Le site archéologique de la Cime de la Tournerie sur la commune de Roubion (Alpes-Maritimes) / campagne de fouille 2014
Fouille programmée triannuelle (2014-2016) dans le cadre du Projet Collectif de Recherche de l’UMR Camille Jullian : « Peuplement et occupation du sol du Massif du Mercantour au cours de l’holocène »
Responsable : Franck Suméra (Conservateur en chef, MCC)
Participation de l’UMR ARTEHiS : Patrice Méniel (DR CNRS), étude des vestiges osseux d’animaux.Marie Poignant (Master AGES), fouille et gestion du mobilier archéologique.Dates d’intervention : juin et juillet 2014.
Le site
Le site de la Tournerie sur la commune de Roubion, fouillé pour la première fois dans le cadre du programme Alcotra PIT Mercantour Alpi Marittime, correspond à un site monumental de l’âge du Fer caractérisé par un réseau d’enceintes concentriques délimitant une plate-forme d’environ 450 m.
Implanté sur un monticule qui culmine à 1816 m, il constitue un belvédère qui offre une vue à 360° sur les plus hauts sommets du Mercantour et de l’Argentera. Les relations entretenues avec le paysage et la nature des découvertes réalisées à l’occasion des fouilles conduites en 2011 indiquent une vocation cultuelle du site. Bien qu’il soit trop tôt pour conclure, la présence d’os humains, de stèles, d’une perle en bronze ainsi que la topographie pourraient évoquer un sanctuaire de type héroïque similaire à celui des « Touries » sur la commune de Saint-Jean-et-Saint-Paul dans l’Aveyron.
L’importance des moyens mis en œuvre pour l’édification du site soulève de manière inédite la question de la démographie des populations du Mercantour pendant l’âge du Fer et celle de l’existence d’une société suffisamment hiérarchisée pour mobiliser une entreprise de construction qui a conduit à creuser dans la roche des fossés de 2 m de profondeur sur plusieurs centaines de mètres de long.
En l’état des connaissances, le site de la Tournerie n’a pas d’équivalent dans les Alpes du sud et si sa vocation est bien confirmée, ce serait le premier sanctuaire de haute montagne de l’âge du Fer.
L’étude des restes animaux ne fait que débuter, mais l’état de conservation des ossements est tout à fait exceptionnel permet de faire de nombreuses observations sur les traces anthropiques, cuisson et découpe, qui indiquent que nous avons affaire à des déchets culinaires. Les premières déterminations montrent l’importance des caprinés dans cet assemblage. Cette faune semble présenter de nombreuses analogies avec celle, également en cours d’étude au laboratoire d’archéozoologie ArTeHiS, du site à stèles du premier âge du Fer des Touries, fouillé sous la direction de P. Gruat (CG Aveyron).