Programme porté par la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon
En partenariat avec ARTEHIS
Axe thématique d’ARTEHIS de rattachement : Fabrique du paysage
Programme de rattachement : Construction des terroirs viticoles
Responsable : J.-P. Garcia
Participants d’ARTEHIS : Guillaume Grillon, Thomas Labbé
Financements :
PARI Région Bourgogne-Franche-Comté-FEDER-BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne)
Durée : août 2016-septembre 2017
Résumé :
Le vignoble de Côte-d’Or a été inscrit au patrimoine de l’Unesco en 2015 comme paysage culturel « modèle de vignobles de terroir ». Il consacre les « climats viticoles » comme des lieux délimités, nommés, construits sur la relation du vin au lieu, constituant un paysage morcelé, où les éléments matériels du parcellaire sont très présents et opérants (clos, murs, meugers, réseau viaire etc.).
Notre recherche s’est déplacée du coeur du périmètre inscrit pour se consacrer à l’ensemble de la Bourgogne viticole actuelle (Côte d’Or, Yonne, Saone-et-Loire) mobilisant une somme très importante d’archives textuelles, iconographiques, et cartographiques du XVIe au XIXe siècles sur les 3 départements. Les principaux résultats de notre étude sont énoncés ci-dessous.
Le terme de « climat », dans son sens agraire initial, à partir de la fin du XVe siècle, n’est ni originaire de la Bourgogne, ni spécifique à la vigne. Il désigne, comme d’autres mots à la même époque une portion de territoire sur laquelle s’applique le droit de perception de la dîme et s’adresse à toutes sortes de cultures et de récoltes (céréales, bois, vigne, etc.) Apparue dans le Nord de l’Yonne à la toute fin du Moyen Âge, la notion de « climat » (agraire) se propage jusqu’au début du XVIIe siècle vers le Sud-Est , jusqu’au Tournugeois sans pénétrer le sud de la Saône-et-Loire. En Côte-d’Or et singulèrement depuis Dijon et la Côte viticole, le mot acquiert au début du XVIIIe siècle le sens viticole qui nous intéresse aujourd’hui, légitimé au cours du XVIIIe s. par le discours savant et commercial.
Les climats de Côte-d’Or, valorisés plus précocement au XVIIIe siècle ont servi ensuite de modèle à ceux de l’Yonne à la fin de ce siècle et surtout à partir du XIXe s. La distinction des climats de l’Yonne n’intervient qu’après que le marché facile et massif vers Paris qui a fait la réputation des vins de l’Auxerrois depuis le Moyen Âge et la richesse de ses négociants, soit entré en crise profonde pour finalement disparaître avec la crise du phylloxéra. En Saône-et-Loire en dehors de la couleur du vin et des millésimes, aucun cru ni a fortiori aucun climat ne sont mentionnés avant la fin du XVIIIe siècle.Les cépages sont en revanche un moyen de valorisation de certains vins, notamment par le chardonnay à partir au XVIIIe siècle mais surtout le chanay (rouge) aux XVIIe et début du XVIIIe siècle dans le Mâconnais-Tournugeois.
La carte figurée présente les communes pour lesquelles au moins 1 climat viticole est cité avant 1800. Comme attendu, les Côtes de Nuits et de Beaune apparaissent nettement ainsi que quelques climats revendiqués dans la Côte Chalonnaise et le Couchois et très ponctuellement et tardivement au sud du Mâconnais. Cette réparttion peut être mise en correpsodnnace avec le type de paysage viticole monocultural parcellisé/monocultural uniforme/ polycultural etc. encore présent aujourd’hui.
Cette étude a pu montrer combien la notion de climat est dynamique et ne découle pas d’une vocation prédestinée : pour telle ou telle région de la Bourgogne viticole, des climats se sont créés et ont pu disparaître. Elle explique la singularité du paysage de certaines régions par nombre d’héritages historiques liés à leur adhésion ou à leur éloignement de la norme de qualité par les climats, mais ausis les dynamiques nouvelles où des climats sont en voie d’émergence.
Publications :
Garcia Jean-Pierre, Labbé Thomas, Grillon Guillaume, 2018, Les climats viticoles en Bourgogne et ailleurs. Rencontres du Clos-Vougeot : Vignobles et vins singuliers : de l’unique au pluriel
Garcia Jean-Pierre, Labbé Thomas, Grillon Guillaume, 2018, La fabrique urbaine du terroir et des climats en Bourgogne (XVIe‑XVIIIe siècle). In : Marguerite Figeac et Stéphanie Lachaud (dir.), Ville et vin en France et en Europe du XVe siècle à nos jours
Grillon Guillaume, Garcia Jean-Pierre, Labbé Thomas, 2018, – Des couleurs, des cépages et des « climats » en Saône-et-Loire viticole (XVe – XVIIIe siècle). Actes des journées Pontus-de-Thyard, Bissy-sur-Fley
Labbé Thomas, Garcia Jean-Pierre, Grillon Guillaume, The climats of Burgundy: economic, normative and ideological issues of the 18th century. Rural History, Leuwen, 2017