Sujet de thèse :
Nouvelle lecture des Pierres à Cerfs d’Asie Centrale via une analyse des structures archéologiques, de l’agencement des symboles et de leur forme.
Direction : Fabrice Monna (directeur) et Jérôme Magail (co-directeur)
Description du projet de thèse :
Les stèles ornées dites « pierres à cerfs » sont parmi les plus célèbres monuments de l’âge du Bronze mongol. Elles se présentent sous la forme de stèles monolithiques, d’une hauteur de 1,80 m en moyenne mais pouvant atteindre 4 m. Les pierres à cerfs sont présentes sur un très large territoire d’environ 1,5 million km² comptant à ce jour plus d’un millier de stèles connues. Ces pierres sont gravées, essentiellement de représentations de cerfs bondissants, le cou étiré, les pattes repliées sous le ventre, arborant des bois en pleine maturité. D’autres thèmes iconographiques sont aussi abordés, celui des armes, du monde animalier, et certaines figures géométriques, formant une stylistique très proche pour l’ensemble des pierres à cerfs. Souvent retrouvées dans des complexes funéraires composés de structures en pierres sèches, elles sont associées à des pratiques funéraires ou à des rituels animistes. Elles représenteraient un axe vers les cieux, guidant les âmes des défunts pour éviter toute errance dans les steppes. Plusieurs études ont tentées de comprendre l’organisation de ces stèles dans les complexes funéraires ainsi que celle des motifs gravés sur leur surface. Les archéologues font aujourd’hui face à une quantité de données difficile à documenter et à traiter ; plus d’un millier de stèles comprenant chacune des dizaines d’iconographies, elles-mêmes associées à des complexes funéraires très codifiés composés de centaines, voire de milliers de structures en pierres sèches, tel que des tertres, des cercles ou des alignements. L’étude de l’organisation spatiale des stèles et des structures ainsi que l’étude de l’organisation des motifs gravés deviennent compliquées. Les méthodes de relevés et de statistiques habituellement utilisées demanderaient trop de temps et de personnes. Il existe pourtant des outils mathématiques actuels capables de répondre à ces problématiques.
Dans un premier temps, une nouvelle méthode de relevé au drone, actuellement développée à Dijon et basée sur des othormosaïques des sites et une reconnaissance des pierres par des méthodes de deeplearning, va permettre l’établissement de plans précis des complexes funéraires. Leurs étendues imposantes, parfois plusieurs hectares, et le nombre de structures qui les composent rendaient jusqu’à présent difficile et très couteux leur documentation. Un des objectifs de cette thèse est de développer cet outil afin d’éliminer les pierres isolées et de déterminer automatiquement la typologie des structures en pierres sèches en les classant en différentes catégories (tertres, cercles, tumulus, etc.). L’étude de l’organisation d’une centaine de complexes pourra alors également s’appuyer sur un traitement automatisé capable de définir des typologies globales et ainsi de mieux comprendre la chronologie de leur construction.
Dans un second temps, l’étude portera sur la distribution des iconographies sur les pierres à cerfs elles-mêmes. Représenter l’organisation des symboles des stèles sous forme de réseau permettrait dans un premier temps de calculer des indices caractérisant le graphe (densité, connectivité, cohésion, etc.) et dans un second temps, associé aux analyses tel que celle du « market basket », de définir des règles d’association entre les symboles. A partir de ces données il sera possible de créer une nouvelle typologie objective des pierres à cerfs, qui sera étudiée à travers les données d’emplacement et de datation connues sur les stèles.
Enfin, une étude portera sur la forme des motifs gravés en s’inspirant des méthodes de morphométrie géométrique utilisées par les paléontologues et les biologistes pour déterminer l’évolution des formes du vivant. L’objectif est de détecter les variations dans la forme des symboles en fonction du temps et de l’espace, variations indicatrices d’éventuelles différences entre groupes culturels ou entre périodes. Le but étant de comprendre plus globalement la stylistique liée aux pierres à cerfs.
Cette étude se concentrera sur trois sites principaux : Tsatsyn Ereg, Jargalant et Ulan Uushig qui ont déjà été étudiés et bien documentés. Les données existantes enrichies par celles apportées par ce travail vont permettre de mieux comprendre les similitudes observées dans l’agencement des complexes, l’implantation des pierres à cerfs et la distribution de leurs iconographies. L’évolution des règles architecturales et iconographiques suivies par ces peuples de l’âge du Bronze pourront faire l’objet de nouvelles hypothèses sur leurs interactions culturelles dans l’espace et le temps. Au-delà des réponses apportées aux problèmes archéologiques de la Mongolie, le but de cette étude est de développer des outils d’analyse et de relevé qui pourront être appliqués à d’autres contextes archéologiques.
2018/2019 :
- M2 ASA parcours AGES : TD de morphométrie (6h)
- L3 pro ADNT : TD de statistiques (10h)
- M1 ASA : TD de statistiques et quantification de données (14h)
2016/2018
Master 2 archéologie et sciences pour l’archéologie, parcours Archéo-Géo-Sciences, Université de Bourgogne.
Sujet : Rehaussement du relief sur des modèles 3D archéologiques à l’aide de différents algorithmes d’occlusion ambiante. Tuteur : Fabrice Monna
2015/2016
Master 1 archéo-géo-sciences, Université de Bourgogne.
Sujet : Ecriture d’un script sous R pour l’analyse des motifs sur les pierres à cerfs mongoles. Tuteur : Fabrice Monna
2012/2015
Licence STS mention physique, parcours physique-chimie, Université Grenoble 1