Hauteroche (Côte-d’Or) : sondage d’un atelier de potiers gallo-romain – campagne 2021
Sondages archéologiques sur un atelier de potiers gallo-romain à Hauteroche (21) / 2021
Des sondages ont eu lieu à Hauteroche du 18 au 27 octobre 2021 sous la responsabilité de Florent Delencre. Dans le cadre du PCR « L’argile et ses usages en Auxois de l’Antiquité à nos jours » coordonné par Fabienne Creuzenet et Florent Delencre
Dans le cadre du PCR « L’argile et ses usages en Auxois de l’Antiquité à nos jours » coordonné par Fabienne Creuzenet et Florent Delencre, un recensement a été réalisé pour caractériser l’ensemble des données archéologiques permettant de mettre en évidence des ateliers de potiers et de tuiliers gallo-romains en Auxois.
Le site d’Hauteroche « Les Murées d’Hautereilles » avait été sondé en 1972 par Jean Guéritte alors qu’il menait ces fouilles depuis plusieurs années sur l’établissement gallo-romain du « Landran » à Gissey-sous-Flavigny dans la parcelle voisine (Fig. 1). Un atelier de potiers avait de fait été mis au jour, attesté par deux fours présents à une vingtaine de centimètres sous la terre arable (Fig. 2) et des ratés de cuisson conservés au musée d’Alésia. Les monnaies et les ratés de cuisson de vaisselle culinaire permettent de dater de la seconde moitié du IIème et IIIème siècles l’activité dans ce local artisanal, contemporain de la villa de l’autre côté de la voie romaine.
En 2019, des mesures magnétiques ont été réalisées sur cette parcelle, afin de définir l’étendue de cet atelier de potier. La prospection magnétique a permis d’identifier l’emplacement exact des vestiges des fours fouillés par J. Guéritte et de confirmer la localisation d’un secteur artisanal. En effet, les résultats suggéraient l’existence de fosses d’extraction, de potentiels foyers et possiblement d’au moins un autre four.
L’objectif des sondages a été par conséquent de valider les méthodes géophysiques afin de pouvoir interpréter et définir l’extension et l’organisation des structures associées à l’atelier de potiers. Ils ont été réalisés sous la responsabilité de Florent Delencre (chercheur associé ARTEHIS) et avec le concours de Fabienne Creuzenet (uB, ARTEHIS), Marie-Anaïs Janin (doctorante ARTEHIS), Emma Bardi (université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Alexandre Perrin (bénévole), Georges Thiéry (bénévole) et Anne Guérin (bénévole).
Situé sur un plateau, le site s’est avéré de prime abord extrêmement arasé et les structures observées en 1972 ont souffert des pratiques agricoles au cours du temps. Malgré cela, les fours de potiers déjà identifiés ont pu à nouveau être mis au jour (Fig. 3). Par ailleurs, les sondages, implantés dans des secteurs jusqu’alors jamais explorés archéologiquement, ont montré que des structures avaient été conservées sous des niveaux de colluvions ou lorsque elles ont été creusées directement dans le substrat calcaire. Les vestiges d’autres fours de potiers ont ainsi été mis en évidence (Fig. 4), de même qu’un niveau d’occupation gallo-romain centré autour du IIIème siècle sur lequel l’arase d’un mur prend appui. Le site se démarque également par la présence d’une fosse et de trous de poteaux creusés dans le substrat calcaire, dont les comblements ont révélés la présence de mobilier gallo-romain, d’un outil en fer et de la tête d’une statuette en calcaire oolitique (Fig. 5). Cette dernière, découverte remarquable et particulièrement bien conservée faisant écho à la statuaire mises au jour lors des fouilles du « Landran », est en cours d’étude par Pierre-Antoine Lamy (responsable du service recherche et conservation de Bavay, chercheur associé ARTEHIS).
Ces résultats nous permettent d’apporter de nouveaux éléments de caractérisation à un site qui s’étend de part et d’autres de la voie romaine menant d’Alésia à Sombernon, dont l’organisation et l’extension semblent plus importantes qu’envisagé jusqu’à encore récemment.