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    L’établissement rural enclos de Villevenard « La Croix Folle » / 2022

    Cette opération de sondage programmé a été menée sur la commune de Villevenard, dans le sud-ouest du département de la Marne dans le cadre du programme collectif de recherche sur les complexes miniers néolithiques des Marais de Saint-Gond (resp. Rémi Martineau) qui porte sur l’occupation du territoire et la détection de sites d’habitat.

    Dans la partie orientale du décapage, un établissement rural enclos daté entre le Hallstatt final et La Tène ancienne a été mis en évidence. Il borde une couche d’argiles tertiaires (St. 13) riche en mobiliers lithiques et céramiques.

    L’occupation est délimitée à l’ouest par un fossé rectiligne, d’orientation nord-ouest sud-est, large de 0,80 m et observé sur environ 40 m de longueur (Fig. 1). Elle semble se structurer en deux phases rapprochées, comme le confirment le recouvrement d’une partie des structures par les colluvions argileuses et la fouille manuelle du fossé (St. 11). Dans ce fossé, la première phase livre un profil inconnu mais plutôt profond, bordé par un petit talus composé de l’encaissant extrait. La seconde consiste en un élargissement de la partie supérieure et en un recreusement partiel présentant un fond plat. Le faible écart de temps entre ces deux phases ne permettra peut-être pas de préciser la chronologie. Immédiatement à l’est de l’enclos, cinq fosses ont été fouillées. Un puits St. 19, testé manuellement sur 1,20 m de profondeur (Fig. 2), a livré des céramiques identiques à celles des fosses. Il semble avoir été remployé en fosse détritique dans sa partie supérieure. La fosse St. 24 (Fig. 3) comporte des vestiges détritiques et un comblement organique relevant sans doute de l’exploitation d’un sol anthropisé dans la phase d’occupation de l’enclos. La fosse St. 23, assez profonde et au profil en U, livre un comblement très argileux qui témoigne d’une possible activité artisanale mettant en œuvre un stockage de l’eau ou un travail lié à l’eau.

    Les mobiliers sont nombreux : céramique, macrolithique, industrie lithique en silex taillé, et dans une moindre mesure, faune et instrumentum métallique. Ceux-ci permettent de considérer d’une part des rejets détritiques d’habitats (céramiques brisées en fond de fosses, outillage domestique…) et des témoins d’activités artisanales probablement liés à de la réduction et/ou du travail du fer.

    Malheureusement les structures liées à la production métallique n’ont pas été décelées lors de l’opération, bien que la présence de battitures et de scories suggère l’hypothèse d’activités de transformation du minerais de fer. Il faut insister sur le fait que ce site correspondrait alors à la plus ancienne trace d’activité métallurgique du fer connue au niveau régional.

    L’étude de l’industrie lithique en silex souligne la probabilité d’avoir au moins deux ensembles très distincts :

    – des silex issus des comblements des structures, qui présentent des caractéristiques expédientes et de l’outillage domestique ubiquiste

    – des silex de la nappe St. 13 (US 22) qui comportent de nombreux éléments attribuables au Néolithique.

    Cela conforte en premier lieu qu’il puisse y avoir un débitage et une production d’outils en silex à la fin du 1er âge du Fer. Sur un site où on suspecte par ailleurs une production métallique cela représente un unicum régional. Cette observation apporte aussi un indice chronologique sur la dynamique de mise en place des colluvions argileuses, probablement issues des buttes voisines, et sur la très probable érosion des sols et des sites néolithiques.

    Le rattachement de l’occupation enclose au Hallstatt final ou à la Tène ancienne s’intègre aux modèles mis en évidence dans la synthèse réalisée sur les nombreux sites de cette période en Champagne, synthèse qui a par ailleurs montré une forte densité des occupations protohistoriques dans la vallée de la Marne.

    Fig 1 : plan détaillé du nord-est de l’emprise et des structures (J. Desmeulles, F. Langry-François).

    Fig 2 : vue du fossé d’enclos ST11 (cliché R. Martineau).

    Fig 3 : vue du site depuis la fosse ST24 (cliché R. Martineau).

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