IXe-XIe s., construit sur un complexe antique suburbain (villa ?).
    Les principaux résultats des recherches menées à travers les programmes « Monastères et sites ecclésiaux insulaires » et « Monastère Saint-Pierre d’Osor » ont été présentés lors de l’exposition « Aquileia-Salona-Apollonia. Un itinéraire adriatique du IIe s. av. J.C. au début du Moyen Âge », qui s’est tenue aux musées de Mali Lošinj et de Zagreb durant l’année 2015.
    Du 15 au 21 juin, un atelier doctoral sur le thème « Les sources pour l’histoire de l’Adriatique orientale (IVe-XVe siècle). Textes, archives et archéologie » a été organisé en collaboration avec l’Ecole française de Rome. La rencontre, en partie financée par la commune d’Omišalj, s’est déroulée dans le vestibule de l’église paléochrétienne de Mirine.
    L’ensemble des résultats des différentes opérations est publié en ligne dans le cadre des chroniques archéologiques de l’Ecole française de Rome.

    Lien
    ČAUŠEVIĆ-BULLY (M.), BULLY (S.), Kvarner (Croatie). Prospection-inventaire des sites ecclésiaux et monastiques : campagne 2015, Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, https://cefr.revues.org/1578

    Saint-Mont (88) : fouilles archéologiques, relevés topographiques / campagne 2015

    Saint-Mont (88) : fouilles archéologiques, relevés topographiques / campagne 2015

    Le site du Saint-Mont : Fouilles archéologiques, relevés topographiques / année 2015

    Projet collectif de recherche Monastères en Europe occidentale (Ve–Xe siècles Topographie et structures des premiers établissements en Franche-Comté et Bourgogne)

    Responsable : Thomas Chenal (UMR ARTEHIS – Chercheur associé),Retour ligne automatique
    Dates de l’opération de fouille : septembre et octobre 2015
    Financements : DRAC Lorraine, Projet collectif de recherche Monastères en Europe occidentale, commune de Saint-Amé, Communauté de communes Terre de Granit, Ville et Office de Tourisme de Remiremont

    En partenariat avec EA HISCANT-MA – Université de Nancy 2, UMR SISYPHE – Université Pierre et Marie Curie Paris VI-Jussieu,MSH Dijon-USR CNRS-UB 3516, MSHE Ledoux Besançon -USR 3124, APAHJ, FLA, TerraeGenesys.

    Photo de l’équipe de nettoyage au travail

    Le site :

    Le Saint-Mont (commune de Saint-Amé, Vosges) est réputé pour être l’emplacement du premier monastère d’Austrasie, fondé au début du VIIe s. par saint Amé, moine de Saint-Maurice d’Agaune puis de Luxeuil, et par saint Romaric, leude austrasien. Le site du Monasterium Habendum a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles entre 1964 et 1991 par Michel Rouillon puis par Charles Kraemer. Les recherches ont permis la découverte de nombreuses structures et de mobilier s’inscrivant pour l’essentiel dans une large fourchette chronologique comprise entre l’Antiquité tardive et l’époque moderne. Les vestiges s’étagent entre le sommet du mont et deux terrasses sur son flanc sud, soit une surface estimée actuellement à 3 hectares. En tenant compte des résultats anciens, nous avons engagé une nouvelle série de relevés topographiques et de prospections géophysiques ; une révision de fouille a été menée sur des vestiges anciennement dégagés afin de mieux comprendre l’évolution topographique d’un site monastique qui s’implanterait, d’après le récit hagiographique des fondateurs, sur une probable villa mérovingienne, puis sur un castrum tardo-antique.La reprise desfouilles archéologiques est l’occasion de mieux comprendre l’espace funéraire du Monasterium Habendum mais aussi d’étudier un lot unique de tombes en formae.

    Objectifs et résultats :

    Pour cette nouvelle campagne, nous avons :

    1- Fouillé 60% de la nef de la basilique funéraire du haut Moyen Âge recouverte par la chapelle médiévale Sainte-Claire. À cette occasion, plus de 60 formae, rares structures funéraires datées généralement du haut Moyen Âge, y ont été découvertes, faisant de ce corpus le plus important d’Europe. Le plan et le phasage de cet espace funéraire nous permettent pour l’heure de restituer un bâtiment funéraire vaste de 22 mètres de long pour 8 de large, la façade du bâtiment venant d’être découverte.

    2- Diagnostiqué une fosse de vidange secondaire correspondant au dépôt d’un ossuaire servant au curage des formae au fil des réinhumations dans la basilique funéraire. D’accès difficile, puisque déversé dans les pentes abruptes du Saint-Mont, en limite de plateforme, l’étude de cet ossuaire a permis le comptage de 99 individus, dont le recrutement se compose d’hommes et de femmes, et d’un nombre non négligeable de juvéniles.

    3- Traité la prospection radar qui avait été menée sur des plateformes vierges de découvertes archéologiques. Ces prospections ont porté sur des plateformes construites au XVIIIème siècle en détruisant des mamelons granitiques sur lesquels reposaient des chapelles médiévales. Nous avons détecté deux probables éminences rocheuses en prenant appui sur le contraste entre le socle naturel, et le remblai anthropique.

    4- Étendu le relevé topographique général du site aux chemins d’accès du site, aux remparts non datés défendant le sommet, ainsi qu’aux pentes que nous n’avions pas encore traitées au moyen d’un tachéomètre, et de GPS différentiels. Des structures périphériques au monastère ont ainsi été découvertes, à l’image d’une carrière de granit moderne, mais surtout de nouveaux tronçons de remparts non caractérisés.

    5- Mené une campagne de numérisation 3D des vestiges découverts à l’aide de photogrammétrie terrestre. Ces relevés ont permis de modéliser l’ensemble des structures connues de l’aire funéraire en trois dimensions, complétant les relevés au pierre à pierre et topographiques afin de participer à une meilleure compréhension spatiale de la zone.

    6- Repris l’atelier d’inventaire du mobilier archéologique découvert à partir des années 60 et jusqu’en 1992. Cette activité a permis la publication de deux articles traitant d’un lot précieux de verre mérovingien, mais aussi d’un lot majeur de pots de pierre ollaire en talcschiste et chloritoschiste alpin.

    La campagne 2016 complétera la fouille de la nef, mettant à jour la totalité des formae conservées. L’extension de la fouille aux abords du bâtiment permettra de comprendre définitivement son emprise et participera à la bonne connaissance de son évolution, de l’implantation des formae dans un bâtiment inconnu à l’édification de la basilique identifiée en 2014. Une campagne de topographie sera une nouvelle fois menée sur le massif afin de compléter les données déjà acquises. La poursuite de l’atelier universitaire d’inventaire du mobilier ancien se concentrera sur le mobilier céramique, des plateformes les moins étudiées notamment.

    Orthophoto et proposition de restitution (T. Chenal)

    Plan pierre à pierre de l’espace funéraire du Saint-Mont (T. Chenal, d’après Ch. Kraemer et T. Chenal)

    Gevrey-Chambertin (21) : un vignoble gallo-romain / campagnes 2008-2012

    Gevrey-Chambertin (21) : un vignoble gallo-romain / campagnes 2008-2012

    Site de Gevrey-Chambertin « Au-dessus de Bergis » et Brochon « Entre Les Ruisseaux » : un vignoble gallo-romain au pied des coteaux bourguignons. (2008-2012)


    Responsable : Jean-Pierre Garcia (PR. Université de Bourgogne)
    Participation de : Florent Delencre (doctorant uB),  Amélie Quiquerez (MCF uB), Gilles Hamm (CNRS, UMR ARTEHIS), étudiants master AGES 2009-2012
    En partenariat avec : fouilles préventives INRAP 2008 (R.O. Sébastien Chevrier)
    Dates de chantier : fouilles programmées 2009, 2010, 2011, 2012
    Financements : Région Bourgogne (programmes DINOS), UMR ARTEHIS

    Le site

    Lors du décapage préamable aux fouilels préventives de l’INRAP en 2008 sur le site « Au-dessus de Bergis » (R.O. Sébastien Chevrier), en plus des structures archéologiques attendues, sont apparues  des fosses rectangulaires alignées en au moins 31 rangs orientés presque Nord-Sud  sur plus de 110 m de longueur. Les extrémités sud des rangs sont alignées parallèlement à une structure de parcellaire (haie) qui délimite le lieu-dit « Au-dessus- de-Bergis » au Sud.
    Les structures de plantation et l’extension du site ont pu être étudiées lors du chantier d’archéologie préventive de 2008 puis par la suite en fouilles programmées (caampgnes 2009, 2010, 2011 et 2012). Ainsi a pu être délimité l’emprise totale de la  vigne  et son environnement agraire sur la commune de Gevrey-Chambertin et sur la commune limitrophe de Brochon.

    Sondage sur la partie nord-ouest du site Gevrey-Chambertin-Brochon (2011)

    Fouille et relevé des fosses de plantation (2009) cliché: J.-P. Garcia

    Les rangs de fosses de plantation (2008) cliché: J.-P. Garcia

    Des traces de plantations de vignes gallo-romaines

    L’ordonnancement des rangs laissait penser à la vigne, très présente et célèbre sur la commune de Gevrey-Chambertin, et à proximité même du site, mais aussi à des vergers ou à d’autres plantations arbustives.

    Les fosses rectangulaires possèdent des bords abrupts tandis que leur fond n’est pas plat mais présente deux creusements séparés par un « bourrelet » médian. Ce compartimentage bien particulier a été reconnu pour la quasi totalité des fosses. La fouille minutieuse a laissé apparaître pour certaines des rangs concentriques de pierres arrangées autour d’un conduit vertical, rempli de limon brun qui évoquent la présence d’un tronc de végétal tout comme les traces de racines visibles sur les coupes,  un caractère allant dans le sens de l’interprétation de fosses de plantation.
    La présence des fosses latérales et moins profondes témoigne de la technique ancienne du provignage destinée à propager la vigne de manière végétative. Elle constitue un critère décisif d’identification de cette plantation comme celle d’un vignoble.
    Les dimensions des fosses qui suivent une métrique rigoureuse est peu parlante dans nos unités de mesures, mais quand on l’exprime en pieds romains (1 pied = 29,7 cm), les fosses étudiées ont des dimensions en chiffres ronds: Longueur ≈ 3 à 4 pieds ; largeur ≈ 2 pieds ; espacement ≈ 3-4 pieds ; distance entre les rangs ≈ 10 pieds. C’est un indice pour interpréter cette plantation comme un vignoble d’époque romaine et  on retrouve d’ailleurs ces dimensions dans les recommandations de Columelle et d’autres agronomes latins

    Le matériel trouvé dans ces fosses reste pauvre mais exclusivement d’époque romaine : il constitué de rares tessons de céramique émoussés et de débris de tuiles (tegulae). Ces éléments sont les témoins conservés des fumures administrées lors de la culture de la vigne. Les éléments identifiables sont des fragments de gobelets de la fin du Ier ou de la première moitié du IIème s. ap. J.-C, des IIe et IIIe s. (ateliers d’Autun) et des clous, avec parmi eux, des clous de chaussures dont le type est connu au Ier siècle ap. J.-C.
    Des éléments d’encadrement chronologique viennent conforter cet âge : installation à la fin du Ier s.-1ère moitié du IIe s., disparition au cours ou après le IIIe s.. Ce sont :
    -les ossements d’un  chien déposé dans une fossé (datés par radiocarbone entre 54 av. J.-C. et 71 ap. J.-C)  situés sous les plantations et précédant l’installation du vignoble;
    -une haie qui fait limite parcellaire et qui recoupe les rangs de plantations, datée postérieurement au IIIe s. ap. J.-C.
    – une structure calcinée avec charbons de bois de noyer, excluant la présence de la vigne à cette époque sur le site, datée du Vème au VIème s. ap. J.-C.

    les fosses de plantation après fouille, vidées de leur remplissage cliché: J.-P. Garcia

    Un vignoble élaboré

    De petits trous de faible diamètre (10 cm au maximum), remplis de limon brun, imprient très superficiellement le substrat à proximité des fosses de plantations. Certains apparaissent alignés parallèlement et à l’Ouest des rangs de plantation, à moins d’un mètre de distance du rang. Ce sont des traces de piquets d’un système de palissage complexe dont àon a tenté uen restitution.
    S’il est très vraisemblable que la vigne était conduite sur échalas et sur des perches horizontales de bois ou de roseaux en jugum (« joug ») comme l’indiquent les textes antiques,
    une des hypothèses de restitution, fait  imaginer un  système de palissage oblique qui optimise l’énergie lumineuse reçue pour ce vignoble septentrional, installé en plaine humide, pour lequel le séchage des feuilles et des baies par le soleil matinal est primordial, non seulement pour le mûrissement des raisins mais aussi pour limiter les maladies de la vigne.
    Ainsi restitué, ce vignoble s’inspire d’un mode de conduite dit « en pergolette », connu encore actuellement dans le nord de l’Italie ou sur les représentations médiévales italiennes des XIVème et XVème s.
    Une telle architecture répond aux normes actuelles de production viticole et avec 2000 à 3000 pieds/ha,  le vignoble antique de Gevrey-Chambertin serait proche, par son mode de conduite palissé, de l’optimum associant production en quantité, production de qualité, et ressource en eau.

    une reconstitution du vignoble gallo-romain d’après les structures archéologiques conception: J.-P. Garcia; DAO: M. Foucher

    les fosses de plantation accompagnées de petites fosses de provignage cliché: J.-P. Garcia

    les fosses de plantation en cours de fouille (2009) cliché: J.-P. Garcia

    Délimitation du site

    Le vignoble gallo-romain de Gevrey-Chambertin s’insère dans un ensemble de cultures et d’exploitations agricoles gallo-romaines dont témoignent le réseau des villae de la plaine de la Sâone. Si sa limite est n’est pas connue, le vignoble apparaît limité au sud par une haie ou palissade. Des prospections géophysiques magnétiques et des sondages ont permis de placer sa bordure ouest et Nord (haies) ce qui porte la superficie connue de la vigne à 125 m x 250 m environ, soit à près de 3 ha. De même, il fallait s’attendre à trouver à proximité du vignoble des bâtiments d’exploitation comme l’on montré d’autres cas d’études de vignobles antiques en France (Hérault, Drôme, Var, Gard, Vaucluse, Charentes, Rhône etc.)  qui sont souvent immédiatement adjacents à des bâtiments de villae. Ces lieux de production de vin possèdent des pressoirs, fouloirs, chais qui laissent des traces archéologiques. Cependant les prospections géophysiques n’ont pas permis de localiser ces bâtiments qui ont peut être été détruits par les aménagements à l’Est de la vigne, sous la zone industrielle de Gevrey-Chambertin-Brochon.
    En revanche, ces prospections ont permis de mettre au jour des fosses dépotoirs et une occupation du Néolithique moyen inédites (Chasséen de plaine) qui seront publiées à la suite.

    Prospection géophysique magnétique pour délimitation du site (2010) cliché: J.-P. Garcia

    Sondage de délimitation du site (2012) cliché: J.-P. Garcia

    Prospection géophysique magnétique pour délimitation du site (2011) cliché: J.-P. Garcia

    Sondage d’une fosse néolithique (2011) cliché: J.-P. Garcia

    La question des terroirs viticoles

    Le vignoble antique de Gevrey-Chambertin est, à ce jour, le premier argument direct et le plus ancien de la viticulture antique en Côte-d’Or après les pépins de raisin datés de 254 ap. J-C, trouvés dans la villa viticole  des Tuillières à Selongey (Côte-d’Or). Il rejoint les arguments indirects (pollens, outils, restes organiques, mobilier) d’une production viti-vinicole locale au  IIème-IIIème s. et peut-être même à partir du milieu du Ier s.  en Côte-d’Or.
    Ces vignes gallo-romaines participaient au vignoble de la cité des Lingons ou de celle des Eduens que décrit, dans leur décrépitude, le célèbre panégyrique de 312 ap. J.-C. en l’honneur de l’empereur Constantin (Panégyriques latins VI, 4-8). Sa situation est conforme à cette description du Pagus Arebrignus (la Côte de Nuits et de Beaune), pays doté de vignes, entre la Saône et les hauteurs rocailleuses « sûrs repaires de bêtes sauvages », dans la plaine humide en aval des sources du pied des collines, au milieu des marécages, des mares, des canaux et des villae qui exploitent ces terroirs.
    Cette situation contraste avec celle que l’on attribue aujourd’hui à un vignoble de qualité en Bourgogne. Appartenant à un terroir situé à  moins de 200 m  des vignes actuelles les plus basses en altitude et dans la hiérarchie des crus de l’Appellation Gevrey-Chambertin,  il constitue de fait un point important pour la compréhension de la construction des terroirs bourguignons, témoignant d’une considération antique pour les terroirs viticoles différente des conceptions médiévales et actuelles qui réservent les coteaux aux meilleurs crus.
    Sa situation en plaine pose la question de l’implantation de la vigne sur les coteaux, que la datation des sols viticoles des versants place, dans l’état actuel des connaissances, à partir du haut moyen Âge. C’est dans cette période charnière de l’antiquité tardive, entre le IIIe s. et le Ve s., que se situe ce changement important à la fois climatique, culturel, social, économique et politique, qui est peut-être général en Gaule devenue chrétienne.

    Publications principales :

    [RAE 2010] Le vignoble gallo-romain de Gevrey-Chambertin « Au-dessus-de Bergis », Côte-d’Or (Ier-IIe s. ap. J.-C.) : modes de plantation et de conduite de vignes antiques en Bourgogne

     [Brochure SRA Bourgogne n°23]

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