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    La Montagne de Saint-Laurent à Mesmont (21), bilan de la campagne 2023

    Tags : Antiquité Préhistoire/Protohistoire

    Responsable : A. Guicheteau
    Collaboration d’ARTEHIS : Georgie Baudry (instrumentum périodes historiques), Florent Delencre (matériau de construction en terre cuite), Franck Ducreux (mobilier âge du Bronze), Axelle Grzesznik (responsable adjointe bâti), Michel Kasprzyk (mobilier Antiquité tardive), Lydie Joan (verre), Régis Labeaune (mobilier premier Âge du Fer)

    La butte-témoin de la Montagne de Saint-Laurent à Mesmont domine largement la moyenne vallée de l’Ouche. Elle offre un plateau de 13 hectares cerné de pentes abruptes et dominé par un éperon central d’environ 3 hectares. Plusieurs campagnes de recherches conduites depuis le XVIIIe siècle montrent que le site est fréquenté depuis le néolithique, et plus intensément au 1er âge du Fer. Les recherches actuelles visent à mieux comprendre la nature de l’occupation du site au cours de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, période de l’histoire du site jusqu’ici plutôt méconnue, alors même qu’elle livre des vestiges nombreux et bien conservés. Le programme de prospections thématiques de 2019-2021 a démontré l’existence d’une petite agglomération perchée et l’objectif de la fouille programmée pluriannuelle des années 2022-2024 est de mieux l’appréhender (fig. 1).

    Localisation des zones de fouille sur le plan du site au haut Moyen Âge, établi d’après les données Lidar, géophysiques et de fouilles © A. Guicheteau, avec F. Mona, F.-X. Simon et Matthieu Thivet

    En effet, si les sources écrites, notamment hagiographiques, permettent d’envisager le site comme un lieu de pouvoir, chef-lieu d’un pagus au haut Moyen Âge, seule l’archéologie est à même de saisir sa matérialité. Deux zones de fouille sont concernées dans ce cadre triennal.

    Sur l’éperon central, la fouille se concentre sur l’étude d’un vaste bâtiment à abside, probablement un lieu de culte, mesurant près de 27,5 m de long dans l’œuvre (fig. 2). Si l’absence de sépultures questionne, le plan du bâtiment, l’abondance des fragments de verre à vitre ou de luminaires et la présence d’aménagements particuliers, notamment les traces d’une possible barrière de chœur en bois, constituent autant d’arguments en faveur d’une interprétation comme édifice cultuel. Les dernières campagnes de fouilles permettent de préciser le plan et la chronologie de l’édifice, peut-être construit dès le Ve siècle. Elles montrent en tout cas la réalisation d’un vaste programme de construction, que l’on qualifierait volontiers d’édilitaire, sur le sommet du site, et la puissance du commanditaire, d’autant plus que le bâtiment à abside s’insère dans un complexe bâti plus vaste, connu par des sondages des années 1970 rouverts en 2020. À ce stade, la chronologie du matériel récupéré dans ce secteur ne dépasse pas le VIIIe siècle.

    Fouille de l’abside du probable lieu de culte © A. Guicheteau

    Sur le plateau, en contrebas de l’éperon central, l’objectif est d’appréhender l’habitat en marge du pôle aristocratique qui se dessine sur la partie sommitale. Les prospections géophysiques de 2020 avaient révélé plusieurs bâtiments sur fondations de pierres. Le choix s’est porté sur le mieux conservé a priori (fig. 3). Il recoupe un petit bâtiment sur solins de pierres de deux pièces, dont l’une présente un sol en béton de tuileau laissant voir le négatif de pilettes d’hypocauste. À ce stade, la stratigraphie et le matériel le situent dans le courant du Ve siècle. Le vaste bâtiment maçonné postérieur, occupé durant les VIe-VIIe siècles, se développe sur environ 22 m de long et sur près de 12 m de large. D’après les premiers résultats, il s’organise autour d’une pièce centrale flanquée de deux annexes et d’une galerie de façade. La qualité de la construction et du matériel récupéré – armement, accessoires vestimentaires, etc. – montrent a priori le statut privilégié de ses occupants, questionnant davantage la nature de l’occupation.

    À l’issue du programme triennal, les fonctions et datations des édifices devraient être établies. Cela étant, de nombreuses interrogations demeurent à propos du site, notamment sur les formes et les fonctions des autres espaces et aménagements du complexe bâti localisé sur l’éperon central, mais aussi sur l’existence supposée d’un pôle funéraire et religieux à l’emplacement du cimetière paroissial actuel. Toujours est-il que les dernières recherches révèlent l’importance de ce type de site, dont la place est manifestement centrale dans l’organisation sociale, politique et économique du territoire.

    Vue par drone de la fenêtre de fouille de 2023 © J. Berthet

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